Cette démarche d’évaluation par sa qualité d’observation urbaine permet d’interroger les grands enjeux du territoire identifiés au travers des orientations d’aménagement et de planification. Grâce à l’identification des critères nécessaires à la qualité de vie quotidienne, elle permet dans un premier temps de comparer les préoccupations citadines aux projets d’aménagement envisagés pour la commune. En effet, au regard des grandes orientations du Projet d’aménagement et de développement durable de Lyon (PADD), les axes de travail prédéfinis peuvent être confortés ou au contraire relativisés. Cette appréciation permet par exemple d’accentuer un certain nombre d’exigences relatives à la qualité du quotidien. Les espaces verts occupent dans les deux cas une place privilégiée. Identifiés comme un critère essentiel à l’évaluation de la qualité de vie, le PADD les place également au rang des orientations prioritaires : « les espaces verts et le patrimoine végétal diffus (…) participent à la qualité des paysages urbains » 194 . Pour développer le caractère végétal de la ville, ce document de planification prévoit de poursuivre « l’amélioration des espaces publics au service de la convivialité, de l’embellissement et de la lisibilité de la ville »616. De la même manière, la structure et la qualité de l’armature des centralités à travers le maintien ou la création d’une échelle de proximité sont particulièrement confortées. La « protection des commerces et services de proximité 616», « l’amélioration et la diffusion des équipements publics au quotidien 616 », la mixité fonctionnelle et les logiques d’équilibrage commercial entre les différents niveaux de centralités s’inscrivent comme des objectifs fondamentaux du PADD. En termes de déplacements, les orientations d’aménagement et les indicateurs de qualité de vie concordent. L’organisation du réseau de transports en commun reste un objectif fondamental. L’enjeu est alors de « compléter la maille des transports collectifs sur et autour de la ville centr 616 e ». La réduction des nuisances liées à l’usage de l’automobile en ville ainsi que la sécurité de déplacements « doux » (marche, vélo, roller) s’imposent également comme des priorités.
Après l’adéquation entre les attentes des habitants et les orientations d’aménagement, cette méthode permet d’étayer et de compléter les projets de développement par une analyse objective issue des différents diagnostics urbains. Cette démarche d’évaluation de la qualité de vie quotidienne permet de bâtir un solide argumentaire pourvu d’objectivité pouvant par conséquent préciser les perspectives d’aménagement. Envisagées comme des compléments d’information, ces appréciations de la qualité de vie permettent en plus de porter un regard croisé sur les orientations prévues. À l’état des lieux se juxtapose alors l’enjeu de croisement des objectifs thématiques. Cet outil offre ainsi la possibilité de dépasser l’expertise sectorielle au profit d’une vision plus transversale. Cette approche permettant d’évaluer le territoire au travers d’une analyse multicritère permet de « transcender » les schémas classiques d’observation proposant ainsi un outil d’orientation et d’optimisation des stratégies politiques et des décisions publiques.
Ce travail peut également avoir une déclinaison concrète à l’échelle de l’analyse locale et servir à la territorialisation des politiques publiques. Intégrée aux processus de réflexion concernant les stratégies d’aménagement, cette démarche permet, en effet, d’identifier les territoires de projet et de spatialiser au mieux l’action publique. Ce support à la décision se doit de donner le plus clairement possible les directions à suivre et les tendances à corriger. Qu’il s’agisse d’orientations globales comme celles proposées par le PADD ou celles issues des documents de planification thématique, cette approche permet de localiser les efforts attendus pour atteindre les objectifs annoncés et de spatialiser les atouts et les faiblesses des territoires administrés. Le Schéma directeur d’urbanisme commercial (SDUC) tente de renforcer l’offre commerciale de proximité au sein des centres urbains, comme le Plan des déplacements urbains (PDU) cherche l’équilibre des modes de déplacement pour « limiter l’usage de la voiture en ville au profit des transports collectifs et des modes doux » 195 tout en limitant « les nuisances de la circulation » et permettre à chacun de « se déplacer en sécurité 618». Les résultats objectifs de cette évaluation de la qualité de vie permettent par conséquent de matérialiser les objectifs à atteindre et de territorialiser les enjeux de la mise en œuvre des politiques publiques.
Ce travail peut, de manière plus ponctuelle, servir l’observation des territoires en transformation. Dans une perspective de maintien ou d’amélioration des conditions de vie, certains diagnostics thématiques peuvent enfin devenir de véritables outils « opérationnels » pour l’aide à l’aménagement du territoire. L’évaluation du bruit est, par exemple, une dimension que les gestionnaires locaux ou les promoteurs ne peuvent plus ignorer : elle est directement intégrée dans le Plan d’occupation des sols (POS) devenu le Plan local d’urbanisme (PLU). Ceci implique que la construction de nouveaux bâtiments ou la réhabilitation des anciens doivent répondre à un certain nombre de normes d’isolation phonique pour que le niveau imposé par ce classement des infrastructures de transports terrestres, soit préservé. L’isolement acoustique des bâtiments d’habitation dans les secteurs affectés par le bruit doit donc être adapté pour que la nuisance sonore n’évolue pas. Il en est de même pour l’aménagement de voies de circulation actuelles ou la création de nouvelles voies. Ces aménagements doivent tenir compte du classement sonore des infrastructures pour ne pas dégrader les conditions existantes des lieux d’habitation. L’estimation de la qualité des environnements sonores et la spatialisation à une échelle très fine des nuisances élaborées dans le cadre de cette évaluation de la qualité de vie permettent donc de veiller au maintien de la qualité des cadres de vie des habitants.
GRAND LYON, Agence d’urbanisme pour le développement de l’agglomération lyonnaise, 2004, « Plan Local d’Urbanisme. Rapport de présentation. Projet d’aménagement et de développement durable. Orientations d’aménagement ». Révision arrêt du projet. 151 pages.
SYTRAL, 2004, « Révision du PDU de l’agglomération lyonnaise. Projet arrêté du 11 mars 2004 ». 66 pages.