annexes

Annexe 1. Principes d’ELABORATION DES MODES DE QUESTIONNEMENT DE L’ENQUÊTE

L’entretien semi-directif défini comme une « conversation ayant un but » 196 met en relation deux protagonistes que sont l’enquêteur et l’enquêté. L’enquêteur connaît l’ensemble des thèmes sur lesquels il doit obtenir des réactions de l’enquêté. Cet exercice de recueil de données demeure cependant délicat. Comme l’explique D. RUQUOY 197 , l’usage de l’entretien n’offre pas l’image d’une « science utilisant des procédés clairement formalisés et identifiables ». La subjectivité inhérente à cet outil de questionnement est à l’origine d’un certain nombre d’incertitude : « on ne peut certifier que les informations obtenues seraient identiques dans une autre situation (…), on ne peut assurer non plus une parfaite comparabilité des données du fait que le dispositif de questionnement ne peut être rigoureusement identique »668. Afin de réduire au maximum ces biais méthodologiques, l’entretien semi-directif s’appuie sur un « guide » ou une « grille » d’entretien qui sert d’armature à l’échange verbal d’informations. À l’image d’un pense-bête, la grille d‘entretien rédigée grâce à des pré-tests, recense l’ensemble des thèmes qui doivent être abordé avant la fin de l’entretien. Comme tout mémento, la grille d’entretien doit être rapidement et facilement consultable. C’est pourquoi il convient de la construire autour de notations brèves et claires structurées par des mots clefs. À la différence d’une enquête par questionnaire, seule l’évocation des thèmes demeurent primordiale. L’ordre dans lequel ils sont abordés lors de l’entretien reste secondaire. « L’ordre des thèmes de la liste est construit pour préfigurer un déroulement possible de l’entretien, une logique probable des enchaînements. Mais la liste n’a pas pour objectif de déterminer ces enchaînements ni la formulation des questions en cours d’entretien (…) : l’entretien doit suivre sa dynamique propre » 198 . Cette grille d’entretien n’est pas immuable. Construite à partir des premiers entretiens exploratoires, elle évolue jusqu’à devenir une grille précise et détaillée. C’est seulement après cette phase préparatoire, qui permet de confirmer la pertinence du guide sans suggérer d’orientations ou de questions nouvelles, que la grille peut être considérée comme définitive. Ce travail préalable permet ainsi d’obtenir des contenus homogènes où tous les points prévus sont abordés.

La grille d’entretien commence par présenter le but de la conversation. Cette « annonce » correspond à une entrée en matière. Elle permet d’énoncer brièvement les objectifs de la recherche en présentant l’enquêteur, l’organisme auquel il appartient, ainsi que les thèmes qui seront abordés. L’annonce rédigée pour notre recherche, présentée en annexe 2., répond à ces exigences. Dans cette annonce, le choix a été fait de ne préciser qu’un seul organisme responsable de la recherche. Seule l’Agence d’urbanisme pour le développement de l’agglomération lyonnaise a été citée alors que l’UMR 5600 du CNRS, l’Université Lumière Lyon 2 ou l’Institut d’urbanisme de Lyon auraient pu être indiqués. Le choix d’afficher cette appartenance unique n’est pas insignifiant. Il permet dans un premier temps de ne pas alourdir le contenu de cette annonce déjà détaillée. Il permet surtout de conduire l’entretien dans un contexte professionnel et non universitaire. La cible des professionnels et des politiques est ainsi plus facilement accessible sous couvert d’une carte professionnelle que d’une carte d’étudiante.

Dans la plupart des cas, l’annonce permet à elle seule d’amorcer l’entretien. L’enquêté entre dans le sujet, parle librement de ses perceptions et assure la dynamique de l’entretien. Mais dans certain cas, la complexité du sujet peut laisser perplexe et nécessite des questions « tremplins » pour que se crée cette dynamique. C’est le cas par exemple des questions suivantes : « Qu’évoque pour vous la qualité de vie quotidienne en milieu urbain ? » ou « Quels sont les éléments qui définissent la qualité de vie quotidienne ? ». Ces questions permettent de susciter la conversation tout en répondant à la problématique de recherche. Il convient ensuite d’animer l’entretien de manière correcte pour que la relation enquêté/enquêteur puisse être fructueuse. Pour ce faire, la grille d’entretien, jointe en annexe, sert d’armature. Celle-ci recense l’ensemble des thèmes qui doivent permettre d’appréhender la notion de qualité de vie quotidienne. Il a ainsi été demandé à chaque enquêté de proposer sa définition de la qualité de vie à l’égard de ses fonctions professionnelles. L’entretien oriente volontairement la conversation sur le plan professionnel. Cette volonté de structurer l’entretien en fonction d’un point de vue spécifique se justifie par la démarche même d’appréhension de la qualité de vie. Bien qu’il semble illusoire de penser qu’il soit réellement possible d’opérer une véritable distinction entre les perceptions professionnelles et les perceptions personnelles, l’exercice permet néanmoins un cadrage du discours. Les enquêtés abordent ainsi la notion de qualité de vie en fonction de leur propre contexte professionnel en se référant inévitablement à des expériences et des systèmes de valeurs particuliers.

