CHAPITRE II. L’accidentologie et la sécurité du piéton

Les accidents de la circulation sont étroitement liés au phénomène urbain. En 2003, deux accidents corporels de circulation sur trois déplorés en France se sont produits en ville 115 . Le milieu urbain et la rue en particulier sont les terrains de multiples déplacements. Il s’agit bien évidemment d’un lieu de la vie sociale mais c’est aussi parfois un lieu de conflits entre piétons, cyclistes, motards, bus ou automobilistes qui se croisent et se confrontent. L’insécurité routière est un drame humain puisque plus de 1500 personnes trouvent encore la mort chaque année sur les routes des villes françaises. Il s’agit par conséquent de la première cause de mortalité pour les jeunes de 15 à 24 ans et de la première cause de décès dans les accidents de travail.

La sécurité routière est ainsi une préoccupation majeure pour la qualité des territoires urbains aussi bien à l’échelle nationale qu’à l’échelle locale. Comme l’explicite le document de révision du PDU de l’agglomération lyonnaise : « une agglomération sûre et agréable à vivre (…), c’est une agglomération où l’on peut se déplacer en sécurité sans risque d’accident ou d’agression, quel que soit le mode de déplacement » 116 . La loi relative à la Solidarité et au Renouvellement Urbain (SRU) a érigé la question de la sécurité des déplacements en un objectif obligatoire et prioritaire des Plans de Déplacements Urbains (PDU). L’enjeu de la sécurité routière sur le territoire de l’agglomération lyonnaise est considérable : « en cinq ans, de 1997 à 2001, 164 personnes ont été tuées et 1034 gravement blessées dans des accidents de la circulation »326.

Cette préoccupation est d’autant plus primordiale que les accidents de la circulation frappent davantage les piétons et les vélos. Plus vulnérables que les automobilistes, ils paient un large tribut dans leurs déplacements et sont ainsi impliqués dans plus d’un quart des accidents de l’agglomération lyonnaise. Ces usagers représentent par conséquent 40% des victimes graves. Parmi les victimes de la route, les enfants les plus jeunes et les personnes âgées sont particulièrement touchés. Pour preuve de cette surexposition, sur le plan national, un quart des blessés a moins de 15 ans et la moitié des piétons tués en ville a plus de 65 ans.

Le risque d’accident n’est cependant pas un phénomène homogène sur l’ensemble du tissu urbain. L’exposition au risque de la route est une variable discriminante qui conditionne la qualité du quotidien des habitants. Le nombre d’accidents, leur gravité mais aussi le nombre d’accidentés, leur nature, à savoir si l’accident met en cause des piétons ou non, sont autant d’éléments qui structurent le « sentiment d’insécurité routière ». Ce sentiment d’insécurité est une notion difficile à appréhender : elle mêle à la fois des éléments d’expérience personnelle où le sujet a été impliqué directement dans des situations de danger, ou il a été témoin de situations dangereuses ou d’accidents, ou il a entendu parler de lieux accidentogènes … Cette appréhension varie également en fonction du mode de déplacement adopté par l’habitant : un piéton connaîtra les passages protégés dangereux tandis qu’un automobiliste sera davantage préoccupé par les carrefours difficiles ou les lieux à faible visibilité. Un croisement accidentogène marqué par une fréquence importante d’accidents graves ou non engendre un sentiment de crainte et d’inquiétude qui vient nourrir ce sentiment de mise en danger. L’analyse de l’accidentologie et plus particulièrement l’appréciation de la sécurité du piéton participent ainsi à l’évaluation de la qualité de vie quotidienne des habitants et permet de parfaire le diagnostic du territoire lyonnais.

Notes
115.

CERTU, 2004, « La sécurité routière dans les plans de déplacements urbains. Quels enjeux ? Quelles actions ? ». 8 pages.

116.

SYTRAL, 2004, « Révision du PDU de l’agglomération lyonnaise. Projet arrêté du 11 mars 2004 ». 66 pages.