3.5. Perspective d’une démarche HQV pour l’exigence de la « Haute Qualité de Vie »

Il est de plus possible d’envisager les effets à long terme de cette démarche d’évaluation de la qualité de vie quotidienne. Compte tenu de la mobilisation dont elle a bénéficié et de la manière dont les résultats ont été accueillis par le monde professionnel, il est possible que cette méthode puisse avoir une incidence sur les modes de faire et de penser. De telles démarches pourraient en effet faire évoluer les mentalités sur la notion même de la qualité de vie et surtout sur sa prise en compte opérationnelle. L’aboutissement de ce projet pourrait en effet inciter à mieux considérer la qualité de vie au sein des politiques publiques afin de réellement œuvrer pour son amélioration. En participant à une réelle appropriation consciente de la notion de qualité de vie, cette approche pourrait permettre d’envisager la perspective d’une démarche de « Haute Qualité de Vie ». Comme un écho à la démarche de « Haute Qualité Environnementale » (HQE) qui préconise un « management de projet » visant à limiter l’impact d’une opération de construction sur l’environnement, la démarche « HQV » pourrait à son tour intégrer un Système de Management Environnemental (SME). Cette sensibilisation à la qualité de vie pourrait ainsi donner un sens nouveau aux politiques territoriales et permettre une approche plus transversale du développement durable. En lien avec des préoccupations plus larges intégrées aux processus de développement durable, la qualité de vie pourrait en effet constituer le point fondateur de l’organisation de l’action publique.

Motivées par un souci de performance, voire « d’excellence », les collectivités territoriales pourraient prendre la décision d’instaurer au sein même de leur organisation l’exigence de la qualité de vie, ce qui ne manquerait pas d’avoir une incidence sur leur mode de gestion et d’organisation. La notion de qualité de vie pourrait ainsi éclairer et guider l’action publique en intervenant en amont de la conception des projets et des orientations stratégiques. L’adaptation du management environnemental aux préoccupations pour la qualité de vie semble opérationnelle. Il est alors tout à fait possible d’envisager qu’une collectivité territoriale, par exemple, choisisse de faire de la qualité de vie son projet. De cette manière, les orientations envisagées, les projets élaborés, les décisions prises devraient s’inscrire dans la volonté d’améliorer la qualité vie de ses administrés. Les politiques d’habitat, de déplacement, de propreté, de sécurité, d’éducation, de santé, … devraient alors transcrire le dogme de la qualité de vie du citoyen. Un certain nombre de méthodes liées à la gestion et l’organisation de la structure pourrait par conséquent prendre en compte de manière systématique l’impact de l’action publique sur la qualité de vie, évaluer cet impact tout en oeuvrant pour son maintien et son amélioration.

Utilisés pour préciser les processus de la démarche HQE, le mangement environnemental pourrait permettre d’optimiser l’action publique en faveur de la qualité de vie. Ce système permet alors de considérer la qualité de vie comme le « fils conducteur » du projet politique incitant la mise en œuvre des diverses politiques publiques, la mesure de leur impact sur la qualité de vie, tout en favorisant leur évaluation. Cette démarche pourrait également permettre d’aborder des notions complexes telles que la « performance » ou la « rentabilité » des politiques territoriales. Ce processus organisationnel permettrait peut-être d’évoquer le coût de la non qualité de vie. Ce système basé à la fois sur la programmation, l’action et l’évaluation proposerait une vision globale favorisant le progrès, l’économie voire l’efficience. Ce vaste projet constitue, à notre sens, le paroxysme des éventuelles appropriations et usages de cette méthode d’évaluation. Cependant, il convient d’envisager cette possibilité avec réalisme. Il ne s’agit pas de proposer la superposition d’une grille méthodologique supplémentaire mais au contraire d’entrevoir l’opportunité d’un enrichissement des démarches d’évaluation existantes abordant le développement durable. Afin de sortir des démarches sectorielles, il semble judicieux d’aborder cette alternative par l’enrichissement de l’existant, le but étant de redonner du sens aux politiques territoriales en s’interrogeant davantage sur les attentes et les aspirations citadines. Cette méthode peut en effet permettre de sortir d’une approche technique du développement durable pour tendre vers une approche « plus humaine ». Cette démarche tend ainsi la main à une perspective de développement où l’homme aurait retrouvé sa place au coeur du projet et pour laquelle la qualité de vie serait le moteur d’un développement raisonné.