2.2. Accidentologie et localisation des structures d’accueil des plus jeunes : un réel danger pour nos enfants ?

L’objet de cette expérimentation est d’identifier l’exposition au risque d’accident encouru par les plus jeunes aux abords des structures qui les accueillent. Pour ce faire, nous avons réutilisé l’indicateur synthétisant au mieux les phénomènes accidentogènes, à savoir l’indicateur de gravité tenant compte à la fois de la densité des accidents de la circulation et de leur gravité. À partir de la spatialisation au bâtiment de cet indicateur, nous avons procédé à une interpolation de l’information permettant d’obtenir un lissage des données sur l’ensemble du territoire. À cette extrapolation, nous avons pu juxtaposer la localisation de différentes structures d’accueil des plus jeunes. Les crèches et haltes-garderies, les écoles maternelles et primaires publiques, les collèges et lycées publics ont ainsi été identifiés. Ce positionnement permet par conséquent d’estimer la dangerosité du territoire contigu à chacun des équipements. Cette connaissance permet donc d’évaluer l’exposition au risque de la circulation automobile d’une population particulièrement sensible. La carte V.11. présentée ci-après illustre l’ampleur du phénomène.

Carte V-11 : les structures d'accueil des plus jeunes face à la dangerosité des infrastructures routières
Carte V-11 : les structures d'accueil des plus jeunes face à la dangerosité des infrastructures routières

Cette représentation cartographique permet de préciser la localisation de l’ensemble des structures d’accueil du jeune public en fonction de la dangerosité du territoire. Cette territorialisation de l’exposition potentielle au risque de la circulation automobile montre que l’essentiel de ces équipements spécifiques est implanté sur des territoires accidentogènes. Afin de mieux interpréter cette expérimentation, le graphique ci-dessous reprend le nombre précis d’établissements en fonction de l’indicateur de dangerosité des infrastructures routières de leur environnement immédiat.

Graphique V.13. Répartition des structures d’accueil des plus jeunes en fonction de l’indicateur de dangerosité du territoire lyonnais
Graphique V.13. Répartition des structures d’accueil des plus jeunes en fonction de l’indicateur de dangerosité du territoire lyonnais

Comme le montre ce graphique, sur les 443 établissements d’accueil recensés sur l’ensemble de la ville de Lyon, seuls 75 d’entre eux sont épargnés par le risque d’accident de la circulation. Leur répartition est ensuite plus équilibrée : 41 établissements sont affectés par un indicateur de 0.5, 40 structures sont déjà à 1, 44 équipements déplorent un indicateur de dangerosité de 1.5 alors qu’ils sont autour d’une trentaine situés à proximité d’infrastructures routières dangereuses (indicateur compris entre 2 et 3.5). La courbe des effectifs cumulés montre ensuite que plus de la moitié des structures d’accueil sont implantées sur un territoire soumis à un indicateur de dangerosité supérieur à 2. Il convient également de noter que plus d’un tiers d’entre eux est soumis à une dangerosité préoccupante puisque l’indicateur qui caractérise leur environnement est supérieur à 4.

Cette approche peut enfin être complétée par la considération des effectifs des différentes structures d’accueil. La prise en compte de cette information permet en effet de mesurer l’ampleur démographique de cette exposition au risque de la circulation. Cette analyse complémentaire permet d’évaluer le nombre d’enfants potentiellement exposés au risque d’accident de la circulation à proximité des structures qui les hébergent quotidiennement. Le graphique présenté ci-dessous cumule par conséquent les effectifs recensés au sein de l’ensemble de ces établissements en fonction des niveaux de dangerosité des infrastructures routières de leur environnement immédiat. Cette répartition s’effectue en fonction des simples effectifs puis sous forme d’effectifs cumulés.

Graphique V.14. Effectifs des structures d’accueil exposés aux risques de la circulation automobile
Graphique V.14. Effectifs des structures d’accueil exposés aux risques de la circulation automobile

L’ensemble des effectifs concernés s’élève à plus de 92 200 enfants. Comme le montre le graphique ci-dessus, plus de 15 000 enfants évoluent dans des structures d’accueil éloignées du risque automobile alors que 25 000 d’entre eux sont exposés à un risque relatif (indice de dangerosité compris entre 0.5 et 1). Les effectifs se répartissent ensuite plus équitablement pour les valeurs de dangerosité de 1.5 à 4.5.

Globalement, la courbe des effectifs cumulés montre que de 50% des effectifs sont soumis à un indicateur de dangerosité supérieur à 1.5 alors que 30% d’entre eux sont exposés à un indicateur de dangerosité supérieur à 3. Il convient enfin de préciser qu’une part non négligeable des jeunes lyonnais est accueillie au sein de territoires particulièrement accidentogènes : plus de 20% des effectifs sont exposés à un indicateur supérieur à 4 alors que 10% d’entre eux déplorent un indicateur supérieur à 6.

Finalement, ce complément d’analyse visant à superposer la spatialisation des phénomènes accidentogènes et la localisation des établissements fréquentés par les « petits lyonnais » est une intéressante illustration des potentialités de croisement de cette méthode. Sans une mobilisation technique trop lourde ou sophistiquée, la démarche initiale d’évaluation de la qualité de vie quotidienne peut prendre de toutes autres proportions répondant ainsi à des ambitions plus ciblées.

Ces deux expérimentations menées sur la qualité de l’air et l’accidentologie du territoire lyonnais ne sont que les esquisses de la capacité de développement d’une telle démarche. Compte tenu de la diversité des thèmes abordés et de l’importance des données mobilisées, les exemples auraient pu être répétés. À la multiplication des illustrations, nous avons préféré l’approfondissement des potentialités méthodologiques d’exploitation. C’est pourquoi, l’orientation ultime de notre travail s’érige vers une vision plus transversale de la qualité de vie abandonnant l’étude thématique au profit d’une analyse multicritère.