La théorie de l’agence et des incitations s’est essentiellement développée au cours des années soixante-dix, grâce aux travaux de Ross (1973) et Jensen et Meckling (1976). Elle s’intéresse à la relation d’agence qui s’établit entre un mandant (principal) et un mandataire (agent). Cette théorie recouvre en fait toute relation « contractuelle » (y compris implicite) entre deux parties, telle que la situation de l’une dépende d’une action de l’autre : la partie qui agit est l’agent, la partie affectée est le principal.
La définition la plus classique d’une relation d’agence est donnée par les auteurs susdits. Ainsi, d’après Ross (1973, p. 134) : « On dira qu’une relation d’agence s’est créée entre deux (ou plusieurs) parties, lorsqu’une de ces parties, désignée comme l’agent, agit soit de la part, soit comme représentant de l’autre, désignée comme le principal, dans un domaine décisionnel particulier 83 ». De même, Jensen et Meckling (1976, p.307) définissent une relation d’agence comme : « Un contrat par lequel une (ou plusieurs) personne (le principal) engage une autre personne (l’agent) pour exécuter en son nom une tâche quelconque qui implique une délégation d’un certain pouvoir de décision à l’agent . 84 »
La relation d’agence pose problème du fait de la divergence d’intérêt et de l’asymétrie d’information entre les contractants. Cette situation est aggravée par l’incertitude comme le note Charreaux (1987, p.24-25): « L’existence d’un problème d’agence est donc associée à l’incertitude, à l’imparfaite observabilité des efforts de l’agent et aux coûts d’établissement et d’exécution des contrats ». Chacune des parties contractantes est supposée agir de manière à maximiser sa fonction d’utilité, tout en cherchant à tirer profit des failles du contrat liées à l’incertitude et à la non observabilité.
Il s’ensuit que toute relation d’agence se traduit par des coûts d’agence. En effet, le principal supporte généralement des dépenses de contrôle (monitoring costs). L’agent engage souvent certains coûts en vue de mettre le principal en confiance (bonding costs). Enfin, les deux parties supportent un coût résiduel (residual loss) ou coût d’opportunité dans la mesure où leurs intérêts divergent (écart entre le résultat de l’action de l’agent et le comportement optimal pour le principal).
Dès lors, la théorie de l’agence et des incitations s’intéresse aux divers mécanismes permettant de minimiser les coûts d’agence. En effet, la partie sous-informée (le principal) va chercher à mettre en œuvre des mécanismes de filtrage et/ou d’incitation dans le but d’amener la partie informée (l’agent) soit à révéler son information (modèle d’anti-sélection), soit à suivre un comportement conforme à l’intérêt de la partie sous-informée (modèle d’aléa moral). Ces mécanismes sont fondés sur des « signaux » émis par l’agent qui doit faire valoir sa bonne foi (à l’exemple du choix de certains paramètres sur une liste de propositions dite « menu de contrats »).
Après cette présentation générale, nous considérons dans ce qui suit la manière dont la théorie bancaire s’est appropriée le concept d’asymétries d’information pour rationaliser l’existence des banques vis-à-vis du marché financier.
« We will say that an agency relationship has arisen between two (or more) parties when one, designed as the agent, acts for, on behalf of, or as representative for the other, designated the principal, in a particular domain of decision problems. » (Ross, 1973, p. 134).
« We define an agency relationship as a contract under which one or more persons (the principal(s)) engage another person (the agent) to perform some service on their behalf wich involves delegating some decision making authority to the agent » (Jensen et Mecking, 1976, p.307)