2.2. Présentation du système de mesure

Le système retenu schématise les étapes nécessaires à l’évaluation de la qualité de vie. Il s’agit d’un système complémentaire et additionnel. Chaque phase se base sur des acquis antérieurs et participe au processus global d’appréciation de la qualité de vie. Le système s’enrichit lui même et permet, en continu, d’approfondir la connaissance des besoins et des aspirations des citadins tout en optimisant l’évaluation de la qualité de vie urbaine. La figure I.7. permet de comprendre les enchaînements, les contraintes et les interdépendances de ce système. La première étape du processus de mesure de la qualité de vie nécessite d’identifier les différents acteurs susceptibles d’être directement ou indirectement concernés par cette notion. La prise de contact avec ces acteurs doit permettre d’identifier les critères nécessaires à l’évaluation de la qualité de vie. Ce système suppose ensuite la collecte de données quantitatives ainsi que des traitements statistiques et géographiques appropriés. Cette étape suppose que les sources de données et les traitements informatiques soient adaptés aux représentations des acteurs. À l’issue de ce travail quantitatif, la qualité de vie peut être expertisée au travers d’une analyse géographique de l’information permettant la mise en évidence d’éventuelles disparités spatiales de la qualité de vie. Cette compréhension des phénomènes et la territorialisation des critères de qualité de vie peuvent enfin permettre de faire évoluer l’identification des acteurs urbains afin de compléter le panel des interlocuteurs nécessaires à l’enrichissement du système de mesure. Bien que ces étapes soient exclues de l’étude proposée, la mobilisation de ces connaissances peut permettre de mieux comprendre les besoins et les aspirations des citadins tout en prenant en considération leur évolution. Dans une perspective plus opérationnelle, ces connaissances peuvent également aider l’action publique dans le maintien et l’amélioration de la qualité de vie du plus grand nombre.

Figure I.7. Organisation et processus du système de mesure
Figure I.7. Organisation et processus du système de mesure

Au delà de l’image de la qualité de vie que cette analyse peut produire, cette évaluation permet de comprendre les besoins et les aspirations des différents acteurs et de saisir les éventuelles mutations en termes de représentations et d’exigences. L’identification des acteurs et leur prise de contact pourront ainsi évoluer dans le temps. Cette appréciation de la qualité de vie et cette compréhension des processus subjectifs pourront également orienter les stratégies et les actions politiques afin de préserver et de garantir une qualité de vie satisfaisante pour tous.

Ce système complexe prend en compte l’ensemble des processus de compréhension et de mesure de la qualité de vie. Il permet de mettre en place à la fois un outil de connaissance des besoins et des représentations urbaines, un outil de diagnostic objectif et quantitatif des conditions de vie, un outil de veille quant à la compréhension et à l’évolution des besoins et des aspirations des citadins. Il s’agit également d’un outil opérationnel pouvant orienter les programmes d’actions en faveur de l’amélioration de la qualité de vie du plus grand nombre, de la réduction des déséquilibres et des carences territoriales. Il met enfin à disposition un outil prospectif visant à anticiper ou prévoir les évolutions sociétales en termes de satisfaction, de mode de vie, de cadre de vie et donc de qualité de vie.

La figure présentée en amont retrace volontairement l’ensemble du système d’appréciation et de mesure de la qualité de vie. Cette vision globale des processus ne doit pas se confondre avec les éléments constitutifs de notre travail de recherche. Bien que notre étude s’inscrive dans une investigation fouillée de définition et d’évaluation de la qualité de vie, elle se cantonne à l’analyse, l’expertise, au diagnostic. Il convient évidemment d’expliquer en quoi cette méthode d’évaluation peut être utile aux orientations politiques d’aménagement du territoire, comment elle peut renseigner sur les aspirations citadines et positivement inspirer les choix et les actions afin d’optimiser la gestion urbaine. Loin de nier ou de négliger l’intérêt opérationnel d’une telle connaissance, il convient d’exposer les applications et les usages de cette méthode d’évaluation sans pour autant en faire un axe fondamental de notre travail. Les qualités et les applications de cette recherche méthodologique seront développées sous forme d’illustration au terme de notre étude.

Après avoir ancré les bases conceptuelles de la notion de qualité de vie et exposé notre démarche de construction du projet d’analyse et de mesure de celle-ci, il convient à présent d’expliciter les méthodes utilisées pour notre recherche. La deuxième partie axe son développement à la fois sur les méthodes de recherches sociologiques et les outils de recherches géographiques. La compréhension des réalités subjectives et l’étude des perceptions de la qualité de vie nécessitent des « modes de faire » et des instruments particuliers d’analyse. Les méthodes et les outils mobilisés pour la construction de notre objet de recherche nécessitent un développement spécifique.

Bien que notre problématique soit géographique, la construction de notre objet de recherche s’appuie au préalable sur une approche sociologique de la qualité de vie. Peu emprunt à la maîtrise des méthodes appliquées en sciences sociales, celles-ci ont fait l’objet d’une attention particulière afin de justifier au mieux nos choix. Après l’identification des acteurs intégrés au système d’évaluation de la qualité de vie, cette seconde partie décrit précisément le choix et l’élaboration des modes de questionnement et les outils de traitement de la connaissance sociologique.

Ce chapitre méthodologique permet de mieux comprendre les réalités sociales et fournit les fondements nécessaires à une approche sensée et pertinente de la qualité de vie. Cette seconde partie se propose ensuite d’exposer les principes méthodologiques de l’approche géographique de la qualité de vie et d’en discuter les territoires. Il convient, en effet, d’inscrire cette étude dans un cadre d’analyse pertinent et opératoire. L’enjeu est alors de trouver une approche territoriale capable de donner sens à cette analyse des disparités intra-urbaines de la qualité de vie. De l’inventaire des différents découpages envisagés à la construction d’un référentiel géographique spécifique, notre recherche heuristique de solution a été retracée.

À l’issue de cette approche spatiale de la qualité de vie, les méthodes à la fois géographies et statistiques de traitement et d’analyse sont exposées. Les modes de traitement de l’information et les systèmes de représentation géographique utilisés ont fait l’objet d’un développement particulier. Les précautions d’usages imposées par cette méthode de traitement et d’analyse de l’information ainsi que les limites qu’elle connaît sont enfin précisées.