2.8.3 Résultats

- Classement en fonction de l’intensité perçue :

Fig. 37 : Classement moyen réalisé en fonction de l’intensité de l’odeur désagréable perçue pour les 4 flacons contenant les solutions d’acide butyrique (A1 : 10-1, A2 : 5.10-2, A3 : 10-2, A4 : 10-3) et pour les deux contenant les mélanges binaires acide/ester d’éthyle (en rouge sur la figure) − Masq1_A3 = [A3 : 10-2 + Butyrate d’éthyle 10-2] et Masq2_A3 = [A3 : 10-2 + Butyrate d’éthyle 10-3]. La note désagréable de l’acide butyrique proposé seul semble dans tous les cas plus intense que dans les mélanges contenant du masquant (butyrate d’éthyle).

Le classement moyen des stimuli en fonction de l’intensité perçue de la note odorante désagréable indique que la concentration d’acide a une influence sur la perception subjective de l’intensité de la note désagréable [F(5,95)=43,4, p<.0001]. D’autre part, il apparaît que l’ajout du masquant (butyrate d’éthyle) à l’acide butyrique provoque une diminution significative de l’intensité perçue de cette note désagréable.

- Coefficient de concordance de Kendall :

Tab. 22 : Coefficient de concordance de Kendall calculé sur le classement réalisé par les 20 sujets qui ont participé à l’expérience. On remarque que près de 70% des sujets sont d’accord sur le classement des odeurs selon l’intensité perçue.
Valeur du coefficient (K) Probabilité associée
0,697 P<.000001

Le classement des odorants en fonction de l’intensité perçue (tel qu’il est observé fig. 37) représente le classement commun proposé par 70% des sujets testés.

Fig. 38 : Illustration des résultats de la tâche de description verbale de la qualité des odeurs présentées. Les odeurs qui ont été le plus souvent décrites comme du beurre rance sont les 4 solutions d’acide butyrique (A1 : 10-1, A2 : 5.10-2, A3 : 10-2, A4 : 10-3). En revanche, les mélanges binaires odorants (Masq1_A3 = A3 : 10-2 + Butyrate d’éthyle 10-2 et Masq2_A3 = A3 : 10-2 + Butyrate d’éthyle 10-3) ont été perçus d’avantage comme fruité, avec une meilleure évocation « fruitée » pour Masq1_A3.

La description verbale (à l’aide des termes désignant les notes odorantes possibles) des odorants réalisée par les sujets indique clairement que l’acide butyrique seul évoque une note « beurre rance ». En revanche, l’ajout de butyrate d’éthyle permet de qualifier l’odeur résultante de note « fruitée ». On remarque qu’à concentration égale (1/100) l’ajout d’une solution de butyrate d’éthyle à une solution d’acide butyrique permet de masquer quasi totalement la note « beurre rance » de l’odeur, et même de faire émerger une note « fruitée ». L’ajout d’une solution de butyrate d’éthyle plus dilué, au 1/1000, à la solution d’acide ne permet pas de masquer la note « beurre rance », et les sujets percevant alors ces deux notes odorantes simultanément.

Fig. 39 : Evaluations moyennes de la composante hédonique des deux mélanges binaires acide/ester ‘Masq1_A3 = acide butyrique 10-2 + butyrate d’éthyle 10-2 et Masq2_A3 = acide butyrique 10-2 + butyrate d’éthyle 10-3). Le mélange Masq1_A3 n’a pas été perçu comme étant très agréable alors que le mélange Masq2_A3 a été perçu comme relativement neutre d’un point de vu hédonique.

L’analyse des évaluations de l’agrément suscité par les mélanges binaires nous indique un effet de la concentration en butyrate d’éthyle sur la valence hédonique [F(1,19)=16,65, p=.0006]. Le mélange Masq1_A3 a été systématiquement perçu comme plus agréable que le mélange masquant Masq2_A3.

