De nos jours, les notions de mondialisation et de globalisation financière sont devenues très courantes, mais rarement clairement définie, vu leur complexité. Historiquement, la mondialisation s’identifie à l’ouverture des économies nationales, les unes sur les autres (interpénétration économique) grâce au commerce et aux échanges internationaux. Toutefois, elle n'est pas qu'un phénomène économique dans la mesure où elle a aussi des dimensions culturelle, politique et sociologique. Pour Badie (1994) : ‘«’ ‘ La mondialisation est la constitution d'un système international qui tend vers l'unification de ses règles, de ses valeurs et de ses objectifs ’ ‘»’.
Si la mondialisation est liée à l'internationalisation des économies, les deux notions doivent être distinguées. L'internationalisation désigne une « intensification » des échanges internationaux et sous-entend une spécialisation d'un pays à l'autre, en fonction de certaines caractéristiques économiques, ce qui justifie l'échange 38 . En revanche, la mondialisation implique une « optimisation » des opérations de production et de commercialisation à l'échelle mondiale. Elle met donc en concurrence non plus des produits, mais des processus de production et des modes d’organisation économique (Alternatives Economiques, 2003, le Cédérom).
La mondialisation des économies engendre une globalisation qui se traduit par l’intégration croissante des marchés (biens et services, emploi et capitaux). Chaque marché devient alors un compartiment parmi plusieurs autres, le tout formant le marché mondial. Ce dernier déborde le cadre tracé par les frontières géopolitiques des Etats-nations qui, sans disparaître, deviennent de moins en moins des obstacles aux flux et transactions.
C’est certainement dans la sphère financière que la globalisation est la plus forte. Dans ce cadre, la globalisation financière recouvre deux grands aspects. Premièrement, le processus d’unification des produits et des services financiers dans le temps et l’espace, phénomène facilité, d’une part, par la libéralisation financière et, d’autre part, par certaines caractéristiques telles que l’immatérialité et la facilité d’imitation – absence de brevets– de ces produits et services.
Deuxièmement, l’interconnexion et le fonctionnement en temps réel et continu des marchés financiers, phénomène possible grâce aux NTIC.
Il faut noter que la globalisation financière n’est pas un phénomène totalement nouveau, comme le montre les exemples suivants. Entre 1880 et 1913, le Royaume-Uni a enregistré des sorties nettes de capitaux correspondant à 5% de son PIB par an, de telle façon qu’en 1914 près de 25% de la richesse britannique était investie à l’étranger (les relations métropole-colonies jouaient un rôle très important). En 1920, l’agence de rating Moody’s cotait les Bons du Trésor d’une cinquantaine de gouvernements. Durant la même époque, le magazine The Economist suivait l’évolution des investissements dans les chemins de fer américains, les mines d’or sud-africaines, la dette publique égyptienne, le guano péruvien, et bien plus (Obstfeld, 1998, p.12). La stabilité monétaire facilitait en effet une comparaison internationale de la rentabilité des projets, quelle que soit leur localisation. Enfin, la faible dispersion des taux d’intérêt réels et la relative stabilité des taux de change effectifs (grâce à l’étalon-or) dans les principaux pays industrialisés, entre 1870 et 1913, sont une preuve supplémentaire d’intégration du marché mondial des capitaux à l’époque.
Au vu de ces quelques exemples, il apparaît que c’est la période 1930-1970 qui semble exceptionnelle. En effet, au cours de cette période, marquée par la grande dépression puis la seconde guerre mondiale, les gouvernements, un peu partout dans le monde, ont isolé et limité le développement des marchés financiers domestiques en imposant des restrictions réglementaires, des règles administratives non concurrentielles et des contrôles stricts sur les mouvements de capitaux et les acteurs de la sphère financière.
Toutefois, les flux de capitaux privés sont graduellement revenus, dans les années 1960, avec l’émergence des euromarchés, puis ont crû rapidement, dans les années 1970, lors du passage à un système de changes flottants et grâce au recyclage des pétrodollars, avant de s’intensifier, à partir des années 80, par le biais, entre autres, des investissements directs étrangers (IED). La tendance universelle à l’ouverture financière des années 1990 et 2000 a restauré un degré de mobilité internationale des flux financiers qui n’avait plus été vu, depuis le début du 20ème siècle.
Sur le terrain, la globalisation des systèmes financiers s’est traduite par une expansion des opérations financières internationales (opérations en devises ou avec des non-résidents) et un accroissement des implantations d’intermédiaires financiers nationaux à l’étranger et vice versa. A titre d’exemple, d’après le dernier rapport annuel du CECEI (2003, p.140), le nombre d’implantations d’établissements de crédit français à l’étranger, à la fin 2002, était de 50 établissements, présents dans 83 pays différents. Ces implantations concernaient 587 filiales et 205 succursales. En 2003, elles étaient à l’origine de respectivement 18,3% et 7,6 % de la situation globale et des engagements hors-bilan de l’ensemble des établissements de crédit inscrits en France, soit 925 établissements (rapport annuel de la CB, 2003, p.50). Par ailleurs, la part des opérations effectuées en devises par les établissements de crédit français a représenté 12,9% de l’actif et 14,1% du passif en 2003. En outre, la proportion des opérations que ces établissements ont réalisées avec les non-résidents, toutes devises confondues, a été de 26,2% du côté des emplois et de 27,5% du côté des ressources (rapport annuel du CECEI, 2003, p.48).
