2. Les territoires de la qualité de vie : du territoire au référentiel

Lorsque l’objet d’étude s’éloigne de l’analyse des conditions de vie nationales ou de l’étude de la qualité de vie à l’échelle d’une ville au profit d’une analyse intra-urbaine, il faut trouver un cadre spatial approprié et légitime. C’est un espace de proximité capable de saisir la réalité du « local » qui est cherché. La qualité de vie intra-urbaine ne peut, en effet, s’évaluer qu’à travers des unités de vie spécifiques où s’associent des usages, des pratiques, voire des sentiments. Cet espace doit être suffisamment réduit pour que la connaissance et la reconnaissance des lieux puissent engendrer des sentiments d’appartenance et d’appropriation. Cette promiscuité, entretenue par des relations familières entre l’homme et son environnement, génère une véritable « intimité spatiale » qu’il convient de prendre en compte dans l’appréciation de la qualité de vie. C’est pourquoi les unités trop grandes, où de tels liens ne peuvent voir le jour faute de cohérence, de proximité ou d’homogénéité, semblent inadaptées à notre problématique.

La qualité de vie intra-urbaine prend tout son sens et sa réalité dans l’espace réduit du quotidien. Le quartier symbolise cette entité où le citadin évolue dans un univers restreint et connu. L’étude intra-urbaine prend toute sa signification lorsqu’il s’agit de différencier des entités où les habitants vivent leur quotidien et tissent avec leur environnement des relations de proximité. Seulement, la notion de quartier reste difficilement saisissable. Elle fait référence à des espaces aux contours flous et à des géométries variables qui sont le résultat d’approches et de découpages spatiaux différenciés qu’il convient de préciser. Pour appréhender cette notion de qualité de vie au quotidien, il nous faut construire un « modèle territorial », une sorte d’abstraction du territoire du quotidien capable de contenir toute la diversité de notre problématique. Le produit de cette élaboration qui suppose la clarification et la simplification du territoire en un référentiel exploitable et généralisable doit servir de support à notre démarche d’évaluation. La construction d’une représentation simplifiée, abstraire et « universelle » de l’espace doit ainsi permettre de donner corps à un diagnostic pertinent et sensé.