3.2. Représentation de la propreté des rues de Lyon

La carte V.25. représente les disparités de la propreté des rues de Lyon. Elle hiérarchise le territoire habité en fonction de l’effort d’entretien dont il fait l’objet. Celui-ci se structure en fonction de cinq classes réparties de la manière suivante :

Cette cartographie correspond à la traduction qualitative des fréquences de nettoiement et propose ainsi la structuration territoriale de la « propreté estimée ». Au-delà de la représentation de la propreté des rues, cette carte met en lumière les polarités spatiales, les zones de dynamisme et d’attractivité, les lieux emblématiques qui structurent le territoire de la ville de Lyon.

Basée sur des bornes de classes comparables à celles de la carte des fréquences de nettoiement, cette représentation cartographique montre globalement une forte concentration géographique de l’effort d’entretien. Les centralités avérées de la Presqu’île et de la rive gauche du Rhône ainsi que des centres plus secondaires focalisent l’effort d’entretien. Les territoires dynamiques attirants des flux considérables de population font ainsi l’objet d’une attention toute particulière et bénéficient par conséquent d’un effort d’entretien très important. Nous distinguons quatre entités caractéristiques :

Carte IV-25 : la propreté des rues
Carte IV-25 : la propreté des rues

Nous distinguons ensuite des unités de taille plus réduite mais dont l’enjeu reste comparable et qui bénéficient d’un effort d’entretien très important. Il s’agit tout d’abord de territoires emblématiques de la ville s’inscrivant dans la continuité de l’hyper-centre, à savoir les zones piétonnes du Vieux Lyon (quartier Saint-Jean et Saint-Paul du 5ème arrondissement) ou des points stratégiques plus isolés mais devant participer à l’image d’une ville propre. C’est par exemple le cas des bâtiments bordant le quai Pierre Scize (entre les 5ème et 9ème arrondissements) proches de l’église Saint-Paul, de la gare, des locaux des Archives Départementales et de la Place de l’Homme de la Roche ou les bâtiments localisés sur le quai Arloing Q. Chauveau proche du Conservatoire National de Musique (9ème arrondissement). Cet effort d’entretien concerne ensuite des cœurs de quartier d’étendue variable mais dont le dynamisme et l’attractivité sont tels qu’une intervention soutenue est nécessaire pour maintenir un « bon niveau » de propreté. Ces entités territoriales correspondent à des zones de chalandise capable de satisfaire les besoins quotidiens des habitants mais étant aussi en mesure d’attirer une population résidente plus éloignée. Elles polarisent ainsi l’activité et concentrent les déplacements. Nous pouvons ainsi citer :

Les territoires bénéficiant d’un effort d’entretien particulièrement important pouvant ainsi répondre à un haut niveau de « propreté estimée » sont globalement peu nombreux. Ils ne représentent en effet que 14% des bâtiments habités de la ville de Lyon.

À partir de ces polarités, l’attention portée à la propreté décroît lentement. Les territoires qui leur sont immédiatement contigus forment ainsi des couronnes bénéficiant d’un effort d’entretien important. Ces bordures forment avec leurs centres des entités spatiales cohérentes dans laquelle l’intensité de l’effort pour la propreté commence à diminuer. Sans être proche de zone de polarité, certains territoires bénéficient cependant d’un important effort d’entretien. Il s’agit en effet du bassin de vie du Point du Jour proche de la place Bénédict Tessier (5ème arrondissement), du centre de Saint-Just de part et d’autre de la rue de Trion (5ème arrondissement) et de deux territoires limités de Montchat proche de la place Ronde et de part et d’autre du cours du Docteur Long proche de l’avenue Lacassagne. Le reste des bâtiments répondant à cet effort important d’entretien est disséminé sur l’ensemble du territoire sans véritablement le structurer. Bien que globalement répartis de manière diffuse, 12% des bâtiments habités de Lyon répondent à ce niveau d’investissement.