L’enquêté est également invité à s’exprimer sur les critères nécessaires à l’évaluation de la qualité de vie en proposant ou non une hiérarchisation. Parallèlement à cette identification critériologique, il doit se prononcer sur l’essence même d’une recherche d’évaluation de la qualité de vie pour savoir si l’amélioration de la qualité de vie quotidienne peut avoir des incidences sur la valorisation ou l’attractivité des territoires. L’ordre proposé par la grille d’entretien n’est qu’une proposition théorique et n’engage en rien le déroulement de l’entretien. Il s’agit d’un enchaînement subodoré de la discussion : perceptions et système de référence / définition de la qualité de vie / identification des critères d’évaluation / enjeux et conséquences éventuelles de cette évaluation sur le territoire. Cet ordre demeure artificiel car les éléments de référence peuvent se mêler aux éléments de définition et à l’identification des critères d’évaluation de la qualité de vie.

Lorsque ces thèmes ne sont pas « naturellement » abordés par l’enquêté ou si ils le sont de manière partielle, nous avons eu recours à différentes techniques classiquement utilisées en cours d’entretien. La plus communément employée est celle dite de la « relance ». En utilisant le procédé du « miroir » ou de « l’écho », la relance consiste à reprendre une partie des propos de son interlocuteur (un mot ou un groupe de mots) pour l’encourager à les développer, à poursuivre et approfondir l’idée exprimée. La relance caractérisée par la répétition sélective de ce qui vient d’être dit « manifeste l’attention et l’intérêt de l’enquêteur et suscite des précisions supplémentaires, des confirmations ou des reformulations : elle a fonction d’encouragement » 199 . Nous avons également eu recours à la formulation de demandes « neutres » qui permettent d’exprimer l’intérêt porté aux propos tout en sollicitant un approfondissement et un complément d’information. Ces demandes peuvent se traduire par des formules telles que « à quoi faites-vous référence ; pouvez-vous préciser ; c’est-à-dire… ? ». Lorsque cela est jugé nécessaire, nous avons formulé des demandes particulières sous forme de question afin de recentrer ou de faire avancer la discussion. Ce procédé permet de réorienter les propos de l’enquêté sur des thèmes jusqu’alors omis mais jugés nécessaire à la recherche. À l’issu de ces entretiens professionnels, il a été proposé aux trente-quatre enquêtés de se soumettre à la passation d’un questionnaire.

Ceci nous amène aux modes de construction de cette technique d’observation particulière qu’est le questionnaire. Comme nous l’avons préalablement énoncé et justifié, deux outils ont été élaborés : un premier questionnaire destiné aux acteurs professionnels et un second voué aux habitants. Dans leur architecture, les deux questionnaires sont partiellement identiques. Le questionnaire destiné aux professionnels peut être sécable en quatre parties alors que celui destiné aux habitants en comporte cinq.

Comme l’entretien, le questionnaire commence par une annonce qui se doit de présenter l’origine et l’intention du questionnaire. Les deux questionnaires s’inscrivent dans un processus de prise de contact différent, ce qui justifie des annonces dissemblables. Le questionnaire adressé aux professionnels fait suite à l’entretien semi-directif qui a largement ciblé la problématique du questionnement. Comme le montre le questionnaire destiné aux professionnels, indexé en annexe 3., l’annonce se contente d’énoncer le changement d’exercice et de préciser le but du questionnaire :

‘« Afin de compléter cet entretien et de diversifier notre approche de la qualité de vie, nous vous proposons de répondre à un questionnaire rapide. Toujours en vous basant sur votre expérience professionnelle, nous allons vous posez quelques questions d’ordre général puis des questions plus spécifiques sur les éléments nécessaires à la qualité de vie quotidienne en milieu urbain ».’

