2.2. Les acteurs professionnels

Compte tenu de la diversité des acteurs qui composent la sphère professionnelle, il semble judicieux de privilégier la qualité et l’approfondissement du questionnement au détriment, peut-être, de la quantité d’enquêtes réalisées. L’échantillonnage est, certes, marqué par une faiblesse quantitative mais il n’a pas la volonté de produire des résultats représentatifs pour chaque groupe d’acteurs. Chacun des interrogés s’exprime en son nom propre en fonction de son vécu, de son expérience et de ses fonctions. Il s’agit d’appréhender des perceptions personnelles à la fois nourries et filtrées par des pratiques professionnelles. Les propos restent individuels et n’engagent que leurs orateurs. Le but n’est pas d’avoir une vision parcellaire par « activité professionnelle » mais plutôt de porter à connaissance une perception partagée de la qualité de vie. La démarche consiste ainsi à recueillir les propos des acteurs sans les contraindre à une restitution générale ou leur imposer le rôle de porte-parole des professionnels auquel ils appartiennent.

La sphère des professionnels, telle qu’elle a été précédemment présentée, implique un mode d’échantillonnage par cas multiples de micro-unité professionnelle. Comme l’explique Alvavo P. PIRES122, ce mode d’échantillonnage permet deux types de questionnement : des entretiens avec plusieurs individus ou des « études collectives de cas ». L’approche par entretien est plus appropriée à notre démarche car elle permet l’approfondissement des connaissances sans tendre vers une comparaison, comme le font les études de cas, en confrontant par exemple des milieux sociaux différents. Notre démarche est autre. Elle s’inscrit dans des orientations de recherche visant à « appréhender et rendre compte des systèmes de valeurs, de normes, de représentations, de symboles propre à une culture ou à une sous-culture » 76 . Pour cela il est important d’identifier des acteurs, pas nécessairement exemplaire par leur action ou leur expérience, mais suffisamment impliqués dans la « culture » du groupe auquel ils appartiennent pour pouvoir la véhiculer. C’est un représentant de cette « culture » que nous cherchons et non la représentativité statistique d’un groupe.

Cette représentativité statistique ne s’impose donc pas comme un critère majeur de sélection, c’est au contraire la diversification de l’échantillon qui structure la démarche. L’échantillonnage par cas multiples permet de donner une « vision d’ensemble » ou encore un « portrait global » d’une question de recherche, « d’où l’idée de diversifier les cas de manière à inclure la plus grande variété possible, indépendamment de leur fréquence statistique ». Pour la constitution de notre échantillon, nous avons adopté le « principe de diversification externe » qui est basé sur une diversification inter-groupe :

‘« Il est surtout important de choisir des individus les plus divers possibles. (…) L’échantillon est donc constitué à partir des critères de diversification en fonction de variables qui, par hypothèse, sont stratégiques pour obtenir des exemples de la plus grande diversité possible des attitudes supposées à l’égard du thème de l’étude. »’

Dans le souci de restituer cette diversité des points de vue, nous avons constitué un échantillon par contraste. Celui-ci s’appuie sur l’identification du système d’acteurs précédemment exposé. Chacun des groupes professionnels jugés pertinents au regard de l’objet de recherche doit ainsi être « représenté » au sein de l’échantillon. Le contraste de l’échantillon est caractérisé par l’appartenance des acteurs à un des six milieux professionnels défini. Il convient à présent d’identifier avec précision et exhaustivité les acteurs de cet échantillon.

Pour construire notre échantillon d’acteurs, la seule exhaustivité que nous avons souhaitée s’explique par un souci d’équité politique. Chacun des neuf maires d’arrondissement a ainsi été sollicité pour participer à l’enquête. Comme le montre le tableau ci-après, tous les maires d’arrondissement n’ont pas personnellement répondu. Mais ceux qui n’ont pas jugé nécessaire ou qui ont été dans l’impossibilité de collaborer à ces travaux de recherche se sont tous fait représenter. Ainsi chacune des mairies d’arrondissement figure dans l’échantillon. Pour les autres groupes d’acteurs, le nombre d’interviewés a été limité à cinq par groupe. La taille de l’échantillon semble néanmoins pouvoir fournir des résultats bénéficiant d’une validité convenable.

