1.2. L’argument des asymétries d’information

La théorie néo-classique qui appréhende le marché à travers les hypothèses de concurrence pure et parfaite et d’équilibre général instantané, suppose que la ventilation des ressources entre agents économiques dépend directement et uniquement du mécanisme des prix. Qualifiés de « common knowledge », ces derniers sont censés fournir toute l’information nécessaire aux agents économiques pour prendre leurs décisions. Autrement dit, les prix véhiculent une information parfaite et accessible à tout individu.

Cependant, l’apparition d’un courant théorique mettant en avant le caractère imparfait, asymétrique et coûteux de l’information, va sérieusement faire douter des conclusions de cette théorie.

C’est à la suite des contributions d’Akerlof (1970) sur le marché des voitures d’occasion (lemons) et d’Arrow (1971) sur le marché de l’assurance, qu’est apparue « la théorie de l’information imparfaite ». Celle-ci remet en cause le postulat néoclassique selon lequel l’ensemble des agents sur un marché dispose d’une information symétrique (identique). En effet, certaines informations ayant un caractère privé ou personnel (préférences, prix de réservation, projets, etc.), on voit mal comment l’ensemble des agents en disposerait a priori.

L’opacité de l’information devient alors source d’inefficience économique, car elle empêche que se nouent des relations mutuellement bénéfiques. Il convient de préciser que cette « défaillance de marché » a été récupérée par la « nouvelle école classique » pour expliciter les raisons pour lesquelles l’équilibre général et autorégulateur est parfois hors de portée. Cette nouvelle approche admet une certaine réhabilitation du rôle de l’Etat, dont l’intervention devient source d’efficience économique.

Dans ce qui suit nous commencerons notre analyse par mettre en évidence la nature des asymétries d’information (1.2.1). Puis, dans un deuxième temps, nous nous intéresserons aux enseignements de la théorie des incitations en la matière (1.2.2). Enfin, dans un troisième temps, nous verrons comment la théorie bancaire s’est appropriée la notion d’asymétrie d’information pour rationaliser l’existence des banques (1.2.3).