Le questionnaire destiné aux habitants s’inscrit dans un contexte différent. L’enquête auprès de la population repose uniquement sur la passation de ce questionnaire, l’annonce est par conséquent décisive et doit énoncer les objectifs de la recherche tout en incitant l’interrogé à répondre au questionnaire. Cette annonce a un rôle capital dans la mesure où elle va ainsi conditionner la participation de l’enquêté. C’est pourquoi elle doit résumer l’ensemble de la problématique pour « qu’ainsi l’informateur ait l’impression de participer activement à la solution et entre dans le jeu » 200 . De la façon la plus claire et succincte possible, ce texte introductif doit expliciter l’identité de l’enquêteur, l’organisme de rattachement, le thème du questionnaire, ses objectifs et la durée de la passation. Comme le montre le document présenté en annexe 4., l’annonce du questionnaire destiné aux habitants tente de résumer les éléments nécessaires à la bonne compréhension de la démarche de recherche tout en incitant à la participation :

‘« Bonjour, je suis <XXX> de l’Agence d’urbanisme de la Communauté Urbaine de Lyon. Nous réalisons actuellement une étude sur la qualité de vie des lyonnais et nous souhaiterions recueillir votre opinion en tant qu’habitant. Le but de notre démarche est d’identifier ce qu’est la qualité de vie en ville et de chercher les critères qui permettent de la mesurer. Auriez-vous une dizaine de minutes à m’accorder pour répondre à ce questionnaire ? ». ’

Cette phase introductive laisse place à la présentation générale des questionnaires. Compte tenu de la cible différentielle, la formulation des questions a été sensiblement adaptée au niveau supposé de langage et de connaissance des interrogés. C’est pourquoi, tout en cherchant à maintenir l’objet du questionnement, la modification d’un nombre limité d’énoncés et l’utilisation d’un vocabulaire plus « ordinaire » ont été jugés nécessaires pour faciliter la compréhension du questionnaire aux habitants. Cette adaptation, à la marge, ne semble pas menacer la comparabilité des informations recueillies. Quant à la formulation générale des questions, nous avons veillé à respecter les trois règles énoncées par A-M. DUSSAIX et J-M. GROSBRAS 201 . La première règle implique que « les questions doivent être comprises par l’interviewé ». Pour faciliter cette compréhension, il convient d’éviter l'emploi d’un vocabulaire technique ainsi que l’utilisation de mots dont le sens est vague. Chaque terme, chaque expression, chaque tournure de phrase a donc été soigneusement choisie. Nous avons veillé à ne pas utiliser de doubles négations et à limiter une question pour une idée. La deuxième règle est la suivante : « les interviewés doivent être capables de répondre à la question » 202 . C’est pourquoi nous nous sommes assuré que l’ensemble des réponses possibles soit bien proposé. Prévoir toutes les situations envisageables nécessite une phase de travail préalable permettant d’aboutir à une meilleure anticipation. La troisième règle impose que la formulation des questions permette « d’obtenir des réponses sincères »672. Pour ce faire, il faut éviter les questions biaisées dont la seule formulation influence la réponse. C’est pourquoi nous avons prohibé certaines formules interrogatives du type : « est-vous d’accord avec … ; partagez-vous l’idée… ».

Riche de ces recommandations méthodologiques, l’organisation des questionnaires a procédé de la manière suivante. Les deux questionnaires commencent par une approche générale de la qualité de vie. Elles reprennent ainsi des questions étroitement liées à l’annonce, susceptibles d’engager le plus vivement l’intérêt de l’interrogé. Le questionnaire adressé aux acteurs professionnels faisant suite à l’entretien semi-directif, cette partie du questionnement a été plus limité. On retrouve ainsi une question permettant de préciser le niveau de préoccupation qu’occupe la qualité de vie quotidienne. La formulation choisie est celle d’une question fermée préformée à choix forcé. Le répondant ne peut dans ce cas opter que pour une seule éventualité de réponse.

« Pour vous, la qualité de vie quotidienne est-elle une préoccupation : »

Très importante Importante Peu importante Sans importance
       

Source : Questionnaires indexés en annexe 3. et annexe 4.

