TROISIEME PARTIE. RESULTATS D’ENQUÊTE : REGARDS CROISES SUR LA QUALITE DE VIE QUOTIDIENNE LYONNAISE

La prise de contact directe avec, à la fois les acteurs professionnels et les habitants, permet de mieux cerner les perceptions de la qualité de vie. Les entretiens semi-directifs soumis aux trente-quatre acteurs professionnels ainsi que l’enquête par questionnaire proposée aux professionnels et aux 303 habitants mettent à notre disposition des connaissances riches, capables d’éclairer notre problématique. L’objet du questionnement n’est pas une étude de satisfaction mais se propose de cerner les représentations de la notion de qualité de vie et les critères nécessaires à sa mesure. L’hétérogénéité des cibles d’enquête a nécessité des modes de questionnement spécifiques et induit par conséquent des modes de traitement particuliers.

La nature des connaissances obtenues, à la fois qualitative et quantitative, implique des traitements et des analyses différentes. Les comptes-rendus d’entretiens professionnels donnent lieu à une analyse discursive minutieuse basée sur l’identification de champs linguistiques et le regroupement lexical, alors que les questionnaires permettent un traitement plus quantitatif des réponses. Nous avons ainsi jugé nécessaire de décomposer le matériau obtenu pour procéder à des analyses séquentielles puis transversales. L’analyse discursive des entretiens professionnels suivie du traitement quantitatif des trente-quatre questionnaires met en évidence la spécificité des perceptions professionnelles. L’enquête menée auprès des habitants a tout d’abord donné lieu à une approche territoriale des résultats. Les trois quartiers d’étude, Centre Croix-Rousse, Montchat-Chambovet et le Plateau de la Duchère, ont ainsi fait l’objet d’un développement spécifique. Celui-ci a permis de cerner les besoins et les attentes des citadins et de caractériser chacune des entités géographiques.

L’examen des résultats d’enquête ne s’effectue donc pas de façon globale mais procède par unité territoriale, chaque quartier mettant en évidence ses propres critères de qualité de vie. L’exercice a ensuite consisté à croiser les perceptions des trois groupes d’habitants interrogés pour déterminer les perceptions et les critères consensuels de la qualité de vie. Cette synthèse a ensuite été comparée à la perception des professionnels pour donner naissance à une connaissance transversale et partagée de la qualité de vie. Cette mise en correspondance des résultats d’enquête fournit une vision transversale de la notion et des critères d’évaluation de la qualité de vie quotidienne. Cette approche subjective correspond ainsi à la phase préalable de préparation du diagnostic urbain de la qualité de vie quotidienne. Ces fondements restent certes marqués par une empreinte à la fois territoriale et temporaire mais ils sont validés par des représentations sociales et légitimés par un consentement et une approbation collective.

Cette troisième partie se propose alors de rendre compte des différents regards portés sur cette notion de qualité de vie quotidienne. Le premier chapitre se base sur la spécificité des perceptions des professionnels et des représentations citadines. L’analyse discursive des entretiens professionnels permet ainsi de formaliser les interrogations et les craintes que soulève la problématique de la qualité de vie et l’ambition de son évaluation. Les professionnels soulignent les conditions nécessaires et préalables à la mesure de la qualité de vie. L’analyse de leurs perceptions permet également de mettre en évidence les différents univers de référence de la qualité de vie. L’interprétation des us et coutumes des habitants permet de mieux comprendre leur rapport à l’espace et par là même de mieux saisir leurs attentes et leurs aspirations. Riches de cette diversité des approches, nous pourrons préciser l’importance que chacun accorde à la qualité de vie et identifier les priorités essentielles pour son maintien ou son amélioration. Ces données de cadrage, au-delà d’une représentation générale de la notion, donne la possibilité de proposer « une » interprétation de la qualité de vie. En structurant les axes consensuels qui donnent sens à la qualité de vie quotidienne et en identifiant les nuisances qui lui sont corrélées, nous tenterons de proposer une définition subjective de cette notion.

Le second chapitre concerne l’analyse des critères perçus comme essentiels à la mesure de la qualité de vie quotidienne. Il s’agit dans un premier temps de développer les critères communs à l’ensemble des individus interrogés puis de se pencher sur l’analyse des spécificités voire des divergences de perception de la qualité de vie. Les critères subjectifs d’appréciation de la qualité de vie quotidienne sont ainsi développés de manière thématique. En suivant l’architecture du questionnaire, nous détaillerons les thèmes de l’habitat, des transports et déplacements, des commerces et services, des équipements publics, des espaces publics, de l’environnement et de l’ambiance de vie afin de saisir les enjeux de l’évaluation de la qualité de vie. L’étude des différences de représentation entre les habitants et les professionnels doit faire l’objet d’une attention particulière. Le consensus qui règne visiblement autour de certain critères d’évaluation de la qualité de vie ne doit pas faire oublier les particularités perceptuelles qui viennent enrichir notre compréhension. Qu’il s’agisse d’une différence de niveau de langage, de sensibilités spécifiques ou de véritable distorsion de la perception, cette approche permet d’appréhender la qualité de vie en fonction du positionnement de chacun.

Le troisième chapitre se propose « d’objectiver le subjectif ». L’enjeu est alors, au regard des contraintes à la fois statistique et géographique de notre étude, de transformer la perception subjective des individus interrogés en critères objectifs d’évaluation. Les priorités et les perceptions de ceux qui pensent, conçoivent, décident et vivent la ville permettent de construire une approche objective et pragmatique de cette notion de qualité de vie. Cette recherche critériologique basée sur la transcription de connaissances subjectives en matériaux mesurables permet de donner corps à l’évaluation quantitative de la qualité de vie quotidienne et donc au diagnostic urbain.