4.2. Impact de la pollution atmosphérique d’origine routière sur la qualité de l’air

La carte IV.23. traduit ainsi la concentration en dioxyde d’azote au travers de l’impact de la pollution atmosphérique d’origine routière sur la qualité de l’air. La représentation cartographique présentée ci-après correspond ainsi à une transposition plus subjective des niveaux de concentration de cette substance. Elle permet de caractériser les qualités des environnements urbains et aborde la question de la dégradation de la qualité de l’air. Cette carte fait le lien entre la concentration d’un polluant caractéristique de la circulation routière et son impact direct sur la qualité de l’air. Sa légende reste basée sur les seuils réglementaires utilisés lors de l’évaluation quantitative du phénomène et se traduit qualitativement de la manière suivante :

L’image ainsi obtenue met en évidence des zones où la qualité de l’air de la ville de Lyon subit d’importantes dégradations en « rouge » auxquelles s’opposent des secteurs plus préservés en « vert ».

Les secteurs habités marqués par une dégradation forte ou très forte de la qualité de l’air sont globalement peu nombreux. Principalement localisés aux abords de l’autoroute A6 à l’entrée du tunnel de Fourvière dans le 9ème arrondissement, de l’autoroute A7 et de l’échangeur de Perrache dans le 2ème arrondissement, des deux têtes du tunnel de la Croix-Rousse dans le 4ème arrondissement, de la portion de l’avenue Berthelot à cheval sur les 7ème et 8ème arrondissements, du secteur des Brotteaux (6ème arrondissement), les bâtiments habités pourvus d’une qualité de l’air très fortement dégradée restent peu nombreux.

Carte IV-23 : impact de la pollution atmosphérique d'origine routière sur la qualité de l'air
Carte IV-23 : impact de la pollution atmosphérique d'origine routière sur la qualité de l'air

Globalement, comme le montre le graphique suivant, cette cartographie permet de préciser que moins d’un cinquième des bâtiments habités de la ville de Lyon sont touchés par une qualité de l’air considérablement dégradée. Bien que seulement 3% d’entre eux subissent une dégradation très forte, 16% des bâtiments habités connaissent cependant une forte dégradation. Systématiquement proche des bâtiments en situation de forte dégradation, ces entités ont une répartition plus linéaire et se répartissent le long des axes structurants de circulation.

Graphique IV.5. Qualité de l’air : répartition des bâtiments habités
Graphique IV.5. Qualité de l’air : répartition des bâtiments habités

Une petite majorité des bâtiments de Lyon s’inscrit en situation intermédiaire. Nous comptons en effet 47% des bâtiments habités ayant une dégradation moyenne de la qualité de l’air. Couvrant ainsi une large part du territoire, ces bâtiments correspondent essentiellement à l’hyper-centre lyonnais et à son extension en rive gauche du Rhône. Ils correspondent également à quelques centralités plus secondaires comme le centre de Vaise (9ème arrondissement) et décrivent par ailleurs un tissu urbain plus diffus au fur et à mesure de l’éloignement au centre.

Les environnements les plus préservés de la commune sont principalement localisés aux franges de la ville et caractérisent davantage l’ouest que l’est. Globalement, près d’un tiers des bâtiments habités lyonnais sont touchés par une faible dégradation de la qualité de l’air. Ils se situent sur la partie occidentale des 1er et 4ème arrondissements, à l’est des 3ème et 8ème arrondissements et s’étendent plus largement sur le 9ème alors que le 5ème arrondissement s’impose comme un secteur considérablement épargné par la dégradation. Seul 3% des bâtiments habités affichent une dégradation négligeable de la qualité de l’air. Ils sont très ponctuellement localisés au nord-est du 4ème arrondissement, au nord du 9ème arrondissement et plus largement dans l’ouest du 5ème arrondissement.

Cette cartographie montre l’existence d’une graduation spatiale dans la dégradation de la qualité de l’air. Le phénomène de pollution atmosphérique lié à la circulation routière est d’autant plus marqué au cœur de la ville de Lyon pour progressivement en épargner les franges. Cette disparité spatiale de la qualité de l’air laisse apparaître trois zones « préservées » : l’ouest lyonnais (9ème et 5ème arrondissements), le secteur est (aux franges des 3ème et 8ème arrondissements) et un secteur proche de la Saône (à l’ouest des 4ème et 1er arrondissements). Ces zones correspondent ainsi à des environnements résidentiels moins denses davantage épargnés par la circulation automobile.

Cette représentation cartographique symbolise ainsi une innovation en matière d’estimation de la qualité de l’air. Evidemment, il ne s’agit là que d’une estimation, une image partielle et lacunaire du phénomène mais celle-ci a l’avantage d’avoir été réalisée. Bien que le mode de calcul des concentrations en polluants ne soit pas sans écueils, que les principes adoptés ne permettent que la reconstitution d’une situation réelle et que la modélisation utilisée ne soit pas sans limite, cette carte présente néanmoins la prérogative de proposer une évaluation de l’ampleur du phénomène de pollution atmosphérique à la fois valide, lisible et généralisée au vaste territoire communal. Elle permet de mettre en lumière une disparité territoriale significative et de hiérarchiser les espaces de vie en fonction d’un niveau de nuisance. Elle offre enfin la possibilité d’intégrer la pollution atmosphérique au sein de l’évaluation plus globale de la qualité de vie urbaine.

La qualité de l’air ayant été subjectivement identifiée comme un facteur de nuisance majeure à la qualité de vie, il aurait été préjudiciable de ne pas exploiter ce phénomène. Les disparités spatiales de la dégradation de la qualité de l’air donnent donc la possibilité d’identifier des cadres de vie différenciés caractérisés par une qualité de vie quotidienne dissemblable.