Fig. 40 : Classement moyen obtenu en fonction de l’intensité perçue pour les 4 flacons contenant les solutions d’acide caproïque (B1 : 10-1, B2 : 5.10-2, B3 : 10-2, B4 : 10-3) et pour les deux flacons contenant les 2 mélanges binaires constitués d’acide caproïque/caproate d’éthyle − points rouges sur la figure − (Masq1_B3 = acide caproïque 10-2 + caproate d’éthyle 10-2 et Masq2_B3 = acide caproïque 10-2 + caproate d’éthyle 10-3). Les solutions d’acide caproïque contenant les plus fortes concentrations ont été perçues comme étant les plus intenses. Par contre, les mélanges binaires et la dilution au millième d’acide ont plutôt été perçus moins intenses.

Le classement moyen des stimulations odorantes en fonction de l’intensité perçue de la note désagréable indique que la concentration a une influence sur la perception subjective de l’intensité de cette note odorante [F(5,95)=79,2, p<.00001].

D’autre part, ces résultats indiquent que l’ajout de caproate d’éthyle (1/1000) à l’acide caproïque (1/100) fait diminuer l’intensité de la note désagréable perçue pour le mélange Masq2_B3 par rapport à l’acide flairé seul (B3). L’ajout de caproate d’éthyle au 1/100 à la solution d’acide caproïque au 1/100 (B3) provoque une diminution encore plus significative de l’intensité de la note désagréable perçue (Masq1_B3).

Tab. 23 : Coefficient de concordance de Kendall calculé sur le classement réalisé par les 20 sujets qui ont participé à l’expérience. On remarque que 83% des sujets réalisent le même classement des stimuli selon l’intensité perçue.
Valeur du coefficient (K) Probabilité associée
0,829 P<.000001

Selon le coefficient de concordance de Kendall, le classement réalisé par les sujets sur la base de l’intensité perçue des 6 stimuli odorants a été consensuel pour près de 83 % des sujets.

Fig. 41 : Illustration des résultats de la tâche de description verbale qualitative des odeurs présentées. Les odeurs qui ont été le plus souvent décrites comme du beurre rance sont les 4 solutions d’acide butyrique (B1 : 10-1, B2 : 5.10-2, B3 : 10-2, B4 : 10-3). En revanche, le mélange binaire odorant Masq1_B3 (B3 : 10-2 + Butyrate d’éthyle 10-2) a été décrit comme exhalant une note odorante « ananas » et Masq2_B3 (B3 : 10-2 + Butyrate d’éthyle 10-3)comme présentant les deux notes odorantes à la fois.

L’analyse des résultats relatifs à la description verbale des stimuli odorants nous a montré que l’acide seul évoque dans tous les cas la note odorante « transpiration ». L’odeur de la solution B4 (acide caproïque 1/1000) a été évaluée avec plus de difficulté (plus grande variation de l’erreur standard).

En revanche, il apparaît que le mélange Masq1_B3 a été perçu comme évoquant « l’ananas » pratiquement sans aucune présence de la note « transpiration » alors que dans le mélange Masq2_B3, il n’y a pas eu suffisamment de masquant pour faire disparaître l’odeur de l’acide caproïque.

Fig. 42 : Evaluations moyennes de la composante hédonique des deux mélanges binaires acide caproïque/caproate d’éthyle (Masq1_B3 = B3 : 10-2 + Butyrate d’éthyle 10-2 et Masq2_B3 = B3 : 10-2 + Butyrate d’éthyle 10-3). Le mélange Masq1_B3 a été perçu comme étant agréable alors que le mélange Masq2_B3 l’a été un peu moins.

L’odeur du mélange masquant « Masq1_B3 » (Acide caproïque 10-2 + Butyrate d’éthyle 10-2) a été perçue comme plus agréable que l’odeur du mélange masquant « Masq2_B3 » (Acide caproïque 10-2 + Butyrate d’éthyle 10-3) [F(1,19)=24, p<.0001].