2.3. Le système de référence du bâti et son unité de voisinage : vers l’optimisation de l’analyse urbaine

Afin d’intégrer ces deux contraintes a priori contradictoires d’unicité du référentiel et de variabilité du territoire vécu en lien avec la problématique de la qualité de vie quotidienne, nous avons orienté notre choix sur le référentiel unique de la couche « bâti » du cadastre. Cette source d’information est issue du Système Urbain de Référence (S.U.R.) de la Communauté Urbaine de Lyon et mise à disposition par le Grand Lyon. Le noyau dur identifié de notre étude est celui du lieu de vie : nous avons ainsi choisi de le représenter par l’objet « bâti cadastral ». Celui-ci met à disposition une représentation cartographique très précise du cœur du territoire vécu : il fait directement référence à l’unité sociale de base de notre recherche : l’individu et son foyer. Symbole du lieu intime par excellence, approprié totalement et exclusivement, l’espace bâti est le plus petit dénominateur commun pour l’expression territoriale de chacun des thèmes de l’analyse spatiale de la qualité de vie quotidienne. Dans la mesure où il s’agit d’évaluer les potentialités et les carences du cadre de vie, il n’a pas été jugé nécessaire de descendre à une échelle plus fine d’analyse qui aurait pu être l’unité du logement. La prise en compte du logement, mise à part ses qualités intrinsèques, ne modifie en rien la qualité des cadres de vie qui les entourent.

Figure II.10. Référentiel d’étude : l’objet « bâti cadastral »
Figure II.10. Référentiel d’étude : l’objet « bâti cadastral »

Source : Système Urbain de Référence – Grand Lyon
Origine Cadastre – Droits de l’Etat réservés
Origine Communautaire Urbaine de Lyon – Droits réservés

Beaucoup trop petit, le bâti cadastral ne peut cependant pas être considéré comme un référentiel suffisant pour l’évaluation de la qualité de vie. Le logis correspond au cœur du territoire vécu mais il ne s’agit pas d’analyser les propriétés de l’espace qu’il délimite mais bien d’évaluer le territoire dont l’habitant fait l’usage autour de son logis à travers son mode de vie. Jugé trop réduit pour apprécier la qualité des cadres de vie, nous avons tenu à étendre notre référentiel d’étude. Cette nécessité induit la construction d’une unité de voisinage pour compléter la représentation du territoire à partir du référentiel bâti. L’utilisation de cette unité de voisinage permet d’optimiser notre échelle d’analyse car elle offre la possibilité de rapporter au bâti des critères d’évaluation mobilisables sur un voisinage variable en fonction des thèmes étudiés.

Figure II.11. Référentiel bâti et son unité de voisinage
Figure II.11. Référentiel bâti et son unité de voisinage

Source : Système Urbain de Référence – Grand Lyon

Le traitement au voisinage est une méthode d’analyse spatiale simple à mettre en œuvre qui consiste à évaluer une propriété du territoire dans un rayon défini autour d’un objet de référence (le bâti cadastral) et d’affecter à cet objet la valeur résultant du traitement. Il peut s’agir de comptages, de cumuls, de moyennes, de densités… Le résultat se lit sous la forme : « quantités mesurées dans un rayon de n mètres au voisinage de l’objet de référence ».

Ce système de référence combiné autour du bâti cadastral et de son unité de voisinage permet l’utilisation d’un outil d’analyse urbaine performant disposant de nombreux avantages. Dans un premier temps, la source cadastrale met à disposition une couche d’informations parfaitement homogène, cohérente et régulièrement mise à jour sur l’ensemble du territoire d’étude, à savoir celui de la ville de Lyon. Avant même d’entreprendre l’étude proprement dite de la qualité de vie, ce système de référence peut être valorisé afin d’optimiser la connaissance du tissu urbain. L’usage de cette source cadastrale permet ainsi d’améliorer l’information disponible par une estimation de la volumétrie de chaque bâti ainsi que leur distinction en bâtis habités ou non.

L’estimation de la volumétrie a été obtenue par croisement de mesures d’altitudes de faîtages et d’altitudes au sol après interpolation de ces dernières. Comme l’illustre la figure II.12., nous avons distingué le bâti habité à partir du croisement de différentes sources telles que les données du Recensement de la Population de 1999 à l’îlot, les zonages du Plan d’Occupation des Sols, la localisation des grands équipements et infrastructures (bâtiments administratifs, hôpitaux ou établissements scolaires,…), les lieux de rupture urbaine (cimetières, parking,…) ou les données du fichier SIRENE. Cette estimation a donné lieu à une vérification à « dire d’expert », à des tests par échantillonnage et à des confrontations d’adresses avec le fichier des abonnés au téléphone.

Figure II.12. Distinction entre bâtis habités et non habités
Figure II.12. Distinction entre bâtis habités et non habités

© BARBARINO-SAULNIER Natalia, 2004.

L’intégration de ces deux informations au référentiel bâti est capitale. Cette valorisation permet d’affiner les résultats du RP-99 à l’îlot car elle rend possible l’affectation d’une valeur estimée des variables du recensement à chaque bâtiment habité. Les valeurs obtenues au bâti ne sont bien évidement que des estimations. La prise en compte de la volumétrie et du caractère habité ou non des bâtiments permet cependant d’affiner la vision intra-ilôts, la connaissance et la compréhension du territoire et permet de disposer d’une somme considérable d’informations contextuelles.

Ce choix induit à la fois l’unicité du système de référence et l’adaptation à la variabilité de chaque thème abordé pour l’évaluation de la qualité vie. Le référentiel bâti permet de croiser des données statistiques et des données concernant la gestion locale du cadre de vie tout en offrant la possibilité de mener des analyses multicritères. Il permet, de plus, une représentation cartographique de lecture facile où la structure urbaine est parfaitement lisible et conservée. L’utilisation de ce système de référence permet de traiter des données à la fois ponctuelles, linéaires et surfaciques. Elle ne se limite donc pas à l’analyse de données simples mais permet au contraire de développer et d’affiner des modes complexes d’analyse urbaine. Cette méthode nécessite néanmoins une source de données brute soigneusement renseignée et localisée.

Après avoir évoqué le concept de quartier et tenté de trouver dans cette délimitation territoriale une échelle d’analyse adaptée à notre problématique, nous avons retracé le cheminement de nos recherches et exposé nos points d’avancement quant aux réflexions intra-urbaines. La recherche heuristique d’un territoire d’étude pouvant répondre aux exigences scientifiques de la problématique de la qualité de vie tout en prenant en compte les contraintes géographiques et statistiques de l’analyse urbaine a permis de tester différentes échelles de travail. Jugées inadaptées, ces expérimentations nous ont conduit à la construction d’un territoire spécifique matérialisé par le bâti et son unité de voisinage. La qualité vie ayant trouvé un ancrage territorial adéquat et satisfaisant, il s’agit à présent d’entrer davantage dans les rouages techniques pour préciser les outils nécessaires à notre travail, les modes de traitement employés et la démarche cartographique utilisée pour dresser le diagnostic de la qualité de vie quotidienne.