2.1.2. Le rôle des banques en tant que market maker

De nos jours, les banques assurent diverses fonctions nécessaires au bon fonctionnement des marchés financiers. Vu le volume des ordres et l’importance des fonds qui les caractérisent, leurs interventions, qu’elles soient pour le compte de la clientèle ou pour leur compte propre, augmentent significativement la largeur, la profondeur et la liquidité de ces marchés.

Par ailleurs, grâce à leur large réseau commercial, les banques assurent la diffusion des titres publics et privés émis par les agents à besoins de financement auprès des investisseurs et souscripteurs divers. En outre, elles offrent des services spécialisés de conseil et d’ingénierie financière aux entreprises afin de leur permettre d’accéder aux marchés boursiers. Elles développent également d’importantes activités de gestion de portefeuille et de fortune pour le compte de leur clientèle de particuliers.

Toutefois, le rôle le plus significatif que les banques mènent au niveau de la finance de marché reste celui de « teneur de marché » (market maker). Celui-ci consiste à intervenir pour compte propre sur les marchés financiers en indiquant en permanence les prix d’achat (bid price) et de vente (asked price), proposés pour des quantités données de devises et de valeurs mobilières diverses.

A travers cette fonction, les banques contribuent à l’efficience et surtout à la liquidité des marchés de capitaux puisqu’elles ‘«’ ‘ régularisent les fluctuations des cours et améliorent à la fois la négociabilité (coût réduit de recherche du cocontractant par centralisation des opérations) et la prédictibilité de la valeur des actifs ’ ‘»’ ‘’(Chevallier-Farat, 1992, p.665).

Il faut dire que les teneurs de marché concourent à l’équilibre des marchés sur lesquels ils interviennent, dans le sens où leurs positions sont opposées à celles des agents avec lesquels ils traitent. Toutes choses égales par ailleurs, ils achètent aux vendeurs et vendent aux acheteurs, servant ainsi de contrepartie potentielle. Grâce à ce rôle communément qualifié « d’intermédiation de marché », les teneurs de marchés peuvent constamment ajuster les prix et les quantités des actifs négociés, en fonction de l’offre et de la demande, ce qui assure un fonctionnement régulier des marchés financiers. Parallèlement à cela, ils collectent, traitent et fournissent continuellement de précieuses informations aux acheteurs et vendeurs potentiels.

Ces informations sont très variées puisqu’elles portent sur des domaines multiples comme, les marchés de capitaux (tous les compartiments), les politiques économiques (monétaire, fiscale et budgétaire), la situation des fondamentaux de l’économie (inflation, chômage, production nationale, profits des entreprises, etc.) et l’évolution de l’économie internationale (commerce international, IED, etc.). Il convient de bien souligner l’importance du rôle des teneurs de marché en matière de production d’information, puisqu’il conditionne souvent les anticipations et les décisions de beaucoup d’intervenants sur les marchés financiers.

Par ailleurs, la qualité et le prix des services procurés par les teneurs de marché affectent considérablement les coûts de transaction associés à l’achat ou à la vente des actifs négociés. Forte heureusement, la concurrence entre les teneurs de marché réduit ces coûts, pour le plus grand bénéfice des agents qui y font appel.

Lorsqu’une banque intervient en qualité de teneur de marché, elle ne se rémunère pas par courtage, mais par différence entre ses prix d’achat et de vente (spread). Elle prend alors une position opposée à celle de l’opérateur avec qui elle négocie. Sur les marchés à terme, cette position est dite longue lorsque la banque se porte acheteuse, et courte lorsqu’elle se porte vendeuse. Dans le jargon financier « être long » correspond à un risque spéculatif de baisse des prix et « être court », à un risque spéculatif de hausse des prix, la situation de la contrepartie étant symétrique.

Dans la continuité de la logique de marchéisation des banques, la mobilièrisation des bilans bancaires, qui qualifie le processus de progression des valeurs mobilières de marché au niveau de l’actif et du passif, constitue aujourd’hui un phénomène symptomatique de l’activité bancaire moderne.