Le choix des individus s’est donc effectué selon un certain nombre de critères croisés ou non :

Il est bien entendu que l’ensemble des acteurs qui répondait à un ou plusieurs de ces critères n’a pas été intégré à l’étude. De la même manière, ceux qui n’y figurent pas ne le doivent pas à un manque de notoriété, de légitimité ou de positionnement singulier. Il n’est pas envisageable d’intégrer l’ensemble de ceux qui aurait pu répondre à ces exigences. Il a donc fallu faire des choix, prendre en compte les disponibilités de chacun et l’exigence d’obtention de résultats rapides.

Tableau II.2. Liste des contacts professionnels
Types
d’acteurs
Noms Fonctions Organismes  
Les acteurs
politiques
Pierrette Augier Maire Mairie du 9ème arrondissement  
Françoise Besnard Adjointe Mairie du 1er arrondissement  
Dominique Bolliet Maire Maire du 4ème arrondissement  
Denis Broliquier Maire Maire du 2ème arrondissement  
Nicole Chevassus Maire Maire du 6ème arrondissement  
Alain Devornique Directeur de cabinet Maire du 8ème arrondissement  
Jean-Pierre Flaconnèche Maire Maire du 7ème arrondissement  
Serges Gomes Adjoint Maire du 3ème arrondissement  
André Pelletier Directeur de cabinet Maire du 5ème arrondissement  
Les acteurs
de la maîtrise d’ouvrage
Jean-Louis Azéma Directeur du Service des espaces publics Grand Lyon  
Odile Charvin Directrice du Service Urbanisme opérationnel Grand Lyon  
Dominique Prat Directeur de
l’aménagement urbain
Ville de Lyon  
Michel Rouge Responsable de la
Mission habitat
Grand Lyon  
Michel Soulier Responsable territorial de Développement du Secteur Centre Grand Lyon  
Types
d’acteurs
Nom Fonction Organisme
Les acteurs opérationnels
Jean-Louis Debauge Directeur SERL
Joseph Ilardo Président directeur
général
Régies Vendôme – Vendôme Syndic
Jean-François Marotte Président Cogedim-Ric
Guy Pasquier Délégué régional Foncier Conseil
Alain Vallet Responsable de développement OPAC du Rhône – Pôle patrimoine et développement
Les experts
et techniciens
François Brégnac Directeur général
adjoint
Agence d’urbanisme pour le développement de l’agglomération lyonnaise
Philippe Duval Directeur Agence locale de l’énergie de l’agglomération lyonnaise
Catherine Furet Architecte conseil Ville de Lyon
Didier Larue Paysagiste Agence Didier Larue
Guy Vanderaa Architecte urbaniste Guy Vanderaa architecte
Les acteurs associatifs
Cécile Chetail Présidente Fédération des associations des commerçants des axes Jean Jaurès
Denis Eyraud Président Union des comités d’intérêts locaux
Claude Jacquaz Président Droits du piéton
Georges Pithioud Président Lyon vélo
Paul Scherrer Président Comité d’intérêts locaux – Centre presqu’île
Les acteurs scientifiques
Chantal Berdier Maître de conférences INSA – Génie civil et urbanisme, équipe Développement urbain
Marc Bonneville Directeur Institut d’urbanisme de Lyon
Viviane Claude Professeur d’université Institut d’urbanisme de Lyon
Yves Grafmeyer Socioloque – Vice-président chargé de la recherche Université Lumière Lyon 2
Christine Zanin Maître de conférences en géographie Université Lumière Lyon 2

© BARBARINO-SAULNIER Natalia, 2004.

Notre échantillon d’acteurs se structure donc autour de ces trente-quatre contacts professionnels. Chacun de ces individus a été contacté pour apporter sa contribution à cette étude. Pour cela, les professionnels ont individuellement été soumis à un entretien semi-directif suivis de l’administration d’un questionnaire. Nous avons choisi de compléter l’approfondissement des connaissances qualitatives mobilisables par entretien, par une approche quantifiable issue d’un questionnement plus fermé et directif afin de tendre vers une comparabilité des résultats entre la sphère des professionnels et celle des habitants. Cette étude permet l’identification des besoins et des attentes en matière de qualité de vie mais vise également la mise en évidence des singularités et des distorsions entre les perceptions professionnelles et celles des habitants. Il est donc nécessaire d’avoir un socle compatible et comparable de travail. Il convient, à présent, de poursuivre la présentation des acteurs en précisant la manière dont la population a été intégrée à notre recherche.

Notes
76.

MICHELAT G., 1975, cité par PIRES A., 1997, La recherche qualitative. Enjeux épistémologiques et méthodologiques. Montréal, Gaëtan Morin Editeur, 405 pages.