1.1.3. Les déterminants des coûts de transaction

D’après Williamson, les coûts de transaction sont déterminés par trois éléments : la spécificité des actifs, l’incertitude et la fréquence des transactions.

Le premier élément qui est la spécificité des actifs, est de loin le déterminant le plus important des coûts de transaction. Cette spécificité est appréciée à travers le caractère « redéployable » ou non d’un actif (l’existence de coûts irrécupérables). D’après Williamson (1994), les actifs sont spécifiques lorsqu’ils ne peuvent pas être redéployés sans perte de valeur productive en cas d’interruption ou d’achèvement prématuré des contrats.

Autrement dit, moins un actif est redéployable sur une autre transaction, et plus sa spécificité est grande. Pour Lobez (1997, p.141) : « Un actif sera considéré comme spécifique si son usage est limité, soit au regard de la fonction qu’il remplit, soit au regard des individus qui l’utilisent ». On en déduit que les coûts de transaction sont une fonction croissante du degré de spécificité des actifs. En effet, lorsqu’une transaction porte sur un actif spécifique, le contrat intègre implicitement le caractère peu redéployable de cet actif.

La transaction dépasse alors le cadre habituel de l’anonymat du marché : elle devient personnelle et durable, les contractants se sentant réciproquement dépendants. Cette situation va générer des coûts de transaction supplémentaires : contrôle des comportements, nouvelles clauses contractuelles, possibilité de renégociation, possibilité de contentieux, etc. Williamson en déduit alors que, plus un actif est spécifique, et plus l’internalisation de la transaction au sein d’une firme est bénéfique pour les contractants, puisqu’elle permet d’éviter certains coûts.

Concernant le second élément, en l’occurrence, l’incertitude, il joue également sur la valeur des coûts de transaction. Il s’agit ici d’une incertitude non probabilisable, liée à la rationalité limitée des agents économiques. Pour Williamson, ce n’est donc pas une « incertitude objective » qui se rapporte aux états externes du monde (conjoncture économique, climat, catastrophe naturelle, etc.), mais une « incertitude subjective » (ou incertitude non structurée) qui porte sur le « comportement stratégique » et l’action des agents économiques : Le fait que chaque individu agisse en fonction de conjectures sur les autres individus. Au final, plus le degré d’incertitude sur une transaction sera élevé, plus les coûts de transaction y afférant le seront aussi.

S’agissant du dernier élément qui est la fréquence des transactions (unique, occasionnelle, récurrente), il agit également sur la valeur des coûts de transaction. En effet, plus les transactions sont fréquentes, plus les contractants acquièrent un historique qu’ils mettent à profit lors de nouvelles transactions. Toutes choses égales par ailleurs, les transactions semblables et répétitives donnent naissance à des contrats mieux adaptés qui réduisent les coûts de transaction.

La fréquence pose problème dès lors qu’une transaction nécessite un investissement particulier. Le coût de cet investissement peut alors être élevé et ne se justifiera que si la transaction est importante et doit se répéter (Coriat et Weinstein, 1995, p.59). Une transaction fréquente incitera à l’internalisation des coûts dans une firme, contrairement à une transaction unique.