3.1. Analyse de « l’offre en espaces verts » : le territoire lyonnais marqué par un profond clivage spatial

Il s’agit dans un premier temps de caractériser, pour l’ensemble des bâtiments de la ville de Lyon, l’offre en espaces verts publics à travers leur emprise spatiale et la disponibilité des activités possibles.

3.1.1. L'attractivité des espaces verts en fonction de leur surface

La carte IV.33. présentant l'attractivité de l'ensemble des espaces verts de la ville de Lyon permet d'opposer un hypercentre urbain densément peuplé largement dépourvu d'emprise verte à des secteurs périphériques plus préservés. Globalement, le 6ème arrondissement, le sud du 7ème, les secteurs plus limités à l'ouest des 4ème et 1er arrondissements et surtout l'ouest de la commune, bénéficient de la présence de grands parcs urbains. L'est de la commune est davantage marqué par l'emprise plus ponctuelle d'espaces publics urbains de taille réduite.

L'ouest de la commune, répartie sur une large part des 9ème et 5ème arrondissements s'impose tout d'abord comme un territoire préservé où l'urbanisation moins dense a permis le maintien et le développement des espaces verts en ville. Avec entre autre la promenade de Saint-Rambert (de près de 3 000 m²), le parc de Grand Champ (de plus 18 200 m²), le bois de Balmont (de plus de 41 700 m²), le jardin public de la Duchère (de plus de 72 200 m²) et le square Montel (de plus de 15 200 m²), le 9ème arrondissement dispose d'une couverture verte favorable au cadre de vie des habitants. L'ensemble de ce territoire bénéficie ainsi d'une attractivité comprise entre 2 et 4 points. Le centre de Vaise tire avantage de sa localisation et dispose d'une attractivité de plus de 6 points. Le large secteur autour de Vaise profite également de la superposition des aires d'influence des espaces verts et s'individualise par un important niveau d'attractivité (entre 4 et 6 points).

De la même manière, la présence d'espaces publics conséquents comme par exemple le jardin du Rosaire (de plus de 20 300 m²), le parc de la Mairie du 5ème arrondissement (de près de 20 000 m²), le parc de Champvert (de plus de 12 100 m²), le parc et poney club (de plus de 48 000 m²), le parc de Ménival (de près de 14 500 m²), auxquels s'ajoutent différents squares de taille plus réduite, constituent une maille verte améliorant le cadre de vie des habitants. Le secteur du Point du Jour comme les hauteurs de Fourvière et de Saint-Just offrent ainsi une attractivité de plus de 4 points. Le reste du 5ème arrondissement, à l'exception de quelques rares secteurs ne disposant d'aucun espace vert à proximité, présente une attractivité moyenne de 2 à 4 points.

Carte IV-33 : l'attractivité des espaces verts
Carte IV-33 : l'attractivité des espaces verts

Les secteurs proches de la Saône au nord de la ville sont largement marqués par l'emprise de grands espaces verts. Avec la présence du parc de la Cerisaie (de près de 119 000 m²), des balmes Serin de la Croix-Rousse (de plus de 13 000 m²), du parc Francis Poppy (de près de 7 800 m²), du jardin des Chartreux (de plus de 18 300 m²), de l'espace vert de la Grande Cote (de près de 9 000 m²), du parc Sutter (de plus de 4 600 m²), de l'amphithéâtre des Trois Gaules contigu à l'espace vert Lucien Spotisse (pour un total d'environ 14 000 m²), le secteur oriental des 4ème et 1er arrondissements bénéficie d'une couverture verte conséquente. L'attractivité des espaces verts est ainsi supérieure à 2 points, pour atteindre les 4 à 6 points sur une large partie du 1er arrondissement. Nous distinguons également des micro-secteurs où l'attractivité, du fait de la superposition des aires d'attraction, est encore plus importante : à savoir le début de la rue des Chartreux et le secteur proche de la Saône vers la montée de la Butte pour le 1er arrondissement. Pour le 4ème arrondissement, il s'agit de la zone située entre le jardin de la Cerisaie et le Parc Francis Poppy, vers la rue Phillippe De Lassalle et le secteur proche du square Bouvier près de la rue Pailleron.

