2.2. Construction d’un réseau local d’acteurs pour la formalisation d’une collaboration technique

L’élaboration de ce travail a donné lieu à la formation d’un réseau local d’acteurs participant aux réflexions techniques de construction d’indicateurs, permettant la mobilisation de données statistiques et l’échange de méthodes, ou sollicité pour la validation des procédés. La première démarche entreprise pour mener à bien cette évaluation de la qualité de vie a concerné la mise à disposition du fond de plan de la ville de Lyon. Pour cela, nous avons sollicité la Direction des Systèmes d’Information et de Télécommunications (DSIT) du Grand Lyon. Grâce à la collaboration de M. HENRISSAT et de C. PEYRARD, le service Information Géographique de la DSIT a mis à notre disposition les données cadastrales du Système Urbain de Référence à l’échelle de la ville de Lyon. Ce rapprochement avec les personnes en charge de la diffusion des données communautaires a permis de formaliser la mise à disposition du système de référence spatiale indispensable à la réalisation de notre travail. Par le biais d’une convention précisant les conditions d’utilisation des fichiers numériques appartenant à la Communauté Urbaine de Lyon, cette contribution technique a marqué le premier pas d’une étroite collaboration avec différents services du Grand Lyon.

Les échanges ont ensuite été plus thématiques. Les thèmes abordés n’ont pas tous suscité ou nécessité la même dynamique. Certaines problématiques ont été peu fédératrices, d’autres au contraire ont engendré une vaste mobilisation technique. Pour ne pas reprendre l’ensemble des échanges établis, des institutions sollicitées, des acteurs contactés et de ne pas répertorier l’ensemble des mises à disposition d’informations et du partage d’expériences préalablement évoqués, nous proposons d’illustrer la capacité fédératrice de cette méthode à travers les deux exemples les plus significatifs. L’appréciation des environnements sonores et l’évaluation de la qualité de l’air par la modélisation de la dispersion de la pollution atmosphérique ont en effet mobilisé un réseau d’acteurs spécialisés, complémentaires et techniquement incontournables. Ces champs d’investigation sont très spécifiques et nécessitent par conséquent des connaissances et des procédés particulièrement pointus. L’approche de ces deux thématiques a donc animé la construction d’un réseau d’experts.

L’évaluation des ambiances sonores a nécessité la mise à disposition de données spécifiques. Nous nous sommes ainsi rapprochés des services compétents afin d’expliquer la démarche entreprise et la nécessité d’appréhender les nuisances sonores pour mesurer de la qualité de vie quotidienne. L’information concernant le classement sonore des voies routières de Lyon est détenue par le service d’Hygiène et de Santé de la Direction de l’Ecologie Urbaine de la Ville de Lyon. Tout d’abord réticents quant à l’usage de leurs données, les professionnels de la Direction de l’Ecologie Urbaine ont consenti au transfert de leur base de données numérique. Nous avons longuement développé notre projet auprès de F. PRADIER, responsable des études appliquées du service qui a elle-même défendu notre initiative auprès de son directeur, le Dr RITTER. La prudence a ainsi laissé la place à une collaboration productive. Après la formalisation des engagements relatifs aux conditions d’utilisation de l’information, ce rapprochement nous a permis de prendre connaissance des rouages de la base de données et des références bibliographiques nécessaires à sa compréhension.

Pour mener à bien la construction de la modélisation de propagation du bruit à partir du classement sonore des voies, nous nous sommes tournés vers le département Environnement, Air – Bruit – Nature du CERTU. Par son expertise, ses références bibliographiques et ses connaissances techniques en la matière, N. FÜRST a largement guidé notre démarche. Intéressée par l’initiative d’une modélisation simplifiée de propagation du bruit routier étendue à l’ensemble du territoire lyonnais, cette acousticienne a éclairé notre développement. Notre collaboration a permis d’élaborer les principes d’une modélisation de la propagation adaptée aux contraintes de notre diagnostic tout en respectant les fondements de l’acoustique.

