CHAPITRE III. Du subjectif a l’objectif ou comment de la perception nait le critère d’évaluation

La démarche qui s’impose maintenant à nous est d’organiser au mieux le passage du subjectif à l’objectif. L’enjeu est alors de s’appuyer sur les éléments perçus comme importants pour la qualité de vie quotidienne et jugés nécessaires à sa mesure pour donner corps à de véritables critères objectifs d’évaluation. Objectiver le subjectif sous entend des choix qu’il nous faut légitimer et implique également d’abandonner un certain nombre de références qu’il convient d’expliquer. La richesse des perceptions recueillies permet une vision globale de la notion de qualité de vie dans la mesure où elle restitue l’ensemble des systèmes d’appréciation et de valeur des individus interrogés. Cependant la totalité de ce matériau ne peut être exploitable lors du diagnostic objectif de la qualité de vie quotidienne. Il apparaît clairement d’une part, que tout n’est pas quantifiable et d’autre part, que toute quantification n’est pas satisfaisante. Il convient ainsi dans ce troisième chapitre de s’interroger sur la cohérence des choix possibles, sur la validité des orientations prises et de discuter des atouts et des limites de cette transformation de la perception en critère d’évaluation.

Il s’agit dans un premier temps d’expliciter les exigences et les contraintes dans lesquelles s’inscrit la transformation de la connaissance subjective et perceptuelle en critère objectif. Il convient ainsi d’énoncer les règles qui encadrent les choix et les arbitrages rendus nécessaires à la poursuite de notre démarche. Entre faisabilité, simplification, modélisation et disponibilité de la donnée, il s’agit de trouver une voie pour construire des critères d’évaluation. Celle-ci doit préalablement s’appuyer sur les axes consensuels de la qualité de vie quotidienne qu’il est ensuite indispensable de synthétiser.

Dans un second temps, il est essentiel de préciser, élément par élément, les possibilités d’une traduction quantitative des perceptions citadines de la qualité de vie quotidienne. Cette méthode heuristique qui consiste à partager les champs du possible et discuter de la faisabilité de cette construction, permet de faciliter la compréhension des orientations prises et d’en assurer la validité.

La dernière partie de ce troisième chapitre se propose de porter un regard critique sur l’ensemble des critères de mesure de la qualité de vie obtenus pour en préciser les atouts et les limites. Il s’agit également de confronter ces critères aux connaissances à la fois scientifiques et professionnelles d’ores et déjà mobilisées sur le sujet. Il convient enfin de formuler quelques précautions d’usage et de replacer cette réflexion critériologique dans un contexte plus vaste d’analyse urbaine.