1.2. Des axes consensuels d’évaluation de la qualité de vie quotidienne des lyonnais

Grâce à l’analyse transversale de l’ensemble des résultats d’enquête, il devient possible de dresser le bilan perceptuel des critères d’évaluation de la qualité de vie quotidienne. Notre approche, pour mesurer la qualité de vie des lyonnais, ne considère en effet que les éléments nés d’un consensus réel. Cette démarche de sélection symbolise la première étape d’intervention sur le matériel subjectif. Il ne s’agit pas d’axer le diagnostic urbain sur l’ensemble des caractéristiques suggérées mais uniquement sur celles qui ont été évoquées massivement et de manière constante quelque soit le profil des interviewés. Cette désignation est rendue nécessaire par la volonté d’asseoir la mesure sur des références partagées. Il s’agit en effet d’apprécier la qualité de vie en fonction de critères ayant du sens pour le plus grand nombre. Ce choix se pose donc sur les caractéristiques emblématiques de la conscience collective.

En considérant initialement les perceptions individuelles pour envisager la construction d’une vision collective de la qualité de vie quotidienne, notre approche continue de s’inscrire dans les fondements de l’individualisme méthodologique. Ce sont dans les singularités et les complexités individuelles que nous cherchons les clefs d’une compréhension plus globale et générale des phénomènes sociaux. Il s’agit donc de « modéliser » les perceptions individuelles en s’appuyant sur la synthèse de la connaissance des significations subjectives des représentations individuelles telles qu’elles transparaissent dans leurs discours. Face à la multitude des cas de figures, le processus indispensable de simplification propose le produit agrégé de ces perceptions particulières. Il s’agit alors de construire une représentation simplifiée et abstraite de la qualité de vie quotidienne à partir des régularités de représentations individuelles. L’élaboration de cette simplification et de cette abstraction donne donc naissance à un modèle de mesure partagé de la qualité de vie quotidienne.

Comme l’illustre la figure III.3., l’ensemble des critères d’évaluation de la qualité de vie quotidienne, subjectivement identifiés par les individus, peuvent se structurer de la manière suivante. Dans le domaine des transports et des déplacements, la qualité de vie quotidienne semble dépendre d’un certain nombre d’éléments. La proximité des stations de métro et des arrêts de bus participent à l’agrément du quotidien. L’incidence de la proximité des arrêts de tramway a été jugée plus relative. La sécurité du piéton s’est également imposée comme un critère fondamental pour l’évaluation de la qualité de vie quotidienne.

Figure III.3. Critères subjectifs d’évaluation de la qualité de vie quotidienne lyonnaise
Figure III.3. Critères subjectifs d’évaluation de la qualité de vie quotidienne lyonnaise

© BARBARINO-SAULNIER Natalia, 2004.

Notre projet vise l’évaluation de la qualité de vie quotidienne des milieux résidentiels. Cet exercice de mesure nécessite d'apprécier la fonctionnalité des cadres de vie. La qualité de vie quotidienne semble ainsi dépendre des potentialités commerciales des espaces. C’est à travers la présence de commerces à la fois ciblés et divers comme les commerces d’alimentation de détail, d’alimentation générale, les commerces et les services non alimentaires et les marchés alimentaires, que le territoire puise une certaine qualité. L’existence de ces commerces est perçue comme nécessaire aux activités quotidiennes des habitants. Cette vitalité commerciale participe au bon fonctionnement des quartiers tout en conditionnant le dynamisme et l’agrément des ambiances de vie.

En ce qui concerne les équipements et les espaces publics, les revendications sociétales se portent sur les équipements scolaires, les espaces verts, les parcs équipés de jeux d’enfants et les grands parcs urbains. La perception des équipements scolaires s’inscrit dans l’exigence particulière de la continuité du cursus et considère pour la qualité de vie tout à la fois l’importance des écoles maternelles, des écoles primaires, des collèges et des lycées. Que la population ait ou non des enfants en âge d’être scolarisés, les établissements scolaires correspondent à la satisfaction de réels besoins tout en participant à la mouvance, l’animation et donc la vitalité des quartiers d’habitation. Les exigences en termes d’espaces publics se déclinent à deux échelles. La qualité de vie quotidienne exige à la fois des espaces de détente et de jeux de proximité s’inscrivant dans des pratiques quotidiennes mais nécessite également des espaces plus vastes et polyfonctionnels.

Les qualités environnementales dont semblent dépendre la qualité de vie quotidienne se structurent autour de trois axes spécifiques que sont la propreté des rues, la qualité de l’air et la qualité des environnements sonores. Les préoccupations environnementales évoquent ainsi des champs différents. L’opinion publique demeure néanmoins particulièrement sensible aux désagréments voire aux nuisances liées à la circulation automobile (pollution atmosphérique et bruit).

En terme d’habitat, les critères d’appréciation qui semblent nécessaires à la qualité de vie quotidienne en renforçant le lien subjectif d’attachement, la satisfaction, et le bien-être des habitants, sont au nombre de trois. La taille du logement, son exposition et la qualité de son isolation sonore sont ainsi les caractéristiques jugées indispensables à l’espace intime du logis pour être agréable à vivre. Les éléments qui permettent d’évaluer la qualité des logements et conditionnent plus largement la qualité du quotidien sont définis par les atouts intrinsèques de l’habitation alors que la nature des bâtiments et la structure des parties communes semblent plus secondaires.

La sécurité s’impose comme un élément fondateur de la qualité de vie quotidienne. Bien que son implication dans les systèmes de représentation et d’attribution de valeur soit discutée à la marge, la sécurité du citoyen, la possibilité qui doit lui être donnée de vivre en toute quiétude et sérénité favorise unanimement la qualité de vie au quotidien. La sécurité semble dépendre étroitement du sentiment de sécurité. Elle s’apparente ainsi au fait de se sentir à l’abri de l’incivisme, du manque de respect, du vandalisme, des dégradations ou des agressions verbales,… La qualité de vie quotidienne semble donc être subjectivement liée à la sécurité et au sentiment de tranquillité qu’elle procure.

Les éléments qui permettent de définir un quartier agréable à vivre dépendent de la convivialité des espaces de vie, du calme et de la tranquillité des quartiers et de la présence de commerces de proximité. Ces caractéristiques conditionnent enfin subjectivement des ambiances de vie harmonieuses et plaisantes qui participent à rendre la vie des quartiers agréable.

Ayant déterminé les axes consensuels et subjectifs de mesure de la qualité de vie quotidienne, il convient à présent de tendre vers l’identification des critères objectifs de cette notion. Il s’agit donc de réfléchir à la transformation des perceptions citadines et de considérer pour chacun des éléments énoncés les possibilités de sa traduction quantitative.