1.3. Taille des logements, propreté des rues et qualité de l’air : des situations encore difficiles pour la majorité des habitants

Certaines caractéristiques des cadres de vie offrent des situations plus intermédiaires sans pour autant proposer un cadre de vie agréable au plus grand nombre. Qu’il s’agisse de la taille des logements, de la propreté des rues ou de la qualité de l’air, moins d’un lyonnais sur trois bénéficie d’un bassin de vie de qualité. À travers ces résultats, il apparaît clairement que « l’accès à la qualité de vie quotidienne » demeure le privilège d’une minorité et que chacun ne peut prétendre à un cadre de vie à la fois valorisé et valorisant.

Le diagnostic urbain a précédemment montré la grande hétérogénéité du parc de logement lyonnais. Il convient à présent d’estimer le nombre d’habitants concernés par les différents profils de logements. La taille des résidences principales a été traitée par le biais d’une analyse typologique menée conjointement sur le nombre de pièces d’habitation et la superficie des logements. La considération de la structure démographique de la ville de Lyon permet par conséquent d’estimer l’ampleur des disparités sociales de la taille des logements. Comme l’illustre la graphique V.4., près d’un lyonnais sur trois (32% des habitants) réside dans un cadre de vie intermédiaire au sein duquel la taille des logements reste représentative du profil moyen de la commune. 29% des habitants déplorent au contraire un cadre de vie particulièrement dégradé par la surreprésentation de logements très exigus auxquels s’ajoutent 9% de la population pâtissant d’un cadre de vie dégradé par la prédominance de logements exigus. Au total, 38% des habitants subissent un cadre de vie marqué par la taille réduite de ses logements.

Graphique V.4. La taille des logements : hétérogénéité des situations
Graphique V.4. La taille des logements : hétérogénéité des situations

© BARBARINO-SAULNIER Natalia, 2005.

À l’inverse, 23% des lyonnais bénéficient d’un cadre de vie favorisé par la présence de logements spacieux alors que seuls 7% de la population peuvent prétendre à des logements de très grande taille. L’offre du parc caractérisée par l’étude de la taille des logements croisée à la réalité de la structure sociale du territoire permet d’optimiser notre approche. Cependant, ce degré de connaissance démographique est trop général pour répondre à la complexité des logiques d’habitat. Il aurait été intéressant de travailler à l’échelle du ménage (nombre de personnes qui compose le ménage) voire à l’échelle de la famille (caractéristiques des familles : familles monoparentales, couples, nombre d’enfants, catégories socioprofessionnelles, âge du chef de famille,…). Toutefois, pour des raisons techniques, nous n’avons pas souhaité développer davantage cette approche. Cette orientation aurait en effet nécessité le recours à des traitements typologiques lourds qui dépassent de loin le cadre de l’expérimentation que nous avons fixé.

La propreté des rues correspond à une caractéristique majeure de la qualité des cadres de vie. Seulement, l’effort de propreté organisé par les services du Grand Lyon en vue du maintien ou de l’amélioration de la qualité de vie des lyonnais, fait état d’une situation encore difficile pour une part importante de la population. Comme le montre le graphique ci-dessous, 43% des habitants résident dans un cadre de vie intermédiaire marqué par un effort d’entretien moyen (de 4 à 6 passages en moyenne par semaine). Près d’un tiers de la population déplore au sein de leur cadre de vie une déficience de l’effort d’entretien des rues. Globalement, près d’un lyonnais sur trois habite un territoire qui n’est pas nettoyé tous les jours (moins de 4 passages en moyenne par semaine).

Graphique V.5. Les disparités sociales de la propreté des rues
Graphique V.5. Les disparités sociales de la propreté des rues

© BARBARINO-SAULNIER Natalia, 2005.

L’effort de propreté ne touche par conséquent qu’une part limitée de la population. 12% des habitants bénéficient ainsi d’un cadre de vie préservé, caractérisé par un effort de propreté soutenu (entre 6 et 7 passages en moyenne par semaine) alors que 13% des lyonnais profitent d’une attention toute particulière (plus de 7 passages en moyenne par semaine, soit plus d’un passage de nettoiement par jour). Au total, seul un lyonnais sur quatre bénéficie d’un traitement significatif.

Bien que l’effort de propreté soit naturellement lié au dynamisme et à l’attractivité des cadres de vie, l’importance différenciée des efforts d’entretien pénalise une part considérable de la population. La hiérarchisation des niveaux de propreté permet de prioriser les espaces de vie en fonction de leur densité et de leur rayonnement mais demeure en inadéquation avec la répartition des habitants et la structure sociale de la ville de Lyon.

L’évaluation de la qualité de l’air présente une situation moins discriminante. Près de la moitié des lyonnais réside en effet dans un cadre de vie au sein duquel les dommages liés à la pollution atmosphérique restent intermédiaires. Comme le montre le graphique ci-dessous, 46% de la population bénéficient d’une qualité de l’air propre au milieu urbain. À l’inverse prés d’un tiers des habitants évolue dans un cadre de vie plus préservé pour lequel les dégradations de la qualité de l’air demeurent faibles voire négligeables.

Graphique V.6. Disparités sociales de la qualité de vie au regard de la qualité de l’air
Graphique V.6. Disparités sociales de la qualité de vie au regard de la qualité de l’air

© BARBARINO-SAULNIER Natalia, 2005.

Il convient néanmoins de préciser que 20% des habitants subissent au quotidien d’importantes détériorations de leur environnement. Par conséquent, pas moins d’un lyonnais sur cinq est soumis à des dégradations non négligeables de la qualité de l’air qu’il respire au cœur de son espace de vie restreint. Les plus touchés par la pollution atmosphérique due à la circulation automobile demeurent cependant fort limités. Seulement, 3% de la population lyonnaise sont ainsi exposés à de très fortes dégradations mettant en cause la qualité de l’air des cadres de vie dans lequel elle réside.