Cette question propose des éventualités de réponse sous la forme d’une échelle nominale classée par ordre décroissant de degrés d’importance. Pour des raisons logiques, le répondant ne peut, dans ce cas, adhérer qu’à une seule des options proposées. Le questionnement général se structure également autour de questions ouvertes permettant au répondant de s’exprimer librement. Dans la mesure où la prise de contact avec les habitants n’a pas été approfondie par une approche qualitative, nous avons cherché à adapter ces questions à la cible. L’énoncé d’une question ouverte permettant d’appréhender des éléments de définition de la qualité de vie quotidienne a ainsi été remanié afin d’optimiser sa compréhension. Voici les deux versions de la question, la première est adressée aux professionnels et la seconde aux habitants :

‘« Donnez moi trois mots ou expressions qui selon vous définissent la « qualité de vie » quotidienne : »’ ‘« Pouvez-vous me citer trois mots ou expressions qui selon vous définissent au mieux « la qualité de vie » telle que vous la ressentez au quotidien : ».’ ‘Source : Questionnaires indexés en annexe 3. et annexe 4.’

Ces deux formulations permettent d’adapter le niveau de langage afin d’être aisément comprises sans ambiguïté ni double sens quelque soit la cible. Les habitants ont également été soumis à une question spécifique permettant d’identifier les nuisances à la qualité de vie :

‘« Actuellement, quelles sont les nuisances qui dégradent votre qualité de vie quotidienne : »’ ‘Source : Questionnaire indexé en annexe 4.’

Cette question s’inscrit en complément de la précédente. Ce tandem permet d’identifier les éléments qui définissent la qualité de vie et ceux qui la dégradent. Cela permet, par effet de miroir, d’obtenir une perception positive puis négative de la qualité de vie quotidienne. L’ordre de ces premières questions a de plus été adapté en fonction de l’échantillon. Pour les professionnels, déjà familiarisés avec la problématique, la question ouverte concernant les éléments de définition de la qualité de vie quotidienne introduit le questionnaire. Cela permet de proposer une synthèse de l’entretien semi-directif qui vient de s’achever pour ensuite se prononcer sur l’importance de cette préoccupation. Pour les habitants, il semble, au contraire, plus opportun de commencer le questionnaire par cette question préformée afin de mettre l’interrogé en confiance pour ensuite lui proposer des questions ouvertes jugées plus complexes.

Les deux questionnaires regroupent ensuite des questions par unités thématiques. Il est ainsi proposé d’aborder les thèmes de l’habitat, des transports et de la localisation des commerces et des services, des équipements publics, des espaces publics, de la sécurité, de l’environnement et de l’ambiance de vie. À l’intérieur de ces unités thématiques, les modalités de questionnement sont différentes. Trois questions sont par exemple consacrées à l’habitat. Le questionnement progresse du général au particulier en partant du plus « factuel » pour aboutir à ce qui engage plus personnellement. C’est pourquoi nous partons de l’appréciation des caractéristiques du logement ou du quartier qui conditionnent la qualité de vie quotidienne, sous forme de question ouverte. Il est ensuite demandé de préciser, sous forme d’une question fermée préformée à choix multiple, les qualités du logement participant à la qualité de vie quotidienne. La dernière question cerne le montant acceptable d’un logement disposant des qualités pré-citées consenti par le répondant.

Pour l’ensemble des autres thèmes, nous avons utilisé deux types de questions. Dans un premier cas, nous avons utilisé une question fermée préformée à choix forcé. Les thèmes sont abordés à travers différents items qu’il convient de hiérarchiser en fonction d’une échelle d’importance pour la qualité de vie quotidienne. Cette échelle ordonnée évite de proposer un nombre impair de choix dont « l’inconvénient réside dans le caractère particulièrement attirant de la valeur centrale » 203 . Comme le montre l’exemple ci-dessous, notre préférence a donc été vers une échelle ordonnée en nombre pair (très important, important, peu important, sans importance). Cette préférence de principe présente l’avantage de permettre une répartition de la population en deux blocs.

‘« Pour chacun des critères relatifs aux commerces et aux services, précisez leur degré d’importance pour votre qualité de vie quotidienne : »’
  Très important Important Peu important Sans importance NSP
NC
La présence de petits commerces alimentaires (boulangerie, boucherie, primeur…)          
La présence de plus gros commerces alimentaires (épicerie, supérette, super et hypermarché)          
La présence de commerces et services non alimentaires (tabac-presse, poste, banque, pharmacie, médecin, laboratoire d’analyses médicales, coiffeur,…)          
La présence de commerces liés à la personne (vêtements, chaussures, parfumerie, bijouterie,…)          
La présence de commerces liés aux loisirs (bars, restaurants, cinémas…)          
La présence de marché alimentaire          

Source : Questionnaires indexés en annexe 3. et annexe 4.

