3.2.2. Indicateur de gravité des accidents impliquant des piétons

La volonté de s’interroger spécifiquement sur la sécurité du piéton, nous conduit à l’approche spécifique de l’indice de gravité des accidents de la circulation impliquant précisément des piétons. Il s’agit dans ce cas, grâce à la spatialisation de l’indice de gravité des accidents de la circulation contre piétons, de repérer les sites potentiellement dangereux pour les habitants. La carte IV.11. indique deux phénomènes marquants. Le premier concerne le seuil de gravité : en tout état de cause et cela semble assez prévisible, les accidents de la circulation impliquant des piétons sont inéluctablement plus graves. La comparaison avec les bornes de classe de la carte précédente en fait état. L’indice de gravité inférieur à 25 est fort peu significatif alors que les valeurs entre 50 et 75 et celles supérieures à 75 caractérisent l’essentiel des phénomènes accidentogènes. Le second concerne la spatialisation des accidents les plus graves. La gravité des accidents impliquant des piétons montre une profonde disparité territoriale. Le centre de Lyon et surtout l’ouest de la commune déplorent des accidents graves mais peu nombreux. La rive gauche du Rhône et l’est de la commune sont au contraire des territoires marqués par les incidences dramatiques de l’insécurité routière.

L’ouest est ainsi le secteur le plus épargné de la commune. Les bâtiments proches de la rue de la Quarantaine, ceux longeant le chemin de Choulans puis ceux du centre de Saint-Just, de la place de l’Abbé Larue jusqu’à la rue de Trion, (5ème arrondissement) identifient un vaste secteur de mise en danger du piéton (valeur de l’indice de gravité entre 50 et plus de 75). Les bâtiments avoisinant la route nationale 7 (secteur de Champvert au sud du 9ème arrondissement), l’îlot situé entre les rues Joliot Curie et de Tourvielle (secteur du Point du Jour, 5ème arrondissement), puis les bâtiments proche de l’avenue de Ménival et ceux au cœur du quartier Saint-Jean (5ème arrondissement) accusent au sein de leur voisinage des accidents graves impliquant des piétons (indice de gravité entre 50 et plus de 75).

Carte IV-11 : indice de gravité des accidents au voisinage des bâtiments : piétons
Carte IV-11 : indice de gravité des accidents au voisinage des bâtiments : piétons

Le centre de Lyon déplore quatre secteurs où les accidents de la circulation compromettant des piétons ont eu des incidences graves. Il s’agit :

Pour l’ensemble de ces secteurs accidentogènes, l’indice de gravité reste élevé, et affiche des valeurs entre 50 et plus de 75. Seuls le bâtiment de l’Hôpital de l’Hôtel Dieu sur le quai Jules Courmont et ceux situés au nord de la place Bellecour (2ème arrondissement) présentent des indices de gravité plus relatifs (valeur inférieur à 25 jusqu’à 50).

La rive gauche et l’est de Lyon sont au contraire le théâtre d’une accidentologie aux dommages corporels graves. Les accidents de la circulation impliquant des piétons sont dans cette zone à la fois plus nombreux et humainement préjudiciables. Le tracé de la rue Garibaldi (6ème, 3ème et 7ème arrondissements), plus ponctuellement celui du cours Gambetta (limite entre les 3èm et 7ème arrondissements), le début de l’avenue Jean Jaurès (7ème arrondissement) ainsi qu’un tronçon de l’avenue Félix Faure (3ème arrondissement) sont principalement montrés du doigt. D’autres secteurs se caractérisent également par la gravité des accidents déplorés. L’avenue Verguin située entre le parc de la Tête d’Or et le lycée du Parc, l’intersection entre les rues Duquesne et Créqui, le carrefour entre les rues Garibaldi et Sully, les bâtiments entre les rues Juliette Récamier et Vauban présentent des indices de gravité entre 25 et 75.

