« Apprendre, c'est déposer de l'or dans la banque de son esprit », Shad Helmstetter, écrivain américain.
‘«’ ‘ La banque est un merveilleux animal de recherche pour l'économiste ’ ‘»’ ‘,’ note Benston (1988, p.1202), faisant ainsi allusion à l’abondante littérature qui s’est créée autour de celle-ci, depuis le début des années cinquante. La pléthore de travaux sur la banque n’a pas, pour autant, terni l’engouement des économistes pour son étude, tentant aujourd’hui plus que jamais, de percer le mystère de sa fonction et ses spécificités.
Il est curieux de constater à quel point l’esprit d’un économiste est mal à l’aise face aux sujets qu’il ne peut maîtriser. Au désir, parfaitement louable, de ne pas abandonner la partie, s’oppose l’irritation de voir son énergie dépensée en vain ou ses efforts voués à l’échec. La banque représente l’un de ces sujets, dont les économistes n’arrivent toujours pas à bout 1 . Rien de surprenant à ce que certains auteurs comme Gadrey (1996, p.105) qualifient celle-ci de véritable « casse-tête ». Cet état des choses semble expliquer pourquoi la théorie bancaire reste, aujourd’hui encore, un champ de recherche où les avancées se font davantage à partir d’emprunts non spécifiques à la banque (théorie de la firme, par exemple) que sur la base de développements propres à celle-ci.
Il faut dire que l’état originel de complexité que posait l’étude de la banque a été amplifié, au fil des années, par deux types de considérations : externes et internes.
Au niveau externe, la configuration de l’environnement d’exercice de la banque a beaucoup évolué sous l’effet de forces comme la mondialisation, la globalisation, la libéralisation, les innovations financières et les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC). Ces forces ont introduit de profonds bouleversements à la fois au niveau des fonctions, des mécanismes, des structures et des acteurs de la sphère financière.
Au niveau interne, c’est tout l’art de la banque qui a mué. A côté de l’intermédiation traditionnelle axée sur la collecte des dépôts et la distribution des crédits, la banque a développé de nouvelles activités de marché et de hors-bilan. Cette évolution apparaît nettement dans le Produit Net Bancaire (PNB), où la composante « marge d’intermédiation » est de moins en moins importante, tandis que la composante « commissions et revenus divers » l’est de plus en plus.
Aussi, comme le souligne Pastré (2003a, p.34) : « La banque en tant qu’acteur économique se distinguant par une activité relativement homogène de collecte de dépôts et d’octroi de crédits, n’est plus. La banque est aujourd’hui fondamentalement hétérogène ».
Dès 1992, Lewis (1992, p.224) attirait l’attention des spécialistes de la banque sur le fait que la théorie et la pratique bancaires suivaient des itinéraires différents, la première étant très en retard par rapport à la seconde. Plus d’une décennie après, on relève que le fossé séparant ces deux composantes a atteint une dimension telle, qu’on doute de la capacité de la théorie bancaire qui reste opiniâtrement attachée à l’intermédiation traditionnelle dépôts-crédits, à rattraper la pratique bancaire qui tend, elle, vers des activités hors-intermédiation.
Faisant de cette incohérence leur cheval de bataille, nombre d’économistes s’inscrivant dans la mouvance du free banking à l’instar de Benston (2000a,b), Selgin (2001), Kaufman (2001, 2002, 2004) et des chercheurs de l’institut Cato 2 , remettent en cause, aujourd’hui, le bien-fondé de la réglementation bancaire.
Au regard de l’ensemble de ces considérations, il nous est apparu utile de mener une réflexion approfondie sur trois composantes majeures de l’économie bancaire contemporaine, en l’occurrence l’activité, la théorie et la réglementation bancaires.
Plus précisément, notre problématique est la suivante : Dans quelle mesure l’évolution factuelle de l’activité bancaire appelle-t-elle, d’une part, une actualisation de la théorie bancaire et, d’autre part, une reconsidération des fondements de la réglementation bancaire ?
La finalité de notre recherche est de contribuer à une meilleure compréhension du rôle, du fonctionnement et du statut de la banque dans l’économie. Cela sous-entend l’apport de nouveaux éléments de réponse, chaque fois qu’il a semblé possible de le faire et, à défaut, l’utilisation d’éléments existants de manière originale.
Les trois sections suivantes visent à apporter un certain nombre d’éléments préalables à la réflexion que nous allons engager au travers des différents chapitres de la thèse.
Après la définition de l’objet de la thèse (1), nous exposerons sa méthodologie (2), puis nous présenterons sa structuration et ses apports (3).
Parmi les nombreuses questions qui restent posées, on peut citer par exemple celles liées à : l’identification des inputs et outputs bancaires, la mesure de la productivité, l’estimation des économies d’échelle et d’envergure, l’existence d’une taille optimale, l’optimalité du cadre réglementaire qui oscille entre interventionnisme et jeu du marché, les problèmes posés par certains mécanismes comme l’assurance des dépôts et l’intervention du prêteur en dernier ressort.
Voir le Cato Journal ( http://www.cato.org/pubs/journal/cato_journal.html ).