1.1.4 Conclusions générales et perspectives d'étude

Malgré l’évidence d’une organisation de l’espace des odeurs en grandes catégories telles qu’elles sont décrites par le champ des odeurs de Jaubert et al. (1987), nous avons constaté qu’il existe bien des pôles olfactifs, dominés par une note odorante majoritaire (fruitée, fleurie, …etc.), à partir desquels les sujets peuvent construire une « pensée olfactive ». Des sujets n’ayant qu’une connaissance implicite, fruit de leur propre expérience, sont capables de réaliser des catégories odorantes sur la base des ressemblances « perceptives » entre les odeurs.

Nous avons cependant souligné l’importante variabilité des descriptions. Bien que l’émergence d’un consensus global dans la population testée soit possible, il est apparu que la terminologie employée dans le champ des odeurs n’est pas superposable à celle produite par des sujets non entraînés.

Quelles sont les grandes règles didactiques qui nous permettent de construire une cartographie cognitive de l’espace des odeurs ? Pour répondre à cela, nous pensons qu’il faut chercher du côté des odeurs les plus saillantes, des « balises olfactives » qui organiseraient l’ensemble des odeurs autour d’elles et qui nous permettraient de regrouper les odeurs qui possèdent un « air de famille ». Ces balises pourraient, dans certains cas au moins, constituer un prototype. Le problème étant que la prototypie tiendrait plus aux objets supports de l’odeur qu’à la sensation olfactive elle-même, reste à trouver la méthodologie adaptée pour tester cette hypothèse.

Très récemment, une étude a montré que les odeurs les plus saillantes d’un point de vue émotionnel (les plus agréables et les plus désagréables) étaient significativement plus faciles à identifier. Ce nouveau résultat permet de confirmer l’importance de la valence émotionnelle des odeurs perçues dans le processus de catégorisation et d’un point de vue plus global, dans la fonction cognitive que certains auteurs ont nommé « métamémoire » (Chu & Downes, 2000; Jönsson & Olsson, 2003; Jönsson et al., 2005; Jönsson et al., 2005) dans laquelle les odeurs, entre autres, sont rattachées aux souvenirs individuels de chaque être humain.

Ainsi, il serait également intéressant de tester l’influence des connaissances sémantiques relatives aux odeurs (qui joue un rôle primordial en perception et dans toute la cascade des processus cognitivo-perceptifs) sur la catégorisation des odeurs et également sur leur caractérisation.

Expérience 2. Influence des connaissances sémantiques sur la catégorisation des odeurs.