Au total, un tiers du territoire habité fait l’objet d’une attention particulière pour maintenir un niveau de propreté adapté à la dynamique urbaine dont il est le support. Comme le montre le graphique décrivant la répartition des bâtiments habités en fonction de l’importance de l’effort d’entretien qui caractérise leur environnement, il convient de noter qu’une part importante du territoire répond à un investissement plus relatif.

Graphique IV.6. Importance de l’effort d’entretien : répartition des bâtiments habités
Graphique IV.6. Importance de l’effort d’entretien : répartition des bâtiments habités

En effet, 38% des bâtiments habités lyonnais ont un voisinage entretenu sans que l’effort de propreté soit pour autant significatif. Ces territoires correspondent au substratum du centre de la ville et forment ainsi une large zone interstitielle qui relie les différentes polarités de la Presqu’île et de la rive gauche. Ceux-ci s’étendent d’ailleurs au-delà de ces deux zones attractives pour également atteindre les centralités plus secondaires. L’effort d’entretien intermédiaire caractérise ainsi un nombre important de bâtiments habités situés à l’est de la ville (zone au-delà des voies ferrées et le boulevard urbain traversant les 6ème et 3ème arrondissements), au sud de Lyon (partie méridionale des 2ème et 7ème arrondissements derrière les voies ferrées et l’autoroute) et un nombre plus limité de bâtiments habités à l’ouest (éparses dans le 5ème arrondissement et regroupés autour du centre de Vaise dans le 9ème arrondissement). Ces territoires bénéficient ainsi d’un effort d’entretien supposé suffire à la propreté des espaces résidentiels. Il s’agit d’assurer la qualité des cadres de vie essentiellement résidentiels dont l’activité s’inscrit à l’échelle de la proximité sans vocation attractive, ni dynamisme particulier en les maintenant à un niveau de propreté « adéquat » à leur fonction « d’habiter ».

Il convient ensuite de noter que plus d’un tiers du territoire habité lyonnais ne bénéficie que d’un faible effort d’entretien. Il s’agit principalement de vastes territoires à l’ouest de la commune (sur les 5ème et 9ème arrondissements) et à l’est (partie orientale des 3ème et 8ème arrondissements), d’une zone plus limitée proche de la Saône à l’ouest des 4ème et 1er arrondissements, puis les bords du Rhône en amont des ponts Winston Churchill et De Lattre de Tassigny avec une extension en direction de la montée de la Boucle (en limite du 4ème arrondissement et de la commune de Caluire-et-Cuire). Les bâtiments concernés par cette faiblesse d’entretien sont ensuite dispersés sur le reste du territoire souvent proches des zones d’activités, des zones industrielles ou de grandes infrastructures. Le caractère très résidentiel de ces cadres de vie semble induire un investissement limité pour l’entretien des rues. Ce faible effort d’entretien caractérise donc des territoires moins densément peuplés où l’activité et les commerces de proximité sont plus rares qu’ailleurs.

Nous pouvons enfin noter que seule une infime part du territoire lyonnais est imputée d’un très faible effort d’entretien. 1% des bâtiments habités reste ainsi en marge d’une dynamique de propreté. Ces territoires correspondent pour la majorité à des cas isolés et spécifiques de l’armature urbaine. Il s’agit par exemple des bâtiments situés dans l’enceinte du parc de la Tête d’Or dont une partie seulement est habitée (6ème arrondissement), de la caserne militaire Sergent-Blandan (7ème arrondissement), des résidences de l’Île Barbe (9ème arrondissement) ou des bâtiments de gendarmerie dont certains sont habités (2ème arrondissement).

Globalement, cette représentation cartographique, au travers de l’importance différenciée des efforts d’entretien, hiérarchise les traitements dont bénéficie l’espace pour aspirer à la propreté et priorise par là même les cadres de vie en fonction de leur densité, de leur dynamisme et de leur attractivité. Cette information renseigne considérablement sur la propreté escomptée et sur le niveau de qualité attendu. La propreté telle qu’elle est représentée ici reste profondément liée à la morphologie et à la fonctionnalité des territoires. Il s’agit davantage de la représentation d’une « propreté de fonction » que d’une propreté réelle ou effective.