2.2.2 Résultats

Les analyses des évaluations psychophysiques obtenues dans cette expérience complémentaire ont indiqué une influence de la nature du stimulus ainsi que de la condition expérimentale sur l’évaluation de l’intensité, de l’hédonicité, de la familiarité et de la clarté de l’image (tab. 12 et Fig. 13). Aucun effet de groupe n’a été observé, c'est-à-dire qu’aucune influence dans l’ordre de passage des conditions expérimentales n’a été montrée. Les évaluations psychophysiques n’ont pas été différentes selon que les sujets devaient imaginer les odeurs avant de les percevoir, et réciproquement.

Tab. 12 : Récapitulatif des effets obtenus lors de l’analyse statistique de la variance relative aux évaluations psychophysiques de l’intensité, de l’hédonicité, de la familiarité et de la clarté de l’image mentale obtenue.
Dimensions
psychophysiques
Effets ddl F probabilités
Intensité
stimulus 2,210 11,47 <.0001
Condition expérimentale
(Perception/Imagerie)
2,210 23,6 <.0001
Hédonicité
stimulus 2,210 7,9 =.0006
Condition expérimentale
(Perception/Imagerie)
2,210 11,08 <.0001
Familiarité
stimulus 2,210 7,69 =.0008
Condition expérimentale
(Perception/Imagerie)
2,210 19,83 <.0001
Clarté
Fig. 13 : Valeurs moyennes de l’intensité perçue pour chaque condition expérimentale (A) et évaluations de la clarté de l’image mentale, olfactive ou visuelle (B) obtenues pour les différents type de stimuli (agréable, neutre et désagréable).
stimulus 2,105 5,56 =.005
Condition expérimentale
(Imagerie Olfactive / Imagerie Visuelle)
2,105 46,4 <.0001
Fig. 13 : Valeurs moyennes de l’intensité perçue pour chaque condition expérimentale (A) et évaluations de la clarté de l’image mentale, olfactive ou visuelle (B) obtenues pour les différents type de stimuli (agréable, neutre et désagréable).

Ces résultats indiquent que l’intensité perçue ou imaginée pour des odeurs agréables et désagréables est toujours plus grande que l’intensité perçue des odeurs neutres, alors que ce pattern ne s’observe pas pour des images mentales visuelles. D’autre part, il apparaît que la clarté des images mentales est différente selon la condition (olfactives vs. visuelles).

En corrélant les évaluations d’intensité et d’hédonicité sur le même plan (fig. 14), on remarque que les conditions ‘perception’ et ‘imagerie mentale olfactive’ suivent le même type de régression (quadratique) tandis que la corrélation pour la condition d’imagerie mentale visuelle suit une régression linéaire.

Fig. 14 : Représentation de la corrélation entre les évaluations de l’intensité (pour les odeurs perçues ou imaginées) ou de la luminosité (pour les images visuelles) perçue et les évaluations de l’hédonicité des stimuli. Il apparaît clairement que les régressions correspondant aux conditions de ‘perception olfactive’ et ‘d’imagerie mentale olfactive’ sont du même type alors qu’elle est totalement différente pour la condition d’imagerie mentale visuelle.

D’autre part, nous avons remarqué que certains des stimuli suscitaient une grande variabilité relative à l’évaluation de l’hédonicité. Certains des stimuli que nous avions sélectionnés ont été évalués différemment selon la condition expérimentale (perception vs. imagerie mentale olfactive). Par exemple, l’odeur d’herbe est sous évaluée en condition perception (plutôt neutre), alors qu’elle est imaginée comme étant agréable. De la même manière, les odeurs d’ail et de fioul ont été imaginées comme étant plus agréable qu’elles ne l’ont été en perception réelle (fig. 15).

Fig. 15 : L’évaluation du caractère hédonique des stimuli sélectionnés est variable selon les odorants. Certains sont perçus et imaginés de la même façon (pomme, violette) alors que d’autres sont perçus comme étant plus désagréables que lorsqu’ils sont imaginés (ail, fioul, herbe).
Fig. 16 : Evaluation psychophysique de l’adéquation entre odeurs perçues et odeurs imaginées. Ces notes moyennes de typicité indiquent que certaines odeurs ne sont pas en adéquation avec ce que les sujets imaginent (pomme, violette), d’autres semblent plus correspondre à l’odeur attendue (imaginée).

La variabilité hédonique observée ne semble pas due à l’adéquation entre odeurs perçues et odeurs imaginées. Les odeurs que les sujets n’ont pas trouvées typiques ne sont pas celles qui ont suscité le plus de variabilité hédonique (voir figure 15 et 16).