Cependant, la méthode sur laquelle se base notre diagnostic et les résultats qu’elle a produit ne sont pas sans limites. Il convient dans un premier temps de préciser que cette méthode ne permet pas de distinguer la fréquence de nettoiement de la propreté effective. La propreté reste une notion évolutive et très subjective d’un individu à l’autre. Certaines personnes vont être essentiellement sensibles aux déjections canines alors que d’autres sont plus préoccupés par les détritus qui jonchent les trottoirs ou par les sacs d’ordures ménagères non ramassés. Il semble donc particulièrement difficile de cerner la réalité perçue de la propreté.
De plus, l’effort de propreté en termes de fréquence de nettoiement ne correspond pas forcement à une réalité de propreté. Comme le constate la Direction de la Propreté, certaines rues sont à nouveau sales moins d’une heure après le passage de l’agent communautaire. Or il n’est pas souhaitable d’assurer un niveau de qualité très élevé de manière permanente pour des raisons évidentes de coût mais aussi pour des raisons d’éducation civique. Il semble que « si la saleté appelle la saleté, le surnettoyage entraîne aussi la saleté » 143 . Il a été vérifié par plusieurs municipalités (villes de Montpellier et de Boulogne-Billancourt) que le fait d’intensifier le vidage des corbeilles de propreté et le ramassage des sacs sauvages, conduisait une partie des habitants à ne plus utiliser les bacs de collecte des détritus. La complexité du phénomène de propreté demeure donc difficilement saisissable.
Il n’est reste pas moins vrai que la traduction de la propreté en action et en régularité de passage s’impose comme une caractéristique incontestable de cette notion. La lisibilité de la propreté à travers les fréquences de nettoiement est plus qu’un facteur d’image. Pour la Direction de la Propreté, ces éléments sont de véritables critères d’appréciation pour les habitants et les élus. Il ne semble donc pas judicieux de raisonner en termes de résultats mais il est nécessaire de continuer à raisonner en termes de moyens. Le principe consistant à structurer la propreté et l’activité de nettoiement autour de la notion de fréquence reste donc cohérent et valable.
La principale limite de cette approche demeure dans le caractère programmatique de la base de données source qui ne reflète pas la situation réelle et actuelle du nettoiement des rues. Les résultats cartographiques proposent ainsi des fréquences théoriques optimales de nettoiement. Il peut en effet subsister un décalage entre les moyens octroyés et les besoins du terrain. Il s’agit donc moins de représenter la réalité de la propreté des rues qu’une modélisation de l’effort de nettoiement.
Direction de la Propreté, 2003, « Rapport Cartographies et fréquences ». Grand Lyon, 42 pages.