1.1.2 Résultats

En moyenne, les sujets ont formé 7 groupes (± 2) et le nombre moyen d’odorants par groupe était de 3 (± 1). Aucun sujet n’a déclaré rencontrer de difficulté à sentir les odorants, même en fin d’expérience. Tous les sujets ont détecté les odorants et les ont perçus comme différents les uns des autres.

L’analyse des taxinomies du groupe « sujet » (regroupant les 25 sujets de l’ordonnancement A et les 25 autres de l’ordonnancement B), en fonction des catégories formées, permet de constater que tous les sujets se regroupent à un même niveau de l’arborescence. Ceci indique que le groupe de sujets peut être considéré comme homogène quant aux catégories formées. Ceci nous autorise donc à regrouper les données afin d’obtenir des résultats sur 50 sujets.

On note d’abord que sur l’ensemble des sujets, 378 groupes d’odeurs différents ont été formés, comptant entre 1 et 10 éléments (fig. 3), avec une très large proportion de groupes comprenant 1, 2 et 3 odeurs par rapport aux groupes composés de 4, 5, 6, 7, 8 et 10 odeurs F[49,8=36,082, p <.0001].

Fig. 3 : Répartition de l’effectif des groupes selon le nombre d’odeurs qui les composent. On remarque un grand nombre de groupes composés de 1, 2 et 3 odeurs par rapport aux groupes composés de 4, 5, 6, 7, 8 et 10 odeurs.
Fig. 4 : Résultat du traitement par taxinomie hiérarchique ascendante de la matrice de cooccurrences obtenue d’après les regroupements réalisés par les 50 sujets.

Les odorants (symbolisés par leur trois premières lettres sont regroupés au fur et à mesure que l’on parcours l’arbre de la gauche vers la droite. La distance horizontale entre deux éléments, odorants ou groupes d’odorants, et le nœud qui les réunit en symbolise la proximité. Ainsi, les branches portant LIM et CIT se regroupent rapidement (1), reflétant leur étroite proximité. A l’inverse, UND et MAL ne se relient qu’à un niveau élevé de l’arborescence ce qui illustre leur grande différence. Au fur et à mesure que l’on parcourt l’arbre, les groupes d’odeurs se réunissent. Au niveau de regroupement formant 7 groupes (symbolisé par l’axe rouge vertical AB), on obtient les regroupements indiqués par les cadres jaunes à gauche de la figure. [Codes odeurs, voir tableau 1].

La taxinomie hiérarchique ascendante que nous avons effectuée sur la matrice de cooccurrences des 20 odorants regroupés par les 50 sujets est présentée sur la figure 4. En parcourant cet arbre de la gauche vers la droite, on peut remarquer que les composés les plus proches entre eux sont :

  1. Limonène et Citral
  2. Maltol et Vanilline
  3. Camphre et Menthol
  4. Dissulfure d’allyle et Méthional
  5. Cis-3-Hexenol et Géosmine
  6. Gamma Undecalactone et Alcool Phényle Ethylique
  7. Calone et Eugénol
  8. Anéthol et Acétate de terpinyle

Ces paires et triplets s’associent les uns aux autres comme par exemple (7 : Calone + Eugénol) + (8 : Anéthol + Acétate de terpinyle) ou agrègent un nouvel élément comme par exemple (4 : Dissulfure d’allyle + Méthional) + Scatole.

En considérant le niveau à 7 branches symbolisé par l’axe AB (en rouge sur la figure 6) qui correspond au nombre moyen de catégories réalisées par les sujets, on obtient les groupements suivants :

Le nuage des points représentatif des odeurs construit sur la base des regroupements de substances lors de l’épreuve de catégorisation indique que plusieurs dimensions régissent l’espace des odeurs présentées. Les trois premiers facteurs orthogonaux expliquent à peine 48 % de la variance totale. Le premier facteur ne porte que 23,7 % de la variance, le second 14,2 % et le troisième 11 %. Les plans factoriels construits avec les facteurs 1 et 2 d’une part, et les facteurs 1 et 3 d’autre part, sont présentés sur la figure 5 ci-après.

Fig. 5 : – A et B – Représentation de deux plans factoriels issus de l’analyse des données de catégorisation et de la description des groupes.

Les projections des 20 odorants sont représentées en noir (A et B) et les qualificatifs les plus fréquents utilisés pour décrire les groupes en bleu (A). Les grands groupes d’odorants sont figurés par les ensembles verts. On note que le premier facteur isole trois composés du reste des odorants : le limonène (LIM), le citral (CIT) et le géraniol (GER) qu’il oppose à un groupe constitué de l’hexenol (HEX), le scatole (SCA), le méthional (MET), le dissulfure d’allyle (ALL) et la géosmine (GEO) que l’on peut considérer comme le pôle des odeurs désagréables. Le deuxième facteur isole le thymol (THY), le camphre (CAM) et le menthol (MEN) et les oppose au reste des odorants et le troisième isole le maltol (MAL), la vanilline (VAN) et le butyrate d’éthyle (BUT). Le plan défini par les facteurs 1 et 2 (A) explique près de 38 % de la variance totale, celui défini par les facteurs 1 et 3 représente 34 % de cette variance. [Codes odeurs, voir tableau 1].

L’analyse factorielle des correspondances effectuées sur les regroupements réalisés par les 50 sujets confirme les proximités décrites par la taxinomie. La projection des classes taxinomiques montre les différents groupes dans l’espace factoriel :

Les descriptions que les sujets ont produites pour définir les groupes qu’ils ont formés permettent de qualifier les groupes formés.