Le cœur du troisième arrondissement déplore une importante concentration d’accidents graves (indice de gravité essentiellement compris entre 25 plus de 75). Le large secteur de la Part-Dieu délimité par le boulevard Deruelle, la rue Garibaldi et le boulevard Marius Vivier Merle, le secteur Villette de part et d’autre de la rue d’Aubigny, l’intersection entre la rue Moncey et la rue Dunoir, le secteur proche des rues de la Part-Dieu, Mazenod, Chaponnay au niveau de la rue Duguesclin puis au niveau de l’avenue Maréchal de Saxe, l’intersection entre la quai Victor Augagneur et la rue Servient au niveau de la Préfecture ainsi que le vaste secteur jouxtant la rue Garibaldi, l’avenue Félix Faure, le cours Gambetta, la Grande rue de la Guillotière jusqu’à la rue du Béguin au sud (en limite des 3ème et 7ème arrondissements) correspondent à des sites potentiellement dangereux pour les piétons.

Au-delà de la rive gauche, l’est de la commune est particulièrement incriminé. Les bâtiments situés le long de l’avenue Lacassagne entre la rue du Docteur Rebate et la rue Feuillat, ceux situés de part et d’autre de la rue Ferdinand au niveau du cours Eugénie (3ème arrondissement) déplorent un indice de gravité entre 50 et plus de 75. L’ensemble du 8ème arrondissement est globalement un des plus accidentogène de la ville. L’exposition au risque est sur ce territoire particulièrement important. Les accidents impliquant des piétons sont nombreux et ont de graves conséquences humaines. De nombreux carrefours accidentogènes jalonnent cet espace. Les intersections entre l’avenue des Frères Lumière et la rue Saint Gervais, entre le cours Albert Thomas et la rue de Villon puis entre l’avenue des Frères Lumière et la rue Antoine Lumière présentent un indice de gravité entre 25 et 50 alors que le carrefour entre les rues Saint Nestor et Antoine Lumière, plus au sud se caractérise par un indice de gravité supérieur à 75. La rue Marius Berliet se présente sur l’ensemble de son tracé comme un axe particulièrement dangereux pour les piétons (indice de gravité entre 25 et plus de 75) alors que dans sa continuité, l’intersection de cinq voies au niveau de la place du 11 Novembre 1918 regroupant l’avenue Berthelot, la rue Marius Berliet, le boulevard Jean XXIII et les avenues Jean Mermoz et Paul Santy forment un vaste secteur caractérisé par un indice de gravité non négligeable (indice entre 25 et plus de 75). Dans son prolongement, l’avenue Jean Mermoz continue d’inquiéter puisque qu’entre les boulevard Ambroise Paré et Pinel, cette voie de circulation affiche un indice de gravité d’une valeur comprise entre 50 et plus de 75. Les points noirs des déplacements piétonniers se multiplient encore au sud et présentent pour l’essentiel des indices de gravité entre 50 et plus de 75. Nous pouvons à cet égard citer :

Finalement, la densité des phénomènes accidentogènes et la gravité des accidents ne sont pas fortement corrélées. Au contraire, il semble que les territoires plus relativement touchés par l’insécurité routière sont à l’inverse plus durement frappés par la gravité des faits qu’ils déplorent. L’armature urbaine, la densité du bâti, la morphologie des voies, l’importance du trafic sont autant d’éléments pouvant contribuer à l’explication de cette concentration de la gravité sur les grandes artères de circulation massivement localisées à l’est de la ville. L’urbanisation est dans ce secteur en partie moins dense, les voies de circulation sont souvent plus larges et permettent à la fois des trafics routiers importants et des vitesses de déplacement excessives. L’ensemble de ces facteurs favorise l’exposition au risque de la route. Ces infrastructures routières façonnent néanmoins des lieux de vie pouvant parfois se transformer en lieux de concurrence entre les piétons et les automobilistes qui se croisent et se confrontent. Cette difficile cohabitation multimodale participe grandement à la mise en danger du piéton et nuit par conséquent à la qualité du cadre de vie des habitants.

L’approche par la gravité des faits renseigne considérablement sur la localisation des secteurs les plus symptomatiques de cette mise en tension entre l’homme et la voiture. Elle permet par ailleurs d’apprécier les disparités spatiales de cette exposition différenciée au risque de la circulation. Seulement, la dimension la plus dramatique de l’accidentologie ne peut suffire à la caractérisation des espaces de vie. Seule une démarche synthétique combinant à la fois une approche par la densité des faits accidentogènes et une prise en compte de l’impact des accidents les plus graves peut donner corps à la qualification aboutie des cadres de vie.