Pour ce qui est de la présence étrangère en France, elle concernait, à la fin 2003, 261 établissements de crédit (sur un total de 925 établissements exerçant en France). 67,4% des implantations étrangères étaient européennes, soit 176 implantations se répartissant en 124 filiales et 52 succursales. Il faut signaler qu’à elles seules, les banques commerciales sous contrôle étranger (167 en 2003) représentaient, en termes de volume d’activité, 9,8% de la situation globale de l’ensemble des établissements de crédit présents en France à la fin 2003. Plus précisément, ces banques sous contrôle étranger étaient à l’origine de 9,3% des crédits à la clientèle non financière et géraient 9,5% de l’ensemble des dépôts à vue (CECEI, 2003, p.144).
Aux Etats-Unis, les statistiques de la FED établissaient qu’à la fin 2003, la présence étrangère parmi les banques (branches and agencies of foreign banks) représentait un volume d’activité de l’ordre de 9,9 % (775,4 milliards de dollars) de la situation globale de l’ensemble du secteur bancaire national (soit 7854,4 milliards de dollars). Plus précisément, les banques étrangères étaient à l’origine 17 % des crédits à la clientèle non financière et de 8,6% de l’ensemble des dépôts bancaires.
Au-delà de l’élargissement de l’horizon d’action des banques et autres intermédiaires financiers, la globalisation financière a favorisé la concurrence entre acteurs nationaux et étrangers, ainsi que la course à la taille. Cette dernière est largement motivée par la recherche d’un pouvoir de marché et/ou d’économies d’échelle et d’envergure. Il convient de citer ici, deux des effets les plus visibles de cette nouvelle donne. D’une part, le fait que les agents économiques (Etats, ménages, entreprises) disposent de plus de possibilités de placements et de financements à l’échelle mondiale, ce qui se traduit par une meilleure adéquation entre capacités et besoins de financement. D’autre part, la diversification internationale des portefeuilles, avec un degré assez élevé de substituabilité entre actifs financiers (passage instantané d’un marché à un autre selon la conjoncture).
Parallèlement à la mondialisation et à la globalisation financière, on observe de nos jours, la montée de blocs régionaux qui amplifient davantage l’intégration des systèmes financiers nationaux. En Europe, l’édification du marché unique et de l’Union Economique et Monétaire (UEM) représente l’exemple type de cette évolution. Celle-ci s’est traduite au niveau des activités bancaires et financières par l’adoption de principes essentiels entre les pays membres, parmi lesquels:
L’application de ces principes a permis la constitution d’un vaste marché de capitaux à l’échelle européenne. Le compartiment monétaire de ce marché est sans nul doute le plus intégré, étant donnée l’unification du cadre opérationnel de la politique monétaire sous l’égide de la BCE. Le compartiment financier, quant à lui, se hisse progressivement vers une intégration grâce, d’une part, au rapprochement récent et inachevé de plusieurs places boursières nationales, sous l’égide d’Euronext (qui regroupe actuellement les places de Paris, Bruxelles, Amsterdam, Lisbonne et le LIFFE de Londres) et, d’autre part, à l’interconnexion directe des systèmes de règlement-livraison.
Par ailleurs, il faut noter que l’introduction de la monnaie unique a exercé un effet catalyseur sur le renforcement de la concurrence entre intermédiaires financiers et l’homogénéisation des produits et services financiers offerts au sein des pays de la zone euro 39 .
Cela étant, force est de constater que l’intégration de plus en plus poussée des systèmes financiers nationaux, quelle qu’en soit l’origine, ne va pas sans poser certains problèmes. D’un côté, l’interconnexion des places financières fait que les référentiels de marché (taux d’intérêt, indices boursiers, taux de change, etc.) sont aujourd’hui étroitement corrélés, ce qui est à l’origine de la propagation des situations de déséquilibre (effet de dominos).
D’un autre côté, la standardisation des méthodes de gestion des risques – souvent automatisés – et le comportement mimétique des opérateurs ont entraîné une plus forte volatilité des marchés financiers et la multiplication des phénomènes de retournements brusques (prise instantanée et massive de la même position d’achat ou de vente). Sans oublier que la globalisation financière a considérablement réduit l’efficacité des politiques économiques nationales, au premier rang desquels, la politique monétaire.
Dans la continuité des mutations qui caractérisent la sphère financière contemporaine, nous allons maintenant nous intéresser aux phénomènes d’innovation financière et des NTIC.
L’internationalisation des économies est souvent mesurée à travers le taux d’ouverture = (X + M / 2 PIB). En 2003, le taux d’ouverture de la France était de l’ordre de 25,2% (selon les statistiques de l’INSEE) et celui des Etats-Unis de l’ordre de 12% (selon les statistiques de la FED).
Dans ce cadre, on peut citer le règlement communautaire (CE) n°2560/2001 du 19 décembre 2001 qui établit le principe de l’égalité des frais avec les paiements effectués à l’intérieur de l’Etat membre, pour certains paiements transfrontaliers en euros effectués à l’intérieur de la Communauté.