Nous avons également eu recours à des questions préformées à choix multiples. L’enquêté n’est, dans ce cas, pas limité au choix d’un seul item. Comme le montre les deux exemples ci-dessous, l’interviewé est au contraire invité à donner ces préférences en les hiérarchisant ou non.

‘« Quels sont, dans l’ordre de préférence, les trois espaces publics qui vous aimeriez voir à coté de chez vous et qui amélioreraient votre qualité de la vie quotidienne (3 réponses classées possibles) ? »’
‘« Selon vous, quelles sont les trois caractéristiques qui définissent un quartier où il fait bon vivre (3 réponses possibles) ?: »’

En guise de conclusion à ces questions thématiques, nous avons proposé une hiérarchie globale des thèmes. Nous avons utilisé ce qu’A-M. DUSSAIX et J-M. GROSBRAS appellent « l’effet de contamination » 204 . Celui-ci fait référence à l’influence que peut avoir une série de questions posées sur les réponses aux questions suivantes. Nous avons ainsi proposé aux répondants de classer l’ensemble des huit thèmes traités par le questionnaire par ordre d’importance :

‘« Parmi ces huit thèmes, classez par ordre d’importance les trois thèmes essentiels pour le maintien et l’amélioration de la qualité de vie (3 réponses classées) : »’ ‘Source : Questionnaires indexés en annexe 3. et annexe 4.’

L’objectif de cette question est de faire apparaître une claire hiérarchie des points évoqués. Elle permet une double approche : cette question confère dans un premier temps la sélection des trois thèmes prioritaires pour la qualité de vie quotidienne tout en offrant un classement hiérarchique de ces priorités. Les réponses escomptées permettent de tendre vers une hiérarchie des besoins quotidiens.

Afin de compléter notre connaissance des représentations de la qualité de vie quotidienne, il nous est apparu nécessaire d’approfondir la phase de questionnement adressée à la population résidente. Cette approche globale de la qualité de vie doit ainsi être mise en relation avec les pratiques et les usages quotidiens des répondants. Le questionnaire adressé aux habitants se propose ainsi d’aborder, de manière spécifique, les liens qu’entretiennent les habitants avec leur cadre de vie quotidien. Ce questionnaire se poursuit donc en interrogeant sur le rapport au logement et l’ancrage territorial. Une question préformée à choix forcé permet d’obtenir des renseignements factuels sur la satisfaction du logement. Celle-ci permet d’obtenir la position de ce contentement sur une gamme de jugements prédéfinis :

‘« Comment vous sentez-vous dans le logement que vous occupez actuellement ? : »’
Très bien Plutôt bien Plutôt mal Très mal
       

Source : Questionnaire indexé en annexe 4.

Cette appréciation affective a été complétée par des éléments d’ancrage territorial comme l’ancienneté de l’occupation du logement, l’ancienneté de l’installation dans le quartier et le statut d’occupation. Les deux premières donnent lieu à des questions ouvertes simple alors que la troisième correspond à une question fermée préformée à choix forcé.

Le questionnaire se poursuit par des questions d’usages et de déplacements. Il s’agit de renseigner sur la nature des équipements du répondant et sur ses modes de déplacements. Dans un premier temps, le questionnaire propose de préciser de quels modes de transport dispose l’interrogé :

Il convient ensuite d’identifier le lieu de travail du répondant. L’utilisation d’une question filtre fermée (proposant un certain nombre de localisations pré-définies) permet de partager la population enquêtée en deux sous-population : celle qui exerce une activité professionnelle nécessitant des déplacements et celle qui n’exerce pas d’activité professionnelle ou qui travaille à domicile. Celle-ci donne lieu à une question filtrée, nécessairement liée à la question filtre, permettant de préciser les moyens de transport les plus fréquemment utilisés pour les déplacements domicile/travail. Sur le même modèle, une question globale, soumise à la totalité de la population, précise les moyens de transport les plus souvent liés aux déplacements de loisirs.

