1.2. Les univers de référence de la qualité de vie

Lorsque les acteurs professionnels appréhendent la qualité de vie, elle est directement et instinctivement associée à la notion de proximité, de voisinage, d’environnement immédiat. Grâce à l’analyse discursive des entretiens professionnels et aux croisements des représentations de chacun, la notion de qualité de vie semble s’articuler autour de deux aspects fondamentaux que sont la dimension individuelle et la dimension collective. Ainsi, « pour que la qualité de vie existe, il faut que la ville puisse accueillir le projet personnel et le projet collectif ». C’est dans cette notion d’accomplissement individuel au sein du projet collectif que la qualité de vie semble prendre naissance. Pour ce faire, trois sphères sont mises en évidence, chacune d’entre elle devant répondre à des logiques et des exigences particulières.

Figure III.1. Perception des univers de référence de la qualité de vie
Figure III.1. Perception des univers de référence de la qualité de vie

© BARBARINO-SAULNIER Natalia, 2004.

L’examen des discours professionnels permet d’évoquer une qualité de vie multidimensionnelle, construite subjectivement à partir de trois échelles de la vie à la fois individuelle et collective. La qualité de vie est ainsi perçue à travers trois univers de référence complémentaires mais non compensatoires. Elle semble, dans un premier temps, dépendre de la qualité de l’espace intime du logement. Pour parler de qualité de vie, l’individu doit avoir accès au confort en termes d’espace, d’isolation, d’exposition, d’ensoleillement. Cet espace de vie restreint doit être adapté aux attentes de chacun et aménagé en fonction des besoins de la cellule familiale. C’est pourquoi il doit répondre à des critères objectifs (taille, exposition,…) ainsi qu’à des critères qualitatifs d’agrément plus spécifiques et individuels.

La qualité de vie dépend ensuite du rapport qu’entretient ce logement avec son environnement immédiat. Il convient en effet que ce logement soit convenablement intégré à un milieu riche, agréable, et fonctionnel. Le cadre de vie urbain doit ainsi répondre à des qualités esthétiques (qualité architecturale, intégration urbaine, qualité des matériaux de construction, soin porté à l’espace public, …) tout en étant le moins nuisible possible (pollution sonore, pollution atmosphérique, pollution visuelle, pollution olfactive…). L’espace urbain doit de plus répondre à des exigences fonctionnelles. Aux qualités morphologiques et environnementales se juxtapose la nécessité de répondre aux besoins du quotidien en termes de disponibilité commerciale, d’accès aux services et aux espaces verts, de facilité de déplacement. La perception de la qualité des cadres de vie passe ainsi par sa capacité à répondre et à satisfaire les pratiques et les usages du plus grand nombre. Le cadre de vie doit ainsi être l’agréable support des pratiques quotidiennes. « Pour qu’il y ait qualité de vie, il faut que la ville soit belle et qu’elle fonctionne », (entretien de F. BREGNAC, Directeur de l’Agence d’urbanisme pour le développement de l’agglomération lyonnaise). La qualité de vie semble donc dépendre de l’harmonisation, de la beauté et de la fonctionnalité des territoires qui doivent s’organiser dans le respect de l’équilibre entre commodités et nuisances.

L’univers social s’impose enfin comme une composante essentielle de la qualité de vie. L’attachement au quartier, le lien affectif qui subsiste entre l’habitant et son milieu, le sentiment d’appartenance qui résulte de cette relation, la convivialité qui peut naître des relations de voisinage sont des éléments perçus comme des conditions nécessaires à la qualité de vie. La richesse et la qualité de cet environnement social participent au façonnement d’« ambiances sociales » à la fois déterminantes et essentielles à la qualité de vie quotidienne.

À l’issue de l’analyse discursive des entretiens professionnels, la qualité de vie dépend donc de la capacité offerte à chacun de pouvoir vivre en concordance avec son logement, dans un cadre de vie agréable et fonctionnel, en harmonie avec l’environnement social qui le compose.