3. Structuration et apports de la thèse

La structuration et les apports de la thèse découlent directement de la problématique et des choix méthodologiques précédemment énoncés. Aussi, notre travail s’organise en trois chapitres.

Dans le premier chapitre, nous plantons le décor, c’est-à-dire que nous précisons et interprétons autant que possible les évolutions effectives qui caractérisent l’activité bancaire depuis plus de deux décennies. Par souci d’exhaustivité, mais aussi pour des raisons de disponibilité statistique, nous menons cette tâche au travers des exemples de la France et des Etats-Unis. Ce chapitre comporte deux sections. Dans la section 1 , nous mettons la lumière, d’abord, sur les grandes mutations qu’a connues l’environnement d’exercice des banques. Ensuite, nous établissons le déclin de l’intermédiation bancaire traditionnelle, axée sur la collecte de dépôts et la distribution de crédits, et génératrice de l’essentiel de la marge sur intérêts.

Dans la section 2 , nous mettons en évidence le processus de marchéisation qui caractérise les banques. Puis, nous montrons l’émergence de nouvelles activités bancaires génératrices de commissions et de revenus divers comme la titrisation des créances, les engagements de financement et de garantie et les opérations sur produits financiers dérivés. Au total, ce chapitre nous permet, au travers des exemples français et américain, de clairement identifier les grandes tendances à l’œuvre au sein de l’activité bancaire et nous conduit à montrer que celle-ci a une structure changeante dans le temps, qui s’adapte aux exigences de son environnement d’exercice.

Dans le second chapitre, il s’agit de confronter la réalité du terrain aux enseignements de la théorie bancaire. Cette démarche nous amène, d’une part, à souligner les limites de cette théorie sous sa forme actuelle et, d’autre part, à proposer de nouvelles pistes de recherche en vue de son actualisation. Pour ce faire, nous commençons, dans la section 1 , par reconsidérer les raisons d’être traditionnelles de la banque, en l’occurrence la présence d’asymétries d’information et de coûts de transaction sur le marché financier. Nous montrons alors comment les mutations financières et notamment l’avènement des NTIC appellent au « dépoussiérage » de ces deux arguments. Dans la section 2 , nous nous intéressons à la fonction d’intermédiation bancaire et disséquons ses différentes facettes à la lumière de la littérature conventionnelle. Cela nous permet de relever l’énorme décalage qui sépare cette littérature, profondément attachée à l’intermédiation traditionnelle de bilan, et la pratique bancaire qui évolue, quant à elle, vers des activités hors intermédiation. Dans la section 3 , nous réexaminons le cadre d’analyse de la production bancaire. Cela nous conduit à mettre en avant les limites de l’approche industrielle du processus de production bancaire, et à proposer une nouvelle grille de lecture « servicielle » qui permet de capturer la véritable nature de cette production.

Enfin, dans le troisième chapitre, nous traitons du bien-fondé de la réglementation bancaire. Plus précisément, nous cherchons à savoir si le particularisme réglementaire qui régit la banque a toujours lieu d’être au vu de l’évolution effective de l’activité bancaire et de la réflexion théorique en la matière. A cette fin, nous commençons dans la section 1 par examiner cette question du point de vue de l’organisation du système monétaire. Cela nous amène à souligner l’importance du rôle des banques dans la création de la monnaie, la gestion des systèmes de paiement et la transmission de la politique monétaire.

Dans la section 2 , nous envisageons la question du point de vue de l’encadrement des risques bancaires. Cela nous conduit à réexaminer les notions de risque systémique et de risque idiosyncratique inhérentes à l’activité bancaire. Enfin, dans la section 3 , nous étudions la question du point de vue de la protection de la clientèle des banques. Nous sommes alors amenés à considérer les relations commerciales entre banques et déposants, et plus généralement, entre banques et consommateurs. Globalement, ce chapitre établit que si l’évolution effective de l’activité bancaire nécessite la reconsidération de certains dispositifs réglementaires (réforme McDonough, par exemple), elle ne remet pas en cause les fondements de la réglementation bancaire, contrairement à ce qu’affirment les partisans de la liberté bancaire (free banking). Toutefois, cela ne doit en aucun cas détourner le réglementeur de la prise en compte des impératifs de gestion du banquier.

Au total, à l’issue de ces développements, notre travail devrait contribuer au renouvellement de la réflexion académique sur la banque au travers de trois éclairages supplémentaires sur son activité, sa théorie et sa réglementation.