3.2.1. Une modélisation opérationnelle du processus de production bancaire

Quels types de réalité (C) la banque a t-elle l’habitude de transformer ou de traiter ? Quelles sont les opérations ou transformations effectuées sur (C) ? Comment les estimer ? Ces questions nous conduisent à préciser la nature du processus de production bancaire. Ce processus renvoie à l’ensemble des éléments intereliés en vue d’assurer la production. A la lumière des enseignements de l’économie des services, nous nous proposons de modéliser ce processus à partir de la caractérisation de cinq éléments :

  1. les facteurs de production (inputs) ;
  2. les activités (transformation) ;
  3. les prestations de services (outputs-services) ;
  4. les supports de services (outputs-supports) ;
  5. la clientèle.

La figure n° 08, ci-dessous, permet d’avoir une vision globale du processus de production bancaire :


Figure n°08 : Modélisation opérationnelle du processus de production bancaire
Figure n°08 : Modélisation opérationnelle du processus de production bancaire

Source : Elaboré par l’auteur.

Détaillons les cinq composantes de ce processus de production :

  1. Les inputs ou facteurs de production utilisés par la banque se décomposent en capital humain, capital physique (immeubles, équipements, DAB/GAB, etc.) et autres biens et services non financiers. Le capital financier (fonds propres, dettes subordonnées, etc.) représente également un facteur de production, mais il est mis à part du fait de l’interférence d’outputs-supports comme les dépôts qui sont à la base de l’intermédiation de bilan. Une spécification de taille doit être cependant apportée ici. Il convient de distinguer deux types de dépôts à vue. D’abord ceux provenant d’une épargne ex ante déposée par un client ou d’un revenu régulier (salaire, pension, etc.) versé au profit de celui-ci, et que la banque utilise comme inputs pour accorder des crédits (les dépôts font les crédits). Ensuite, ceux découlant de l’activité de prêt et qui permettent à un emprunteur de mobiliser de manière concrète son crédit : ces dépôts accroissent la masse monétaire (les crédits font les dépôts).
  2. Les activités bancaires s’articulent essentiellement autour de l’intermédiation de bilan, l’intermédiation de marché et les autres activités hors-bilan que nous avons analysées dans le premier chapitre de la thèse. Il faut toutefois préciser que la transformation opérée par la banque peut s’apparenter à un simple déplacement et/ou à une conservation momentanée à travers le temps comme c’est le cas dans l’activité de teneur de marché.
  3. Les outputs-services traduisent des opérations ou des actes aux effets matériellement identifiables et standardisables. Autrement dit, ils reflètent l’art et le savoir-faire de la banque, et correspondent au côté opérationnel de son activité : assurance de liquidité, gestion des risques (dont monitoring), conseil, gestion de patrimoine, etc.
  4. Les outputs-supports correspondent aux différents actifs d’ancrage gérés par la banque, qui sont difficilement séparables des outputs-services. On peut distinguer des supports monétaires (dépôts à vue, moyens de paiement, etc.), les supports financiers (dépôts à termes, titres, obligations, produits dérivés, etc.) et les supports physiques (machines, équipements) qui sont la propriété de la banque mais sont utilisés dans des activités comme le leasing.
  5. Enfin, la clientèle fait partie du processus de production bancaire dans la mesure où elle réalise souvent, elle-même, certaines tâches nécessaires à l’obtention des outputs-services et des outputs-supports. Nous reviendrons sur ce rôle dans le paragraphe qui suit (3.3.2).

Au total, cette représentation « servicielle » du processus de production bancaire peut paraître assez simpliste, mais elle a l’avantage de la clarté, et apparaît plus réaliste que la conception « industrielle » du même processus.

La dernière partie de la question posée précédemment renvoie au problème de l’évaluation en termes réel et monétaire d’une quantité ou d’un volume de production bancaire. Etant donné que les économistes ne sont toujours pas parvenus à mettre au point une méthode fiable permettant de « valoriser » les outputs-services, ils n’ont pas d’autre choix que de se baser sur les outputs-supports pour estimer une pseudo-production. Le plus souvent, c’est le Produit Net Bancaire qui sert de référence en la matière. Il faut toutefois préciser que cette démarche reflète des quantités vendues, et non des quantités de services fournis. Il reste qu’un développement plus poussé de la comptabilité analytique au niveau de la banque pourrait permettre une approximation de la valeur des outputs-services.