3.1. Les fondements d’un diagnostic renouvelé

À l’heure où la majorité des documents de planification s’interroge sur les conditions nécessaires à la qualité des cadres de vie et souhaite prendre en compte l’attractivité des territoires, les résultats de cette évaluation de la qualité de vie participent à la redéfinition des ambitions des projets d’aménagement. Ce travail a montré à quel point il est nécessaire de prendre en considération les besoins et les aspirations des habitants pour améliorer leur quotidien. Comme l’explique le prédiagnostic du Schéma de cohérence territoriale (Scot) de l’agglomération lyonnaise, « s’interroger sur les qualités nécessaires à l’agrément de la ville et plus globalement appréhender la qualité de vie des habitants suppose de replacer l’individu au centre de nos préoccupations » 192 . Cette méthode d’identification des critères jugés essentiels à la qualité de vie a par conséquent été intégrée aux réflexions du Scot. Ce outil d’aménagement et de planification est élaboré avec la volonté de dépasser les champs traditionnels de l’urbanisme « dans un souci de cohérence des politiques publiques » et de leur mise en œuvre effective. Dans le cadre d’une réflexion transversale s’interrogeant sur « le cadre de vie attractif et durable » 193 , l’intégration des connaissances perceptuelles, les aspirations, les jugements de valeur des individus, que ceux-ci soient des experts ou des habitants, participent à la formulation de réponses renouvelées. Le Scot souhaite ainsi s’approprier les fondements de l’attractivité et de la qualité de vie pour développer au mieux le territoire l’agglomération lyonnaise : « pour comprendre les processus capables d’attirer et de retenir les ménages dans un cadre résidentiel, nous devons par conséquent comprendre les systèmes de représentations et les aspirations sociales (…). Comprendre les perceptions et les représentations que les individus ont du monde et d’eux-mêmes représente ainsi un enjeu essentiel pour l’action publique »614

Le Programme local de l’habitat (PLH) élaboré par la Mission Habitat de la Communauté urbaine de Lyon s’inscrit dans une démarche identique. Lors du diagnostic de cette révision du PLH, l’ambition est de proposer des orientations et de contribuer à la définition du programme d’actions de la politique de l’habitat. Comme l’explique G. Collomb, Président de la Communauté urbaine de Lyon, ce plan d’action doit « contribuer à l’amélioration des conditions de vie de nos concitoyens, quels que soient leurs aspirations et les moyens dont ils disposent » et doit « renforcer l’attrait de l’agglomération pour ceux qui veulent venir y vivre ou y travailler ». L’amélioration de la qualité des cadres de vie et le maintien de l’attractivité du territoire communautaire sont les enjeux de ce document de planification. Celui-ci se propose alors d’intégrer les connaissances relatives aux systèmes de représentations citadines aux orientations et préconisations des politiques publiques en matière d’habitat.

Dans le cadre d’une expertise spécifique, le PLH se propose d’identifier les critères d’attractivité qui peuvent fonder un choix résidentiel pour un particulier et un choix d’investissement pour un promoteur. Il s’agit de déterminer les facteurs qui motivent la localisation résidentielle des habitants tout en déterminant les processus de valorisation utilisés par les acteurs de l’habitat qu’ils soient publics ou privés. Cette approche ne peut se faire sans prendre en considération les caractéristiques sociales et territoriales qui structurent le cadre de vie quotidien, ni la vie sociale de proximité qui conditionne les sentiments d’appartenance et d’appropriation. Cette approche se propose d’examiner les conditions nécessaires à la satisfaction des besoins des habitants tout en considérant des phénomènes de construction subjective comme l’image des territoires ou l’appartenance à une structure sociale. Elle mêle ainsi les conditions nécessaires à la fonctionnalité du territoire (accès aux services et aux équipements publics, qualité environnementale des cadres de vie, proximité des commerces et services, qualité du produit logement, accessibilité aux réseaux de transports) et l’image symbolique que celui-ci peut revêtir. La méthode et les résultats qui émanent de cette démarche d’évaluation de la qualité de vie quotidienne ont directement inspiré l’expertise menée dans le cadre de la révision du PLH.

Ces deux exemples démontrent que les documents de planification urbaine ne peuvent entreprendre l’aménagement du territoire et convenablement guider l’action publique sans l’écoute des citoyens, la connaissance de leurs besoins et désirs et l’approbation des actions proposées. Au delà de la méthode d’évaluation de la qualité de vie qui vient d’être élaborée jusqu’à son terme, il s’agit d’entrevoir dans cette démarche une nouvelle manière de s’interroger dans la volonté affichée de mieux agir pour l’amélioration des conditions de vie de chacun. En cela, cette méthode constitue un instrument « stratégique » proposant aux documents d’orientations les fondements d’un diagnostic à la fois renouvelé et partagé.

Notes
192.

Agence d’urbanisme pour le développement de l’agglomération lyonnaise, Syndicat mixte d’études et de programmation de l’agglomération lyonnaise, 2004, « Rapport prédiagnostic. Etats des lieux du territoire du Scot. Premiers questionnements ». 309 pages.

193.

Agence d’urbanisme pour le développement de l’agglomération lyonnaise, Syndicat mixte d’études et de programmation de l’agglomération lyonnaise, 2004, « Rapport prédiagnostic. Etats des lieux du territoire du Scot. Premiers questionnements ». 309 pages.