1.1. L’ancrage de la confiance dans la monnaie

Dans toute économie, la monnaie constitue l’unique support des échanges marchands, puisque c’est à travers la représentation de valeur qu’elle confère, que les agents prennent leurs décisions et effectuent leurs transactions. A ce titre, beaucoup d’auteurs la qualifient de « bien public » ou encore de « ciment » qui renforce la vie en communauté. Certes, au-delà de son aspect matériel (moyen de paiement), la monnaie est aussi une représentation morale (unité de compte). Mais qu’est-ce qui constitue son essence ? Voilà une question qui continue, aujourd’hui encore, à susciter l’intérêt non seulement des économistes, mais aussi des philosophes, psychologues, sociologues et juristes. Le compromis issu de la confrontation de ces disciplines est de considérer « la confiance » comme l’élément fondateur de la monnaie.

Dans ce qui suit, nous montrons, dans un premier temps, comment l’institutionnalisation de la monnaie fiduciaire et l’octroi du monopole de son émission à une BC a permis de consolider la confiance des agents économiques, tout en conduisant à la réglementation des banques en tant que partie prenante dans la création monétaire (1.1.1). Puis, dans un second temps, et à la lumière de certaines expériences historiques, nous constaterons l’impraticabilité d’un régime bancaire d’émission libre de monnaie qui, au regard de la défiance qu’il suscite, renforce l’argumentation en faveur de la réglementation bancaire (1.1.2).