1.2.1 La nature des asymétries d’information

Les asymétries d’information sont liées à des situations de conflit ou de divergence d’intérêt. Elles apparaissent lorsque certains agents dissimulent des informations particulières qu’ils sont les seuls à connaître, dans l’objectif de maximiser leur espérance de gain. A l’instar des coûts de transaction, les asymétries d’information trouvent leur origine dans les facteurs comportementaux humains que sont l’opportunisme et la rationalité limitée.

Selon que le paramètre faisant l’objet d’une asymétrie d’information est exogène, c’est-à-dire non maîtrisable par le contractant qui en dispose pendant la transaction, ou endogène, c’est-à-dire maîtrisable par ce contractant, on parle d’anti-sélection (adverse selection) ou d’aléa moral (moral hazard).

Toutefois, on a plutôt pris l’habitude de différencier ces deux types d’asymétrie d’information en référence à la signature d’un contrat. Ainsi, l’anti-sélection recouvre l’ensemble des problèmes informationnels intervenant de manière ex ante à la signature. Tandis que l’aléa moral renvoie aux situations d’asymétrie d’information ex post, prenant forme après la signature.

Plus précisément, l’anti-sélection correspond à un opportunisme pré-contractuel. L’une des parties détient et garde pour elle des informations privées sur des variables susceptibles d’altérer le bénéfice net que l’autre partie devrait normalement tirer du contrat. L’aléa moral recouvre un opportunisme post-contractuel. Le comportement d’une partie n’est pas observable par l’autre partie, alors que le bénéfice net de cette dernière dépend de l’effort de la première.

La relation assureur-assuré est traditionnellement utilisée comme terrain d’étude des asymétries d’information. Il est évident que chaque assuré connaît mieux que l’assureur son comportement personnel vis-à-vis du risque qu’il cherche à couvrir. L’anti-sélection correspond alors à l’incapacité de l’assureur à distinguer entre les niveaux de risque des assurés potentiels. En effet, il se peut que celui-ci sélectionne l’individu le plus risqué pour signer un contrat. D’ailleurs, ce sont les individus  les plus « à risque » qui ont tendance à se sur-assurer, ce qui est défavorable à l’assureur.

S’agissant de l’aléa moral, il tient au fait que, plus un assuré a une bonne assurance, moins il fera attention à éviter les dommages qu’elle couvre. Toutes choses étant égales par ailleurs, on observe un accroissement des comportements négligents des assurés après la conclusion du contrat d’assurance, précisément parce qu’ils se savent assurés, ce qui nuit également à l’assureur.

Dès lors que quelques agents disposent d’avantages informationnels sur d’autres, la mise en place de « schémas de révélation », obligeant les agents informés à limiter l’avantage (injuste) qu’ils tirent des agents sous ou non-informés, est nécessaire. C’est autour de ces schémas, que s’est construite la théorie de l’agence et des incitations.