3.2. Analyse multicritère : des approches pour une recomposition de la qualité de vie

L’aboutissement de la démarche est d’obtenir une carte de synthèse correspondant à la recomposition complète du complexe de la qualité de vie à partir de ses composantes évaluées séparément lors de la phase précédente. Il convient cependant de s’assurer que cet objectif ne soit pas trop ambitieux, réducteur ou susceptible de nuire à la richesse voire à la validité du diagnostic. Plusieurs approches doivent donc être proposées, testées et sans doute combinées pour obtenir un diagnostic à la fois synthétique et fidèle de la complexité du phénomène observé. Ces phases d’expérimentation seront développées en cinquième partie de ce travail mais nous pouvons d’ores et déjà préciser quelques orientations de recomposition de cette notion de qualité de vie.

Tout d’abord, il existe différentes manières de recomposer le complexe de la qualité de vie. Il est dans un premier temps possible de considérer tous les critères sur un même plan ou considérer qu’ils peuvent se regrouper pour former de grands thèmes. Ainsi, l’accidentologie et l’accessibilité aux transports en commun peuvent, par exemple, composer le « thème transport ». De même, il est envisageable de regrouper la pollution atmosphérique, le bruit lié à la circulation automobile et les fréquences de nettoiement des rues au sein d’un « thème environnement ». Cette démarche est séduisante puisqu’elle permettrait, par une étape intermédiaire, d’obtenir une vision de la qualité de vie en quelques axes de synthèse. Cependant, elle entre en complète contradiction avec la démarche développée jusqu’ici qui impose de se limiter strictement à la perception des acteurs urbains, sans tenter d’injecter, a priori, des éléments « externes » issus de la pratique professionnelle ou du monde de l’expertise urbaine. Ainsi, les espaces verts pourraient à la fois être intégré au « thème environnement » ou au « thème espaces publics ».

Dans la démarche qui est la nôtre, seule le recours à l’enquête pourrait nous permettre de répondre à cette question, pour valider les regroupements thématiques effectués. Sans compter que cette démarche d’assemblage doit comporter une phase nécessaire d’éclaircissement sémantique pour donner un sens et une perception partagée de ce que pourrait être chacun des grands thèmes évoqués. Parler du « thème environnement », par exemple, implique nécessairement de s’interroger sur ce qu’il recouvre : qu’évoque l’appellation technique du « thème environnement » pour les individus, à quels critères font-ils réellement référence ? Toutes ces questions sont autant d’éléments qu’il convient de préalablement résoudre pour pouvoir entreprendre une démarche légitime et validée de regroupement thématique strict.

À l’autre extrémité des possibilités méthodologiques, il est possible de considérer que seule une analyse statistique multicritère, prenant en compte de manière neutre et non hiérarchisée l’ensemble des indicateurs, permettrait d’obtenir une vision objective de la qualité de vie. La recomposition du système complexe de la qualité de vie doit être expérimentée. La cinquième partie de ce travail sera par conséquent vouée à ces nouvelles pistes de développement.

À l’issue des considérations méthodologiques des approches à la fois sociologique et géographique de cette notion de qualité de vie, il convient de donner corps et réalité à cette méthode d’évaluation. Il est en effet indispensable de fournir à présent les résultats d’enquêtes menées à la fois auprès des professionnels et des habitants. Ce regard croisé porté sur la qualité de vie quotidienne permet ainsi de donner des éléments de cadrage de la notion de qualité de vie et d’en construire une définition contextuelle. Ces résultats de sondage mettent à disposition de l’analyste des critères subjectifs d’évaluation de la qualité de vie quotidienne qui doivent nécessairement être discutés, décomposés, pour constituer les bases quantitatives du diagnostic urbain. Il convient ainsi, en s’appuyant sur une connaissance subjective des représentations individuelles, d’identifier les critères pour une évaluation objective de la qualité de vie lyonnaise.