3.2. Représentation cartographique de l’importance de la disponibilité des espaces verts lyonnais

La carte IV.35. basée à la fois sur l’attractivité des espaces verts et les usages qu’ils proposent représente les disponibilités des espaces verts de l’ensemble du territoire lyonnais. Cette interprétation plus qualitative du phénomène cherche à caractériser le milieu urbain en fonction de l’importance de sa disponibilité en espaces verts. Il s’agit d’évaluer le champ des possibles tant en matière de proximité des espaces de loisirs et de détente qu’à travers la diversité des activités qu’ils proposent. Cette hiérarchisation se base sur un principe multiplicateur. Pour chacun des bâtiments habités de la ville de Lyon, il s’agit en effet de considérer l’attractivité dont il dispose et de multiplier ces points d‘attractivité au nombre d’usages possibles. Cette méthode permet de majorer l’attractivité des espaces verts en fonction de la diversité des usages dont ils disposent. Cette cartographie se structure alors autour des 5 classes qualitatives suivantes :

Carte IV-35 : disponibilité des espaces verts
Carte IV-35 : disponibilité des espaces verts

La représentation ainsi obtenue localise en vert de rares secteurs préservés disposant d’une offre réelle en espaces verts. Celle-ci met principalement en évidence le caractère très urbain d’une grande partie du territoire lyonnais stigmatisé par une profonde pénurie d’espaces verts. Comme le montre le graphique ci-dessous, les disparités spatiales des « disponibilités vertes » font état d’une pénurie caractéristique.

Graphique IV.8. Importance de la disponibilité des espaces verts : répartition des bâtiments habités
Graphique IV.8. Importance de la disponibilité des espaces verts : répartition des bâtiments habités

En effet, seul 10% des bâtiments habités connaissent une proximité favorable à la qualité de vie quotidienne. Ces bâtiments se localisent ainsi soit au voisinage de grands parcs urbains, soit sur des secteurs de juxtaposition bénéficiant de ce fait d’une offre multiple tout en profitant d’une diversité d’usages considérable. Ces secteurs privilégiés jouissant d’une avantageuse mixité fonctionnelle sont ainsi peu nombreux. Il s’agit du cœur de Vaise (9ème arrondissement), du secteur proche de la montée de la Boucle (4ème arrondissement) et sa continuité vers le boulevard de la Croix-Rousse (limite entre les 4ème et 1er arrondissements), et la zone proche de la Saône, de la montée de la Butte (1er arrondissement) jusqu’à la rue de la Tourette en passant par la rue des Chartreux et le début du boulevard de la Croix-Rousse. Nous distinguons également le secteur nord du 6ème arrondissement où les bâtiments habités bordant le Parc de la Tête d’Or bénéficient d’une forte « disponibilité verte ». Il en est de même pour le sud du 7ème arrondissement. Les rares bâtiments habités implantés au sein du Parc scientifique Tony Garnier profitent ainsi de la proximité et des potentialités du parc de Gerland. Dans la logique de qualité de vie au quotidien qui est la nôtre, les atouts de ce grand parc urbain restent limités dans la mesure où le territoire qui lui est contigu n’a qu’une faible vocation résidentielle. Le secteur situé entre les avenues Jean Mermoz et Paul Santy (zone est du 8ème arrondissement) bénéficie également d’une forte « disponibilité verte » issue de la proximité du parc Départemental de Parilly (situé sur les communes de Bron et Vénissieux).

Les zones disposant d’une « disponibilité verte » intermédiaire correspondent à des territoires interstitiels faisant le lien entre les espaces avantagés et défavorisés. Pour le secteur ouest de la commune, nous les retrouvons principalement au nord de Vaise entre le quai du Commerce et la gare de Vaise (9ème arrondissement). Nous pouvons également citer les bâtiments habités proches des quais de Saône (quais Arloing, Pierre Scize) ainsi que quelques secteurs plus éparses comme ceux de la Sauvegarde et de Balmont (9ème arrondissement), de Saint-Jean, Saint-Georges et le secteur de Champvert (5ème arrondissement). C’est dans le centre de la ville que la « disponibilité verte » dite intermédiaire est la plus étendue. Elle concerne essentiellement les bâtiments habités du secteur de Serin bénéficiant de la présence du jardin public la Cerisaie et ceux de la Croix-Rousse de part et d’autre de la rue Dumont d’Urville (4ème arrondissement). Pour la rive gauche du Rhône et le secteur est de la commune, les bâtiments habités en situation intermédiaire se concentrent sur les pourtours lointains des aires d’attractivité des grands parcs urbains.

Il est important de garder à l’esprit que la description ainsi faite des territoires bénéficiant d’une « disponibilité verte » conséquente ne concerne qu’un tiers des bâtiments habités de la ville de Lyon. Il convient alors de préciser que l’insuffisance de l’intégration des espaces verts au milieu urbain affecte près de 75% des bâtiments résidentiels lyonnais. La très grande majorité du territoire de Lyon propose ainsi des cadres de vie particulièrement dégradés au regard de la disponibilité des espaces verts publics puisque 36% des bâtiments habités présentent une faible « disponibilité verte » auxquels s’ajoutent 38% caractérisés par une pénurie en espaces verts. Au total, cela concerne plus de 28 000 bâtiments essentiellement localisés en hypercentre (de la Presqu’île à la Confluence), sur une très large part du 5ème arrondissement, de la rive gauche ainsi que sur l’est de la commune (du 6ème au 8ème en passant par le 3ème arrondissement). Cette situation très largement héritée peut, à court terme, évoluée puisque le cœur de la commune va bénéficier de la réalisation d’un certain nombre de projets importants de création d’espaces verts. C’est par exemple le cas du projet de la place du Dauphiné (3ème arrondissement), du projet du parc de Sergent Blandan (sur le site de l’ancienne caserne militaire, 7ème arrondissement) et surtout du projet du parc de Confluence (2ème arrondissement). Grâce à la réalisation de ces trois projets, la physionomie très minérale du centre lyonnais peut alors rapidement évoluée.

Cette cartographie met par conséquent en évidence la déficience de la « couverture verte » matérialisée par l’insuffisance de l’emprise des espaces verts publics corrélée à la faiblesse des pratiques et des usages proposés. L’offre en espaces verts susceptible de répondre aux attentes des habitants est très loin d’être assurée partout. La possibilité de fréquenter un espace vert et la capacité de s’adonner à des activités ludiques, de promenade et de détente restent des privilèges.

Finalement, cette cartographie permet de qualifier les cadres de vie lyonnais en fonction de leur « disponibilité verte » qui conditionne en quelque sorte leur « capacité de service ». Il s’agit d’évaluer la qualité de l’offre en espaces verts et par là même d’apprécier l’aptitude du territoire à satisfaire les besoins ciblés de la vie quotidienne. Cette représentation, au-delà de la mise en évidence de profondes disparités spatiales, permet surtout de révéler la domination urbaine de la commune de Lyon et illustre cette profonde « carence verte » du territoire. Cette production cartographique participe par conséquent à la qualification des cadres de vie et par là même à la construction de la représentation de la qualité de vie quotidienne des lyonnais.