3.3. Hiérarchisation de la dangerosité des infrastructures routières pour une qualification des cadres de vie lyonnais

La carte IV.12. se propose de caractériser l’ensemble du territoire lyonnais en fonction de la répartition spatiale des faits accidentogènes tout en prenant en compte la gravité des accidents déplorés. Cette carte de synthèse a été construite à partir de l’indice de dangerosité (Id) élaboré par le Département d’Economie et de Gestion de l’Université du Québec. L’usage de cet indicateur permet de mettre en place une méthode de classification des sites routiers de la ville de Lyon. L’ensemble des bassins de vie peut alors être hiérarchisé en fonction de son niveau d’exposition au risque de la route. En identifiant les sites routiers potentiellement dangereux, cette représentation cartographique rend possible l’évaluation de la qualité des cadres de vie. Pour ce faire, cette carte s’appuie sur une légende structurée autour de 5 classes :

Carte IV-12 : accidentologie dangerosité des infrastructures routières urbaines
Carte IV-12 : accidentologie dangerosité des infrastructures routières urbaines

Les résultats cartographiques présentés mettent en évidence une profonde disparité spatiale quant à l’exposition au risque de la circulation. Globalement, les territoires particulièrement accidentogènes concernent essentiellement l’hypercentre, son extension en rive gauche, quelques centralités secondaires ainsi que certains axes structurants de l’est de la commune. Les bâtiments déplorant une très forte dangerosité car proche d’infrastructures routières particulièrement dangereuses restent cependant peu nombreux. La dégradation sérieuse des cadres de vie opérée par l’importance des faits accidentogènes n’affecte que 9% des bâtiments habités. Ces points noirs ne sont pas isolés et sont au contraire bordés de bâtiments soumis à une forte dangerosité infrastructurelle. Au total, plus d’un quart des bâtiments habités souffrent des dommages de l’insécurité routière. Les secteurs où le risque est potentiellement le plus dangereux caractérisent tout d’abord la Presqu’île au travers des bâtiments habités situés de part et d’autre de la rue de la République au sud de l’Hôtel de Ville et ceux répartis autour de la rue Grenette (1er et 2ème arrondissements). Les quais du Rhône sont également inquiétés par une très forte dangerosité. De nombreux bâtiments longeant les quais Jean Moulin (1er arrondissement) et Jules Courmont puis ceux bordant le quai du Docteur Gailleton (2ème arrondissement) font les faits d’une accidentologie avérée.

La rive gauche du Rhône est un large secteur de danger. Les grandes voies de circulation est/ouest sont à cet égard significatives. Le cours Franklin Roosevelt puis dans sa continuité le début du cours Richard Vitton (6ème arrondissement), le cours La Fayette (limite entre les 6ème et 3ème arrondissements) et plus au sud le cours Gambetta (limite entre les 3ème et 7ème arrondissements) et la Grande rue de la Guillotière marquent de leur forte dangerosité les bâtiments qui leur sont contigus. Les axes nord/sud ne sont cependant pas épargnés. L’avenue Jean Jaurès (7ème arrondissement) puis plus ponctuellement l’avenue Maréchal de Saxe et la rue Garibaldi (traversant les 3ème et 6ème arrondissements) témoignent elles aussi d’une importante dangerosité.

Certaines centralités secondaires sont également affectées par la dangerosité de leurs infrastructures routières. Il s’agit des bâtiments situés autour des places de la Croix-Rousse et Edouard Millaud, le long du boulevard de la Croix-Rousse (4ème arrondissement) ainsi que du centre de Vaise essentiellement entre la Grande rue de Vaise et la rue Marietton (9ème arrondissement).

L’est de la commune déplore bien plus que l’ouest une forte, voire très forte dangerosité des sites routiers. La rue Baraban, l’intersection entre l’avenue Félix Faure et l’avenue Lacassagne au niveau de la place Rouget de Lisle (3ème arrondissement), le cours Albert Thomas (limite entre les 3ème et 8ème arrondissements), l’avenue des Frères Lumière, la rue Marius Berliet, la rue Jean Mermoz, le boulevard des Etats-Unis et la route de Vienne (8ème arrondissement) sont des axes potentiellement dangereux.

