3.1.4. Densité des accidentés piétons

Le même exercice de calcul de densité des accidentés mené exclusivement sur les piétons présente un autre visage de l’accidentologie. Le phénomène implique fort heureusement un nombre plus limité de victimes et connaît une ampleur moindre sur le territoire. La légende de cette représentation cartographique n’est pas immédiatement saisissable. Bien que nous considérions les piétons accidentés, nous avons maintenu une approche par la densité. Les classes font donc état pour chaque unité de voisinage d’une densité d’accidentés à l’hectare. Les bornes de classes ainsi obtenues sont par conséquent non entières. Bien que complexifiant l’appréciation du phénomène car il est effectivement surprenant de parler d’une densité de 0,5 accidenté, ce procédé permet néanmoins d’augmenter la précision quant à la spatialisation de l’accidentologie piétonne. La carte IV.9. exposée ci-après montre l’existence de trois secteurs particulièrement dangereux pour les piétons (densité de plus d’un piéton accidenté recensé au sein de l’unité de voisinage). Il s’agit :

Carte IV-9 : densité des accidentés au voisinage des bâtiments : piétons
Carte IV-9 : densité des accidentés au voisinage des bâtiments : piétons

Au-delà de ces trois secteurs noirs clairement identifiables, il subsiste néanmoins de nombreuses zones potentiellement dangereuses pour les piétons. Il s’agit d’intersection de voies essentiellement localisées en rive gauche mais pas seulement. Les bâtiments disposant d’un voisinage accidentogène où plus d’un piéton a été impliqué dans un accident de la circulation structurent ponctuellement la rive gauche. Le cours Richard Vitton s’impose comme un axe particulièrement accidentogène. Les bâtiments situés à l’intersection avec la rue Garibaldi puis avec le boulevard des Belges, les rues Waldeck Rousseau, Curie et Rambaud (6ème arrondissement) comptent plus d’un piéton accidentés. Les bâtiments proches de l’intersection entre le boulevard des Berges et l’avenue de Grande Bretagne (au nord du 6ème arrondissement) et celle entre l’avenue La Fayette et le quai Augagneur (limite entre les 6ème et 3ème arrondissements) comptent également une densité de 0,75 à plus d’1 piéton accidentés au sein de leur voisinage. Les deux secteurs contigus structurés autour des intersections Paul Bert / Créqui (au niveau de la place Voltaire, 3ème arrondissement) et Saxe / Chaponnay (3ème arrondissement) sont également des zones risquées pour les piétons. La rue Garibaldi entre la Grande rue de la Guillotière (7ème) et la rue du Pensionnat (3ème) crée une zone potentielle de risque pour les piétons : les bâtiments qui la longent ont une densité d’accidenté comprise entre 0,75 et plus d’un piéton. Quelques carrefours se caractérisent enfin par un risque important : l’angle entre la rue Ainé Collomb et le quai Victor Augagneur (3ème arrondissement), entre la rue Père Chevrier et l’avenue Jean Jaurès (7ème arrondissement) ainsi qu’entre la rue de la Madeleine et la rue du repos au sud de la place Saint-Louis (7ème arrondissement).

La rive gauche du Rhône n’est pas le seul territoire lyonnais à être le théâtre de l’insécurité routière et à mettre en danger les piétons. Bien que les secteurs incriminés soient spatialement plus limités, les intersections accidentogènes demeurent nombreuses. Globalement, elles désignent plus massivement l’est de la ville, préservant ainsi davantage l’ouest du danger de la route. Seul le centre de Vaise (9ème arrondissement) fait exception à cette répartition spatiale du phénomène en s’imposant comme un secteur de risque important : les bâtiments bordant la place de Valmy, ceux répartis entre la Grande rue de Vaise et la rue Sergent Michel Berthet accusent en effet une densité de plus d’un piéton accidenté.

Au nord de la commune, la Croix-Rousse est ponctuellement marquée par des intersections accidentogènes. Le carrefour entre la rue Hénon et le boulevard des Canuts, celui entre le boulevard de la Croix-Rousse la Grande rue de la Croix-Rousse ainsi que les bâtiments situés autour de la place Edouard Millaud sur le boulevard de la Croix-Rousse (4ème arrondissement) puis l’intersection entre les rues Burleau, des Carmélites et de l’Annonciade présentent un risque potentiel pour les piétons (densité de 0,75 à plus d’un accidenté). Au cœur du quartier Saint-Jean, le croisement entre le quai Romain Rolland et le pont Alphonse Juin assurant la liaison avec la Presqu’île est localement accidentogène.

Au sud, les bâtiments proches de la place Gensoul (à l’ouest du centre d’échange de Perrache, 2ème arrondissement) et ceux situés au croisement de l’avenue Jean Jaurès et de la rue Marcel Mérieux au cœur du parc scientifique de Gerland (7ème arrondissement) témoignent d’une réelle insécurité piétonnière.

C’est à l’est de la ville que les intersections accidentogènes sont les plus nombreuses. Les zones les plus accidentogènes (densité de 0,75 à plus d’un piéton accidenté) sont ainsi :

Au-delà de ces nombreux secteurs accidentogènes qui structurent le tissu urbain lyonnais, le risque n’est pas nul. Souvent contigus aux secteurs particulièrement accidentogènes, les bâtiments déplorant des densités d’accidenté moindre (densité de moins de 0,25 à 1 piéton accidenté) s’inscrivent dans une répartition spatiale identique : ils sont concentrés en hypercentre et en rive gauche et touchent davantage l’est que l’ouest de la commune. Quelques secteurs préservés du risque subsistent néanmoins. L’essentiel du 9ème arrondissement et une large part du 5ème arrondissement s’imposent ainsi comme des territoires préservés du risque de la route. Soumis à des trafics automobiles moins denses, le déplacement piétonnier au sein de ces secteurs de la ville semble davantage « sécurisé ». Les franges de la commune bénéficient également de l’assurance d’une sécurité de cheminement pour les piétons plus grande qu’ailleurs. Les zones résidentielles éloignées des voies importantes de circulation comme le cœur de la Croix-Rousse (4ème arrondissement), le quartier de Montchat-Chambovet (3ème arrondissement) et les secteurs de Laënnec et de Grange Rouge (sud du 8ème arrondissement) profitent aussi de l’éloignement au risque de la route. Il en est de même pour les deux zones de la ville en reconversion. Les secteurs de Perrache et Gerland de part leurs caractères peu résidentiels ne bénéficient que d’une faible exposition au risque. Cette sauvegarde du piéton semble davantage liée à la raréfaction des déplacements piétonniers qu’à une réelle sécurité des cheminements.