Nous avons par la suite présenté l’ensemble de notre approche ainsi que les résultats produits à plusieurs experts afin de s’assurer de la bonne conformité de la démarche. Les techniciens de la Direction de l’Ecologie Urbaine, N. FÜRST du CERTU ainsi que les acousticiens d’Acoucité ont ainsi été associés à cette validation. C’est en prenant appui sur les acquis techniques d’experts, grâce à de nombreux échanges et à cette coopération participative que nous avons pu cadrer nos développements. La mobilisation d’un réseau d’acteurs techniques a donc permis de pallier les carences de nos connaissances en acoustique, d’intéresser un public spécialisé à une démarche plus vaste que celle de l’étude des nuisances sonores tout en présentant une approche unanimement approuvée.

La démarche fut quelque peu différente pour l’évaluation de la qualité de l’air. Nous avons commencé par solliciter les institutions compétentes en la matière afin de dresser l’inventaire des données disponibles. Qu’il s’agisse des contacts pris avec la Mission Ecologie Urbaine du Grand Lyon, avec la Direction de l’Ecologie Urbaine de la Ville de Lyon, les services de mesures du COmité pour le contrôle de la Pollution Atmosphérique dans le Rhône et la région LYonnaise (COPARLY) ou avec J-P. VINOT, spécialiste de la qualité de l’air du département Environnement, Air – Bruit – Nature, du CERTU, l’inadaptation des données existantes s’est imposée sans appel. Nous avons ainsi été dans l’obligation de tendre vers la construction d’un jeu propre de données. Cette initiative ne peut être pleinement accomplie sans la collaboration d’un réseau technique approprié. Le CERTU a été dans un premier temps un véritable facilitateur de mise en réseau. À l’initiative de J-C. CASTEL, responsable du groupe Stratégies et Développements Urbains du CERTU, une étroite collaboration entre l’Agence d’urbanisme et le CETE de Lyon (Centre d’Etudes techniques de l’Equipement) a donné corps au projet de modélisation de la dispersion de la pollution d’origine routière sur l’ensemble de la ville de Lyon. Dans le cadre du développement de l’observation urbaine, le CERTU a incité la formalisation d’une coopération technique basée sur les compétences de chacun. Cette démarche d’évaluation de la qualité de vie a par conséquent permis de mener à bien une étude d’envergure. Cette perspective de rapprochement est apparue comme l’unique moyen de présenter des résultats probants pour l’évaluation de la qualité de vie tout en donnant au CETE de Lyon la possibilité de tester un modèle de dispersion sur un territoire aussi vaste que celui de la commune de Lyon. Notre collaboration avec J-F BURKHART et J. SAMPIC a donc permis de formaliser un projet fondé sur l’enrichissement et la complémentarité des spécialisations. En fonction des connaissances, des moyens, des outils de chacun, ce travail a été capable de faire techniquement progresser l’exercice de la mesure de la pollution atmosphérique tout en répondant à une problématique spécifique de l’évaluation de la qualité de vie.

Finalement, ce travail a permis de nouer des partenariats avec les détenteurs et les fournisseurs de données statistiques. Certains échanges ont ensuite développé des formes de partenariats nettement plus intégrées favorisant la coproduction et l’élaboration de diagnostics partagés. Cette expérience a ainsi montré que sous des formes différentes, selon des degrés d’implication distincts, cette approche a suscité de réelles collaborations techniques motivées bien sûr par la mise à disposition de données statistiques mais aussi par l’accompagnement et la validation de certains procédés, le transfert de compétences, l’échange méthodologique voire même la coproduction de résultats. L’exercice de la mesure de la qualité de vie, compte tenu de la diversité des thèmes qu’elle recouvre et de la complexité des critères qu’elle induit, suppose un dispositif dynamique où l’activité partenariale est une ressource fondamentale. Il est bien évident que nul ne peut être spécialiste en tout. L’évaluation de la qualité de vie demande cependant de combler cette naturelle et évidente spécialisation de la connaissance par une nécessaire mise en synergie des compétences. Cette expérience fut à cet égard d’un incomparable enrichissement.