3.1.1. L’alimentation de détail

La carte IV.13. représente le maillage du « petit commerce » alimentaire. Globalement, en raison d’une répartition assez homogène, l’armature commerciale de la ville se distingue par une densité de petits commerces alimentaires encore importante, notamment au cœur de la commune. La géographie des « petits commerces » fait état d’un large hypercentre bénéficiant d’une offre commerciale quantitativement importante et de polarités secondaires qui structurent le reste du territoire.

Des centres commerciaux d’une importance avérée apparaissent clairement soit polarisés, soit en linéaire. Nous distinguons ainsi une dizaine de cœurs commerciaux disposant de plus de 10 points de vente autour desquels se greffent des territoires achalandés d’au moins 5 commerces alimentaires de proximité. Le regroupement de certains de ces pôles forme ainsi des bassins commerciaux emblématiques de la ville de Lyon.

La Presqu’île s’impose comme un bassin commercial particulièrement dense et attractif au sein duquel nous distinguons le cœur d’Ainay proche de la zone piétonne de la rue Victor Hugo (sud du 2ème arrondissement) et le centre de la Presqu’île de la place Bellecour à la place des Terreaux.

Carte IV-13 : l'alimentation de détail au voisinage des bâtiments
Carte IV-13 : l'alimentation de détail au voisinage des bâtiments

Le centre de la Croix-Rousse se distingue également par l’importance de son maillage de petits commerces. Le bassin se structure largement de part et d’autre de la Grande rue de la Croix-Rousse et se poursuit le long du Boulevard de la Croix-Rousse (4ème arrondissement).

La rive gauche du Rhône se caractérise ensuite par des centralités plus éparses. Trois bassins commerciaux se distinguent alors :

  • le bassin commercial entre l’avenue du Maréchal de Saxe et les Brotteaux (6ème arrondissement) avec la polarité de l’avenue du Maréchal de Saxe (entre le cours Franklin Roosevelt et la rue Vauban), la zone attractive proche de Masséna et le pôle des Brotteaux à l’intersection du cours Richard Vitton, du boulevard des Belges et du boulevard des Brotteaux ;
  • le bassin de la Part-Dieu (limite entre les 3ème et 6ème arrondissements) avec le cœur de quartier à proximité de la place de l’Europe et des Halles de Lyon de part et d’autre du cours La Fayette et surtout le pôle particulièrement attractif de la Part-Dieu lié à la présence de son centre commercial (l’un des premiers centre commercial français124) ;
  • le bassin de la Guillotière et de Saxe-Gambetta (limite entre les 3ème et 7ème arrondissements) structuré autour de trois pôles : celui proche de la pace Gabriel Péri de part et d’autre du cours Gambetta, celui qui structure le début de la rue Paul Bert (entre la place Gabriel Péri et l’avenue Maréchal de Saxe) et enfin le pôle commerçant localisé à l’intersection de la Grande rue de la Guillotière, de l’avenue Jean Jaurès et de l’avenue Félix Faure.

L’ensemble de ces trois pôles forme un maillage dense et ramassé de petits commerces alimentaires qui constitue une offre de proximité significative. À cette organisation en bassins commerciaux s’ajoute quelques polarités plus isolées comme celle du sud de Garibaldi (à l’angle de la rue Garibaldi et du cours Gambetta dans le 3ème arrondissement) et celle proche des universités entre la rue Chevreul et l’avenue Berthelot (7ème arrondissement).

Parallèlement à cette attractivité des centres disposant d’une offre commerciale importante, le tissu urbain est ensuite consolidé par des polarités plus secondaires. Suivant la répartition géographique de la densité de la population (cf. la figure IV.8.), ces centres sont à la fois d’un poids plus important et plus nombreux à l’est de la commune.

Figure IV.8. Densité de la population des îlots de Lyon
Figure IV.8. Densité de la population des îlots de Lyon

Source : Recensement de la Population, Exploitation principale, INSEE, 1999.

Nous pouvons néanmoins noter deux exceptions à cette distribution, à savoir le centre de Vaise, autour de la Grande rue de Vaise (9ème arrondissement) qui se distingue par l’importance des ces petits commerçants (plus de 10 points de vente) et la zone du Vieux Lyon (5ème arrondissement) regroupant les quartiers Saint-Georges, Saint-Jean et Saint-Paul qui constituent à eux trois une zone de chalandise étendue et conséquente.

Hormis ces deux cas particuliers à l’ouest qui s’expliquent par leur poids démographique et par un enclavement historique pour le secteur de Vaise (jadis commune autonome), ces centralités secondaires structurent tout particulièrement la frange orientale de la commune. Au total, plus d’une dizaine de pôles isolés concentrent l’offre d’alimentation de détail. Nous distinguons ainsi celui proche de Charpennes (limite entre le 6ème arrondissement et la commune de Villeurbanne), celui à l’angle du cours La Fayette et la rue Baraban (6ème arrondissement), le cœur de quartier entre la rue Paul Bert et la place Rouget de Lisle (3ème arrondissement), celui des Maisons Neuves (limite entre le 3ème arrondissement et Villeurbanne), la zone autour de la place Ronde proche du cours Vitton (3ème arrondissement), le linéaire situé sur le cours du Docteur Long (3ème arrondissement), le pôle de part et d’autre de l’avenue des Frères Lumière (8ème arrondissement) ou ceux du Grand Trou et du Moulin à Vent (8ème arrondissement).

À l’ouest comme au sud en revanche, l’attractivité commerciale est fort limitée et se structure autour de rares centres dont le poids reste relatif comme par exemple la zone de chalandise de part et d’autre du cours Charlemagne (2ème arrondissement), du Point du Jour (5ème arrondissement) et de Saint-Just (5ème arrondissement).

Finalement, l’armature commerciale de l’alimentation de détail constitue un maillage particulièrement dense organisé en importants bassins d’approvisionnement au centre de la ville (bassin Presqu’île et Croix-Rousse) et en rive gauche (bassin du 6ème arrondissement, de Part-Dieu et de Gambetta/Saxe/Jean Jaurès). Au-delà de ces entités géographiques très spécifiques, le maillage se compose de petits centres épars d’approvisionnement plus limités et mieux répartis à l’est qu’à l’ouest de la commune. Il convient enfin de préciser qu’une partie non négligeable du territoire lyonnais est marquée par l’absence du petit commerce alimentaire. Bien qu’il s’agisse de zones interstitielles et limitées au centre, les bâtiments ne bénéficiant d’aucun approvisionnement sont particulièrement nombreux aux franges de la commune. Cette disparité territoriale de l’offre alimentaire de détail interroge singulièrement sur l’équité des lyonnais à contenter des besoins de proximité dans des conditions satisfaisantes et sur la capacité qui est donnée à chacun de vivre dans un cadre adapté aux nécessités les plus rudimentaires.

Notes
124.

Grand Lyon, Chambre de Commerce et de l’Industrie de Lyon, Conseil Général du Rhône, 2004, « SDUC. Vers un Schéma d’Implantation et de Développement Commercial 2004-2010 ». 37 pages.