2.1. Les transports en commun : considération du réseau ou approche modale ?

La proximité des stations de métro et des arrêts de bus s’est imposée comme un critère structurant de la qualité de vie quotidienne, alors que la proximité des arrêts de tramway a été plus controversée. Seuls les acteurs professionnels intègrent le réseau du tramway à leur système de représentation de la qualité de vie. 82% d’entre eux considèrent ainsi que la proximité des stations de tramway participe à la qualité de vie quotidienne alors que ce sentiment demeure bien plus mitigé dans les représentations citadines : 57% des habitants de Montchat-Chambovet, 56% des résidants de Centre Croix-Rousse et seulement 30% des répondants du Plateau de la Duchère considèrent le réseau de tramway contributif à la qualité de vie quotidienne. Cette divergence perceptuelle semble avoir deux explications. La première est d’ordre géographique. Aucun des trois quartiers d’étude n’est en effet relié au réseau du tramway. Cet éloignement géographique peut expliquer la non prégnance de ce mode de déplacement dans les représentations et les consciences des personnes interrogées. Il semble évident que les individus fassent plus facilement référence et parlent mieux de ce qu’ils connaissent, pratiquent et côtoient au quotidien. En deuxième lieu, cette différence de représentation s’explique par le caractère récent de la mise en service du réseau de tramway lyonnais. L’enquête par questionnaire auprès des habitants a été réalisée entre les mois de décembre 2001 et avril 2002. À cette époque, les deux lignes du tramway n’avaient qu’une faible antériorité sur le territoire lyonnais. Ce réseau a en effet été mis en service en janvier 2001 ce qui peut expliquer que les lyonnais, et de surcroît ceux qui ne résident pas à proximité du réseau, n’aient pas encore intégré ce nouveau mode à leurs habitudes de déplacement. Cette explication circonstancielle de distance perçue et de non assimilation du tramway par la population, n’empêchent pas les acteurs professionnels d’avoir une vision plus prospective qui intègre immédiatement le tramway au réseau de transport en commun lyonnais et l’assimile aux pratiques des habitants.

De plus, au regard de l’ensemble des résultats d’enquête, le réseau de transport collectif semble être considéré dans sa globalité sans aucune distinction modale. Lors des questions ouvertes traitant de la localisation ou des modes de déplacement, l’importance des transports en commun s’impose à travers la notion de réseau. De plus, comme l’illustre le graphique suivant, en termes de temps et de mode de déplacement, les individus interrogés considèrent prioritairement l’importance de l’accès au centre ville en transport en commun au détriment du déplacement automobile.

Graphique III.58. Précisez le degré d’importance du temps d’accès au centre ville en transports en commun pour la qualité de vie quotidienne :
Graphique III.58. Précisez le degré d’importance du temps d’accès au centre ville en transports en commun pour la qualité de vie quotidienne :

© BARBARINO-SAULNIER Natalia, 2004.

La très grande majorité des interviewés, entre 88% et 91%, juge ainsi le réseau de transports en commun structurant pour la qualité de vie quotidienne. Par croisement des informations obtenues, il apparaît clairement que le lien subjectivement défini entre la qualité de vie et les transports en commun puisse être étendu à l’ensemble du réseau sans opérer de distinction entre les modes (métro, bus et tramway). Pour mener à bien l’évaluation de la qualité de vie au quotidien, nous avons donc fait le choix de ne pas scinder le réseau de transport collectif et de considérer à la fois les stations de métro, les arrêts de bus et les stations de tramway. Cette considération globale en termes de proximité des transports en commun, permet de compléter à la marge et d’élargir quelque peu le champ de réflexion du diagnostic. Cette translation qui consiste à abandonner une perception modale au profit de la prise en compte du réseau dans son intégralité correspond à notre sens à une interprétation marginale qui permet néanmoins d’avoir une vision globale de l’offre en transports en commun.