1.7. L’ambiance de vie

Afin d’élargir le champ d’expression des individus interrogés, nous avons enfin jugé nécessaire de rompre avec un questionnement thématique. Pour permettre aux interviewés de s’exprimer de manière plus libre et transversale, nous les avons ainsi questionnés sur les différentes caractéristiques qui permettent de définir un quartier où il fait bon vivre. L’exercice proposé consiste ainsi à identifier les trois qualités nécessaires à un bassin de vie pour être agréable à vivre. Pour ce faire, nous avons évoqué le caractère résidentiel des quartiers, la présence de commerces, la variété des fonctions urbaines, l’animation diurne et nocturne, la spécificité touristique des quartiers, la convivialité, le calme, la beauté architecturale, la diversité sociale et culturelle, la tranquillité,…

L’analyse des réponses obtenues permet d’identifier un nombre réduit de critères consensuels jugés nécessaires au « bon vivre ». Comme l’illustre le graphique suivant, bien que difficilement hiérarchisables entre eux, cette analyse perceptuelle permet néanmoins de déterminer les éléments jugés constitutifs de la qualité de vie quotidienne et partagés par l’ensemble des individus interrogés.

© BARBARINO-SAULNIER Natalia, 2004.

La convivialité, le calme, la présence de commerces et la tranquillité semblent définir un quartier agréable à vivre. La convivialité participe tout d’abord massivement à l’agrément des quartiers d’habitation. En effet, 61% des acteurs professionnels, 42% des habitants de Centre Croix-Rousse, 29% des résidants de Montchat-Chambovet et 25% des répondants du Plateau de la Duchère considèrent que les rapports positifs que peuvent entretenir les habitants d’un même quartier structurent considérablement la vie sociale des individus et par la même participent à l’attrait et l’harmonie des espaces de vie.

Le calme des quartiers est jugé fondamental par 66% des habitants de Centre Croix-Rousse puis plus modestement par 36% des habitants de Montchat-Chambovet, 23% des interviewés du Plateau de la Duchère et 15% des acteurs professionnels. Cette absence d’agitation, de troubles et de bruit participe considérablement à l’agrément et au sentiment de paix jugés caractéristiques des espaces où il fait bon vivre.

Plus constante dans les systèmes de représentation, la présence de commerces s’impose comme une nécessité pour 42% des habitants de Montchat-Chambovet, 35% des interrogés de Centre Croix-Rousse, 32% des résidants du Plateau de la Duchère et 30% des professionnels.

La tranquillité, identifiée par 43% des résidants de Centre Croix-Rousse, 33% des acteurs professionnels, 26% des habitants de Montchat-Chambovet et 16% des interrogés du Plateau de la Duchère, apparaît ensuite comme un élément contributif à la qualité et l’agrément des quartiers.

Au regard de ces éléments de réponse, il apparaît clairement que « l’agréabilité » des espaces de vie, la qualité des ambiances qui les caractérise et le sentiment de bien-être qu’ils peuvent générer dépendent à la fois des fonctionnalités du territoire résidentiel (potentialités commerciales des quartiers), de la qualité environnementale des cadres de vie (qualité de l’environnement acoustique), de la qualité des ambiances urbaines (calme et tranquillité) et des qualités de l’univers social et des relations de voisinage. Il convient également de préciser la différenciation perceptuelle qui caractérise les notions de tranquillité et de calme. La tranquillité semble surtout, dans la perception de ceux qui l’évoquent, liée à l’état de quiétude, de sérénité et de stabilité procuré par le sentiment de sécurité alors que le calme s’apparente davantage à la qualité des ambiances sonores et à l’absence de nuisances sonores.

Cette perception des ambiances de vie et la diversité des caractéristiques qui les définissent témoignent de la complexité des éléments qui participent à l’agrément des espaces de vie, qui façonnent le « bon vivre » des quartiers et conditionnent ainsi le sentiment de bien-être des habitants. Cette perception se construit en effet à travers les caractéristiques matérielles de la vie quotidienne, le ressenti des individus et les éléments subjectifs de représentations.

Après avoir identifié l’ensemble des perceptions consensuelles qui structurent la notion de qualité de vie quotidienne, il semble à présent nécessaire de poursuive notre analyse par la présentation des particularités perceptuelles. Le consensus qui règne visiblement autour des représentations de la qualité de vie au quotidien et des éléments jugés nécessaires à son évaluation ne doivent pas faire oublier les perceptions spécifiques voire les divergences qui peuvent subsister. L’analyse de la discordance renseigne ainsi considérablement sur les représentations des uns, les attentes des autres et les contradictions d’usages plus prégnantes. Cette approche des spécificités perceptuelles permet alors de compléter et de parfaire l’image de la qualité de vie quotidienne lyonnaise.