Il convient enfin de souligner la particularité de ce secteur de part et d'autre de la Saône. Il faut en effet préciser que la représentation cartographique présentée ici ne tient pas compte de la rupture physique de la rivière qui traverse ce territoire. Qu'il s'agisse de la rive droite ou gauche de la Saône, le territoire bénéficie de l'influence des espaces verts situés sur la rive opposée. Bien que cette interprétation de l'attractivité des espaces verts puisse paraître irrespectueuse de la réalité du territoire et nie en quelque sorte l'existence de ruptures urbaines indéniables, il convient de préciser que ces deux territoires ne sont pas totalement déconnectés. L'accessibilité entre les deux rives de la Saône est ainsi assurée par une succession importante de ponts : la passerelle de l'Homme de la Roche et le pont du Général Koenig reliant le 9ème au 1er arrondissement et le pont Masaryk entre le 4ème arrondissement et Vaise. Cette vision "unifiée" du territoire n'engendre pas une altération profonde des résultats, elle ne vient que renforcer le phénomène avéré de l'emprise valorisante des espaces publics urbains de ces territoires corrélé à des conditions favorables de localisation et de proximité. Le constat reste identique pour la partie est de ces territoires, puisque les 4ème et 1er arrondissements, coté Rhône, comptent à la fois la présence des espaces verts proches de la Montée de la Boucle (4ème arrondissement), le jardin du Gros Cailloux, le jardin Villemanzy (montée Saint-Sébastien) et le jardin Croix-Paquet (1er arrondissement) et profitent de l'attractivité du parc de la Tête d'Or situé sur la rive gauche du Rhône. Ces deux entités géographiques, bien que séparées par la barrière physique du fleuve, ne manquent pas de connexion réelle. Le pont Winston Churchill relie en effet la montée de la Boucle (4ème arrondissement) au quai du Rhône et le pont De Lattre De Tassigny fait le lien entre le 1er et le 6ème arrondissement.

La rive gauche du Rhône est quant à elle structurée par l'emprise de deux grands parcs urbains. Au nord, le parc de la Tête d'Or de près de 10 hectares étend son attractivité sur la quasi-totalité du 6ème arrondissement. À cette valorisation de cadre de vie assuré par la proximité de ce parc d'agglomération s'ajoute la présence de petits espaces verts de proximité et la place Maréchal Lyautey végétalisée et aménagée d'un ludoparc. Ce territoire central de la ville de Lyon peut ainsi prétendre à une couverture végétale conséquente dont l'attractivité des espaces verts est de 2 à 4 points pour atteindre plus ponctuellement, sur des zones de chevauchement, entre 4 et 6 points.

Au sud du 7ème arrondissement, la situation est similaire. Le territoire bénéficie de la proximité du parc urbain de Gerland recensant plus de 733 500 m² de pelouses, d'arbres et de parterres fleuris. À cette mitoyenneté se juxtapose la présence d'espaces verts de proximité améliorant ainsi la qualité des cadres de vie.

Comme nous l'avons précisé en introduisant l'analyse, l'est du territoire lyonnais se caractérise par l'emprise d'espaces de taille moyenne. Ce secteur situé derrière le boulevard urbain et les voies ferrées, à cheval sur les 3ème et 8ème arrondissements, forme une entité discontinue où les bâtiments bénéficiant d'une certaine attractivité (entre 2 et 4 points) côtoient de nombreux bâtiments dépourvus d'accessibilité aux espaces verts. Le 3ème arrondissement se structure autour du square Georges Bazin (de près de 25 000m²) proche de l'avenue des Acacias (3ème arrondissement) et du parc Chambovet (de plus de 39 200 m²). En limite des 3ème et 8ème arrondissements, nous pouvons noter l'attractivité du jardin public de l'Institut Lumière (de plus de 13 000 m²). Le 8ème arrondissement se caractérise principalement par la présence du Clos Layat (aire de jeux de plus de 99 000 m² située sur la route de Vienne) et bénéficie également de l'attractivité du parc départemental de Parilly localisé sur les communes de Bron et de Vénissieux. Malgré la localisation éparse d'espaces verts de taille moyenne, de nombreux bâtiments demeurent éloignés de toutes sources de loisirs et de détente.

Le reste du territoire lyonnais connaît une situation bien plus dégradée. L'hypercentre réparti de la place Carnot (2ème arrondissement) à l'Hôtel de Ville (1er arrondissement) et son extension au sud en direction du territoire en reconversion de Confluence ainsi que le centre de la rive gauche du cours La Fayette (limite entre les 6ème et 3ème arrondissements) aux voies ferrées et son extension vers le sud sur les territoires de Gerland (7ème arrondissement) témoignent d'une importante pénurie d'espaces verts. Structurés par une localisation sporadique d'espaces verts « de poche » de moins de 8 000 m², ces territoires se caractérisent par une déficience préjudiciable. Il convient en effet de préciser que sur l’ensemble de ce territoire, nous comptons seulement 72 ha d’espaces verts. Ces cadres de vie affichent ainsi une forte dominance urbaine qui laisse une place fort limitée à l'intégration des espaces de loisirs et de détente végétalisés.

Cette première cartographie représentant les différents niveaux d'attractivité des espaces verts de la ville témoigne ainsi d'une profonde disparité spatiale opposant le centre urbain dense considérablement dépourvu de lieux de promenade et de détente à une périphérie plus préservée où les espaces verts sont davantage intégrés au milieu urbain.