3.2. Représentation des qualités de l’environnement sonore urbain de Lyon

La carte IV.21. de l’environnement sonore, présentée ci-après est une transposition plus subjective de cette évaluation. Elle cherche à caractériser les qualités des environnements urbains et aborde la question du bruit en termes d’environnement préservé ou dégradé. Elle fait le lien entre l’évaluation du bruit et son impact direct sur la qualité de la vie. La légende de cette carte est la traduction qualitative des 5 classes de la première carte :

L’image ainsi obtenue met en évidence des zones où la qualité sonore de la ville est plus ou moins préservée. Les axes de circulation majeurs et secondaires « rouges » très bruyants s’opposent aux cœurs d’îlots « verts » très préservés.

La représentation de l’environnement sonore lié à la circulation automobile, s’appuyant à la fois sur les axes majeurs de circulation et les bâtiments habités de la ville de Lyon, permet de caractériser la qualité des cadres de vie des lyonnais. Elle met en évidence dans un premier temps les points noirs acoustiques. Les bâtiments habités proches de la gare de Perrache, de part et d’autre du tunnel de Fourvière ainsi que ceux avoisinant l’autoroute A7 disposent d’un environnement sonore urbain très dégradé. Les bâtiments habités qui jouxtent les quais du Rhône, côté presqu’île (quai André Lassagne, Jean Moulin, Jules Courmont, Dr Gailleton) ainsi que ceux près du quai Perrache abritant l’autoroute A7 ont également un environnement sonore urbain très dégradé. Il convient cependant de relativiser l’ampleur de cette nuisance sonore dans la mesure où la partie sud du 2ème arrondissement est très peu habitée. Il en va de même pour les zones habitées à l’embouchure du tunnel de la Croix-Rousse. Cette infrastructure nuie principalement à l’environnement proche du début du quai Lassagne (situé face au pont De Lattre De Tassigny qui relie le 6ème au 1er arrondissement).

Cette cartographie met également en évidence le caractère très dégradé de certains centres urbains en termes de nuisance sonore. C’est le cas de la partie sud du Vieux Lyon située juste avant la zone piétonne (5ème arrondissement) et qui s’étend sur les bâtiments bordant la montée Saint-Barthélemy.

Carte IV-21 : environnement sonore lié à la circulation automobile
Carte IV-21 : environnement sonore lié à la circulation automobile

Le centre de Vaise (9ème arrondissement) avec la rue Marietton, la rue de Bourgogne et le quai Jayr ainsi que le centre de la Croix-Rousse (4ème arrondissement) avec la Grande rue de la Croix-Rousse et la rue de Belfort affichent un environnement sonore très dégradé. Il en est de même pour le centre urbain de la Presqu’île où le sud du 1er arrondissement et le nord du 2ème disposent d’un environnement marqué par des nuisances sonores considérables.

Nous distinguons également les grandes radiales est/ouest qui marquent les zones habitées de la rive gauche du Rhône. C’est le cas par exemple des bâtiments proches de la rue Duquesne, du cours Richard Vitton (6ème arrondissement), le cours La Fayette, la rue de Bonnel, la rue Servient (3ème arrondissement), du cours Gambetta (7ème arrondissement), de l’avenue Berthelot qui traverse les 7ème et 8ème arrondissements ainsi que des bâtiments qui se trouvent dans l’axe de la rue de l’Université, de la rue Marc Bloch et de la route de Vienne (7ème et 8ème arrondissements).

Les voies de circulation secondaires conditionnent aussi la qualité du cadre de vie. Les bâtiments habités qui jouxtent, par exemple, l’avenue Maréchal Foch, l’avenue du Maréchal de Saxe, la rue Garibaldi (communs aux 6ème, 7ème et 3ème arrondissements) ou l’avenue Lacassagne (3ème arrondissement) disposent d’un environnement sonore dégradé ou intermédiaire.

Au regard de cette cartographie, l’accent a été volontairement porté, par le choix de la charte graphique, sur les territoires dégradés, il convient néanmoins de préciser que ceux-ci ne représentent qu’une faible partie du territoire lyonnais. En effet, comme le montre le graphique suivant, seulement 4% des bâtiments habités (soit tout de même un peu moins de 1650 entités) affichent un environnement sonore très dégradé et 11% un environnement urbain dégradé.

Graphique IV.4. Qualité des environnements sonores : répartition des bâtiments habités
Graphique IV.4. Qualité des environnements sonores : répartition des bâtiments habités

Un cinquième des bâtiments habités bénéficie ainsi d’un environnement intermédiaire alors que 66% des bâtiments habités profitent d’un environnement sonore très préservé (53%) ou préservé (13%). Cette répartition du phénomène étudié donne des ordres de grandeur qu’il convient de garder à l’esprit.

C’est ainsi que les centres des îlots apparaissent comme beaucoup plus paisibles, et ce même à proximité de voies qualifiées comme bruyantes. Les territoires préservés de la nuisance sonore sont très nombreux et ce même au sein des centres urbains denses comme le centre de la Croix-Rousse, de la Presqu’île ou du 6ème arrondissement.

D’une manière globale, un certain gradient de préservation de la qualité de l’environnement sonore apparaît. Celui-ci peut être identifié comme une densification de la nuisance au cœur de la ville vers les franges de grands axes structurants de Lyon. Trois zones apparaissent également comme « préservées » : l’ouest lyonnais (aux extrémités des 9ème et 5ème arrondissements), le sud et l’est (aux franges du 3ème arrondissement). Ces zones correspondent à un environnement urbain moins dense où les espaces verts sont plus nombreux.

Cette carte n’apporte pas une image révolutionnaire des nuisances sonores, elle permet néanmoins une représentation précise et une lisibilité nouvelle de l’ampleur du phénomène. Elle clarifie la hiérarchisation des espaces en fonction de la qualité de l’ambiance sonore urbaine et surtout, elle permet d’intégrer cette nuisance au sein de l’évaluation plus globale de la qualité de la vie urbaine.

Le bruit ayant été subjectivement identifié comme un facteur de nuisance majeure à la qualité de vie, cet indicateur permet de caractériser des cadres de vie différenciés. Les disparités spatiales de ces environnements sonores donnent la possibilité d’identifier des zones de dégradation ou de préservation. Ce sont ces éléments et leurs caractéristiques spatiales qui peuvent fournir une évaluation fragmentaire et une image, même partielle, de la qualité de vie intra-urbaine des citadins.