Un certain nombre de questions tentent ensuite de cerner les comportements, les pratiques et les activités de l’interrogé. Ces questions fermées permettent de préciser la fréquence des comportements d’achats de proximité (fréquentation des commerces alimentaires et des services), l’incidence de cette proximité et la participation de certaines activités spécifiques (culturelles, sportives, associatives et religieuses) sur la qualité de vie quotidienne.

La suite du questionnaire concerne la structure familiale des interrogés. Une question ouverte demande de préciser le nombre de personnes vivant au sein du foyer. Une question filtre, concernant le nombre d’enfants du foyer, permet de répartir la population interrogée en deux sous-populations. La population concernée par la présence d’enfants doit ensuite répondre à trois questions filtrées permettant de préciser à la fois l’âge des enfants, le lieu de scolarisation et le mode d’accompagnement le plus fréquemment utilisé pour se rendre à l’école. L’ensemble de ces connaissances relatives aux pratiques et aux usages de la population interrogée permet de mieux comprendre les perceptions de la qualité de vie quotidienne. Cette capitalisation d’informations semble également pouvoir expliquer des variations de jugements et de positionnements relatifs en fonction des modes de vie, des comportements et des besoins de chacun.

Quelque soit la cible, le questionnaire s’achève par « le talon » qui correspond à un ensemble de questions résumant les caractéristiques de l’interrogé. Le questionnaire adressé aux acteurs professionnels permet ainsi de préciser le sexe du répondant, la catégorie actorielle à laquelle il appartient tout en indiquant son nom, sa fonction professionnelle et l’organisme d’activité. Le talon du questionnaire destiné aux habitants regroupe des questions d’identification concernant le sexe de la personne interrogée, ainsi que son adresse, sa date de naissance et son activité professionnelle au moment de l’enquête. Ces questions sont déterminantes pour l’analyse dans la mesure où « elles permettent d’expliquer les variations observables dans les réponses aux autres questions » 205 . Ces informations participent à la compréhension des phénomènes car « elles sont toutes par hypothèse des variables explicatives »678.

Il convient de préciser, dans un premier temps, que la rédaction du projet de questionnaires s’est nourrie de l’approche qualitative du questionnement. Les pré-entretiens qui ont permis de tester puis de vérifier la grille d’entretien auprès d’une population d’acteurs limitée mais diversifiée ont constitué des connaissances essentielles. Cette prise de contact plus libre et spontanée quant aux thèmes abordés et aux réponses formulées a servi de base de travail pour la construction de ce projet de questionnaires. Ceux-ci ont, dans un second temps, subit une double validation. La première a d’abord été thématique. Pour ce faire, nous avons soumis le projet à différents chargés d’études de l’Agence d’urbanisme, spécialisés dans chacun des thèmes abordés. Cette validation « en interne » a permis d’approfondir l’ensemble des thématiques et de compléter au mieux l’ensemble des items proposés. Après avoir considéré le point de vue spécifique de nos interlocuteurs, nous avons eu recours à une validation plus générale du produit. Nous avons ainsi soumis les questionnaires à J. DUMAIS 206 et à J-Y. AUTHIER 207 . Ces deux spécialistes ont consenti à accorder du temps et de l’attention à la rédaction de ces questionnaires et nous les en remercions. Nous avons mis à profit leur expérience en prenant bonne note des carences, des imperfections, des recommandations et des conseils promulgués pour parfaire les outils de notre enquête par questionnaire.

Après avoir travaillé « en chambre », nous avons jugé nécessaire de confronter ces outils au terrain. Avant d’entreprendre l’enquête, nous avons ainsi mené avec soin l’étape du pré-test des questionnaires. Passés auprès d’un échantillon réduit mais présentant les caractéristiques exigées de la population d’enquête, ces tests préalables doivent permettre de vérifier que la passation ne soulève pas de difficultés inattendues. Cette démarche a pour principal objet « d’évaluer l’efficacité de l’instrument dont on a rédigé le projet » 208 . Comme l’explique J. FREYSSINET-DOMINJON 209 , « cette mise à l’épreuve de l’outil a pour objectif de vérifier sa maniabilité, sa recevabilité par l’enquêté ». La population testée ne doit pas nécessairement être conséquente : « leur nombre ne doit pas être très élevé : 20 à 30 personnes environ. Il faut veiller cependant à ce que ce petit groupe ne soit pas trop homogène »679. Nous avons ainsi procédé à des pré-tests auprès de trente habitants choisis par échantillonnage aléatoire issu de la base de sondage des pages blanches de l’annuaire téléphonique de la commune de Lyon. Trois pré-tests auprès des acteurs professionnels ont également été menés. L’ensemble de ce travail préliminaire a permis d’identifier la longueur des questionnaires, de mesurer la facilité de compréhension des questions, le degré d’acceptabilité du questionnaire, de considérer la pertinence des réponses et des enchaînements prévus.