Les bâtiments, en situation plus intermédiaire au regard de la dangerosité des sites routiers forment un tissu résiduel et lacunaire. Au total, un peu plus d’un cinquième des bâtiments habités lyonnais assure la transition entre les cadres de vie dégradés par les accidents de la route et ceux davantage préservés de cette dangerosité routière. Ces unités sont essentiellement localisées autour des points très fortement accidentogènes et concernent principalement le vaste centre de Vaise (9ème arrondissement), la Presqu’île, la rive gauche du Rhône et les voies de grande circulation de la partie orientale du territoire communal. Ce niveau intermédiaire de dangerosité caractérise également des bâtiments plus isolés au regard des phénomènes accidentogènes. C’est par exemple le cas de quelques bâtiments de la Duchère (9ème arrondissement), du cœur de Saint-Just, du centre du Point du Jour (5ème arrondissement), du plateau de la Croix-Rousse, proche de la Grande rue de la Croix-Rousse (4ème arrondissement), des pentes de la Croix-Rousse (1er arrondissement), des bâtiments au cœur de Gerland (le long de la rue de Gerland, 7ème arrondissement) et de Montchat-Chambovet (3ème arrondissement).

Comme le montre le graphique IV.2. présenté ci-dessous, les cadres de vie préservés des méfaits de l’accidentologie restent nombreux. Plus de la moitié des bâtiments habités de la ville de Lyon bénéficie en effet de la faible dangerosité des sites routiers de leur unité de voisinage : 29% des bâtiments habités jouissent d’une faible dangerosité infrastructurelle alors que 22% d’entre eux profitent d’une exposition au risque plus limitée.

Graphique IV.2. Importance de la dangerosité des sites routiers : répartition des bâtiments habités
Graphique IV.2. Importance de la dangerosité des sites routiers : répartition des bâtiments habités

La localisation de ces unités demeure très spécifique. Elle concerne tout d’abord des cœurs d’îlots largement préservés des risques de la circulation routière même si ceux-ci restent attenants à des axes accidentogènes. L’exemple le plus frappant est celui du quartier d’Ainay (2ème arrondissement) pour lequel le centre bâti considérablement préservé s’oppose à la forte dangerosité des quais qui le bordent. Ces entités se répartissent ensuite aux pourtours de la commune et caractérisent des cadres de vie essentiellement périphériques et résidentiels. L’ouest de la commune (la majeure partie des 9ème et 5ème arrondissements), le nord de la Croix-Rousse (4ème arrondissement), le secteur des Chartreux (1er arrondissement) ainsi que celui situé au sud de Gerland (7ème arrondissement) se distinguent par la faiblesse de leur exposition au risque de la circulation routière. À l’est de la commune, ces secteurs de faible dangerosité sont davantage morcelés mais n’en restent pas moins significatifs pour le tissu urbain local. L’ensemble de ces bâtiments dessine par conséquent de vastes bassins de vie où les risques inhérents à la circulation restent potentiellement limités. Ces territoires objectivement protégés des dangers de la route offrent donc des cadres de vie de qualité où la sécurité des déplacements urbains semble garantie.

Finalement, cette représentation cartographique permet de hiérarchiser la dangerosité des infrastructures routières de l’espace lyonnais. L’évaluation du risque inhérent à la circulation permet donc de mesurer la qualité des cadres de vie de Lyon. Une ville agréable à vivre doit être « une agglomération où l’on peut se déplacer en sécurité sans risque d’accident »121. L’enjeu est alors de garantir, au nom de la qualité de vie du quotidien, des déplacements sereins et sécurisés. Cette approche de l’accidentologie permet la classification du territoire en fonction du risque et de la dangerosité qui le caractérise. Cette analyse met par conséquent en évidence de profondes disparités territoriales et permet d’apprécier des niveaux différenciés de la qualité de vie quotidienne des lyonnais.

Notes
121.

SYTRAL, 2004, « Révision du PDU de l’agglomération lyonnaise. Projet arrêté du 11 mars 2004 ». 66 pages.