2.1. Construction d’une définition de la qualité de vie

La grande difficulté de la démarche consiste à ne pas partir d’un ensemble établi et incontestable de certitudes. La réflexion ne s’installe pas sur les voies conceptuelles, définitoires et méthodologiques tracées précédemment par d’autres. Elle s’inspire simplement des points d’avancement de la recherche en matière de qualité de vie pour construire une approche singulière du sujet. Les seuls éléments acquis sont ceux évoqués antérieurement sur la structure bi-polaire de la qualité de vie. L’essentiel de la connaissance doit alors être construite. La charpente de notre travail n’est pas immédiatement saisissable mais procède par agencement et association d’éléments structurants. La définition de la qualité de vie s’effectue donc par acquis successifs. La figure I.6. expose les différentes phases de construction nécessaires à la définition et à l’analyse de la qualité de vie.

Figure I.6. Les phases de construction d’une approche intégrée de la qualité de vie
Figure I.6. Les phases de construction d’une approche intégrée de la qualité de vie

© BARBARINO-SAULNIER Natalia, 2004.

Sans se limiter à l’approche subjective ou objective de la qualité de vie, il convient d’opter pour la complémentarité et l’enrichissement réciproque. C’est avec cette exigence que l’entreprise d’une construction intégrée a été menée. Partant de l'inéluctable nécessité de considérer les systèmes de valeurs des individus pour mieux comprendre et évaluer la qualité de vie, une approche subjective semble pertinente. La première phase de cette construction de définition repose donc sur une prise de contact directe avec les différents acteurs de la vie urbaine. Après avoir déterminé des interlocuteurs sensibles au thème de la qualité de vie, (cette identification des acteurs donne lieu à un développement particulier dans la partie suivante), la première phase de la construction d’une définition implique de cerner par sondage les besoins et les représentations du plus grand nombre. Le questionnement proposé ne porte pas sur la satisfaction elle-même mais sur les éléments qui génèrent la satisfaction. Le but de cette démarche est de connaître les critères nécessaires à la qualité de vie. C’est à partir de cette compréhension des systèmes de valeur que se construit une définition subjective de la qualité de vie. En sollicitant directement les acteurs sur leurs ressentis en matière de qualité de vie, l’enjeu est d’identifier une définition fonctionnelle mais occurrente de la notion de qualité de vie.

La deuxième phase de cette construction passe par une analyse critériologique. Il convient en effet d’analyser la cohérence globale des critères obtenus. Dans la mesure où la population interrogée est très hétéroclite, il apparaît nécessaire d’entreprendre un examen fin des résultats d’enquête. L’enjeu est d’identifier s’il existe un ensemble de priorités partagées à la fois par les membres des différents groupes d’acteurs et entre les groupes eux-mêmes. Cette analyse des systèmes de valeur permet ainsi de mettre en évidence un champ unique de critères ou au contraire une typologie actorielle d’indicateurs.

C’est de cette connaissance subjective que la définition de la qualité de vie puise sa substance. La démarche consiste, lors de la troisième phase de cette construction, à « objectiver » les acquis subjectifs. À l’issue de cette analyse critériologique, la proposition d’une définition fonctionnelle de la qualité de vie peut être faite. Les priorités et les perceptions de ceux qui ont un lien avec la ville, servent de base à la conception d’une approche objective et pragmatique de la notion de qualité de vie. L’objectivation de celle-ci repose ainsi sur l’analyse et la synthèse du système d’évaluation d’un certain nombre d’acteurs. Cette définition demeure donc conjoncturelle. Si celle-ci permet l’appréciation de la qualité de vie, elle ne demeure pas moins étroitement liée au contexte à la fois temporel et géographique. Il ne s’agit pas d’une définition générale de la qualité de vie mais d’une définition établie à un temps t à partir des jugements de valeurs des acteurs lyonnais. Il convient donc de ne pas négliger le caractère circonstanciel de cette construction pragmatique. Une démarche semblable menée à une autre période, dans un milieu différent aurait donné de tous autres résultats.

À l’issue de ces phases successives de construction, l’évaluation objective de la qualité de vie peut être menée. Respectant les orientations de recherches définies subjectivement, la récolte et le traitement de données à la fois statistique et géographique permettent de mettre en évidence les disparités spatiales de la qualité de vie. Le but est alors d’obtenir une représentation des zones de potentialités et de faiblesses des espaces de vie lyonnais. Cette analyse s’appuie sur un système de mesure qu’il convient à présent de définir.