4.1. Vers un diagnostic hiérarchisé

Le retour sur cette méthode d’évaluation de la qualité de vie quotidienne et le regard introspectif que nous portons sur cette production, nous conduit à la formulation d’un regret : nous avons été incapables de restituer une hiérarchisation précise et univoque des critères de qualité de vie. En effet, bien que l’enquête auprès des professionnels et des habitants ait permis d’identifier les « grandes tendances » de la qualité de vie et déterminer les critères consensuels de sa mesure, celle-ci n’a pu aboutir à la formalisation stricte d’une hiérarchisation. L’objet du questionnement était bien entendu la recherche critériologique. Cet exercice a montré que la qualité de vie demeure une notion subjective structurée par des représentations individuelles souvent convergentes mais nécessitant une approche spécifique. Il n’a pas été possible d’interroger les individus sur les critères nécessaires à la mesure de la qualité de vie et d’exiger en même temps une classification précise de ces indicateurs. Il n’est en effet pas simple de travailler sur un matériau qui se construit pas à pas au travers de la connaissance des systèmes perceptuels des individus interrogés. Il semble par conséquent difficile d’ériger un questionnement pour découvrir ce que nous cherchons (à savoir, les critères de la qualité de vie) tout en interrogeant sur la hiérarchisation de ce que nous ne connaissons pas encore (toujours les critères de la qualité de vie).

Ce n’est qu’à présent, riches de cette connaissance, que nous pourrions envisager cet exercice de classification. Conçue comme une seconde phase de l’exercice d’évaluation, il serait aujourd’hui possible d’organiser, auprès d’un échantillon comparable, la prise de contact nécessaire à la hiérarchisation des critères. Pour ce faire, il serait nécessaire d’interroger les individus non plus sur les critères de qualité de vie, préalablement connus, mais sur l’organisation des priorités afin de connaître « l’intronisation » des différents critères. Une liste précise d’incitateurs pourrait alors être proposée, chacun des items critériologiques devant être affecté par un rang d’importance pour la qualité de vie. Seul un exercice spécifique peut, à notre sens, donner corps à une possible hiérarchisation. Bien que l’aboutissement d’une telle démarche ne soit pas certaine, nous restons persuadé que seule une prise de contact en deux temps reste viable. Il n’en reste pas moins que la classification des critères de qualité de vie demeure un exercice difficile, dont les résultats peuvent décevoir. Si cette démarche reste une proposition méthodologique incontournable, la finalité n’en est pas pour autant assurée. Cette orientation demeure néanmoins une piste de développement potentiellement intéressante qui permettrait de donner du sens à chacun des critères identifiés et de tendre vers un diagnostic urbain hiérarchisé. Le recours à cette classification permettrait de plus d’établir une pondération justifiée des indicateurs. À l’heure où la pondération des critères de qualité de vie s’effectue souvent sans réelle explication, cette validation serait en soit une précieuse avancée. Ce procédé aurait enfin l’avantage de faciliter les analyses multicritères et par la même de valoriser l’approche transversale de la qualité de vie.