Nous avons particulièrement veillé à ce que les questionnaires ne soient pas trop longs pour qu’ils ne suscitent ni le désintérêt, ni l’irritation des enquêtés. L’ordre des questions et leur présentation thématique ont fait l’objet d’une attention particulière pour qu’elles ne provoquent aucune réaction négative ou autre déformation. Il a été vérifié que la formulation des questions permette bien de recueillir les informations souhaitées et ne suscite aucune mauvaise interprétation. Ces pré-tests ont massivement participé à la vérification de la compréhension des termes utilisés. Au delà du test de la compréhension sémantique du questionnaire, cet exercice a permis d’adapter le niveau de langage aux deux populations de l’enquête. Nous avons ainsi travaillé sur la formulation spécifique des questions adressées aux habitants. Pour ce faire, la moindre difficulté de compréhension, les demandes d’explication émises par les enquêtés, les hésitations exprimées avant les réponses ont été relevées. C’est ainsi que chaque dysfonctionnement a donné lieu à une reformulation pour tendre vers des énoncés intelligibles. Ces démarches d’expertise auprès de professionnels et de tests sur le terrain ont permis d’enregistrer un certain nombre de corrections et d’adaptations qui ont pu aboutir à la mise au point définitive des questionnaires. Riche de ce travail préalable qui a permis d’élaborer les outils efficients et opérationnels, nous avons pu envisager l’administration de l’enquête.

Notes
196.

GHIGLIONE R., MATALON B., 1992, Les enquêtes sociologiques – Théories et pratique. Paris, Armand Colin Editeur, quatrième édition, troisième tirage, 301 pages.

197.

ALBARELLO L., DIGNEFFE F., HIERNAUX J-P., MAROY C., RUQUOY D., De SAINT-GEORGES P., 1995, Pratiques et méthodes de recherche en sciences sociales. Paris, Armand Colin, 179 pages.

198.

COMBESSIE J-C., 1999, La méthode en sociologie. Paris, 2ème édition, Editions La Découverte, 124 pages.

199.

COMBESSIE J-C., 1999, La méthode en sociologie. Paris, 2ème édition, Editions La Découverte, 124 pages.

200.

COMBESSIE J-C., 1999, La méthode en sociologie. Paris, 2ème édition, Editions La Découverte, 124 pages.

201.

DUSSAIX A-M., GROSBRASJ-M., 1996, Les sondages : principes et méthodes. Paris, Que sais-je ?, Presses Universitaires de France, 124 pages.

202.

DUSSAIX A-M., GROSBRASJ-M., 1996, Les sondages : principes et méthodes. Paris, Que sais-je ?, Presses Universitaires de France, 124 pages.

203.

FREYSSINET-DOMINJON J., 1997, Méthode de recherche en sciences sociales. Paris, Montchrestien, Collection administration économique et sociale, 356 pages.

204.

DUSSAIX A-M., GROSBRASJ-M., 1996, Les sondages : principes et méthodes. Paris, Que sais-je ?, Presses Universitaires de France, 124 pages.

205.

COMBESSIE J-C., 1999, La méthode en sociologie. Paris, 2ème édition, Editions La Découverte, 124 pages.

206.

DUMAIS J., chef de la maîtrise d’œuvre méthodologie du recensement rénové de la population à l’INSEE Rhône-Alpes.

207.

AUTHIER J-Y., sociologue du Groupe de Recherche sur la Sociabilisation de l’université Lumière Lyon 2.

208.

JAVEAU C., 1988, L’enquête par questionnaire. Manuel à l’usage du praticien. Bruxelles, 3ème édition, Collections de l’Institut de Sociologie, Etudes de méthodologie, Editions de l’Université de Bruxelles, 138 pages.

209.

FREYSSINET-DOMINJON J., 1997, Méthode de recherche en sciences sociales. Paris, Montchrestien, Collection administration économique et sociale, 356 pages.