1.2. De la connaissance des perceptions citadines au baromètre sociétal

Cette méthode d’évaluation de la qualité de vie, au delà de l’élaboration d’un état initial des caractéristiques offertes, propose une base de référence pour l’analyse du système perceptuel des acteurs de la ville. En questionnant directement les personnes qui pensent, font et vivent la ville sur les critères qu’ils jugent nécessaires à l’évaluation de la qualité de vie quotidienne, la démarche entreprise permet de cerner les préoccupations actuelles des habitants et des acteurs professionnels. Le regard porté sur les fondements de la qualité de vie quotidienne renseigne de manière plus large sur la société elle-même. Seulement, celle-ci n’est pas figée, elle évolue certes lentement mais imperceptiblement. Comme nous l’avons préalablement précisé, cette méthode met en lumière des résultats dont il ne faut pas nier le caractère circonstancié. Les critères de qualité de vie présentés correspondent ainsi à des perceptions particulières et conjoncturelles marquées par une temporalité spécifique et façonnées par un contexte géographique propre. Certes, cette démarche permet d’identifier les critères jugés nécessaires à l’évaluation de la qualité de vie quotidienne mais ils caractérisent les perceptions de cette notion à un temps « t » et s’appliquent uniquement au cas lyonnais. Cette connaissance des besoins et des aspirations ne peut en aucun cas être considérée comme constante ou universelle. Ces indicateurs sont en effet le reflet d’un système singulier de représentations. Comprendre ce qui façonne la qualité de vie permet par conséquent de saisir ce qui est important pour les individus et d’appréhender ce qui donne du sens à leur quotidien.

Cependant, il ne faut pas perdre de vue que ces éclairages évoluent dans le temps. Les éléments qui participent aujourd’hui à la qualité de vie quotidienne ne recouvrent pas totalement les exigences d’hier et seront sensiblement différents demain. L’enjeu est donc de suivre dans la durée les préoccupations sociétales qui donnent corps à la notion de qualité de vie. L’analyse dans le temps des systèmes perceptuels permet de mieux comprendre le monde qui nous entoure et de suivre l’évolution des besoins et des désirs du plus grand nombre. La reconduction de ce questionnement peut ainsi permettre de mesurer les évolutions sociétales en matière de qualité de vie quotidienne. Tel un baromètre des aspirations et des besoins individuels, cette méthode de prise de contact direct avec la population renseigne considérablement sur les représentations subjectives des citadins. En plus de l’évaluation des disparités spatiales des conditions de vie, cette méthode met entre les mains de l’analyste la restitution synthétique des opinions consensuelles, des appréciations convergentes permettant ainsi de dessiner des systèmes de valeurs partagés par un grand nombre d’individus. La mobilisation de cette connaissance perceptuelle permet donc de porter un regard éclairé et évolutif sur les projections de la société contemporaine. Qu’il s’agisse de considérer objectivement le milieu habité et d’apprécier les conditions de vie du territoire ou d’examiner les constructions perceptuelles de la société, cette méthode propose des outils concrets d’observation.

Cependant, la matérialisation de ces instruments de mesure ne constitue pas le seul atout de cette démarche. Elle offre également des apports moins formels mais tout aussi fondamentaux pour approfondir notre connaissance du tissu urbain. L’évaluation de la qualité de vie, tout d’abord envisagée comme une fin en soi, constitue également un « prétexte » efficace pour initier et fédérer autour d’une problématique cruciale des acteurs qui sans elle se seraient ignorés.