1.3. La conduite de la politique monétaire

Bien que la monnaie se soit imposée en tant que réalité depuis maintenant plusieurs siècles, elle continue jusqu’à présent de susciter d’importantes controverses entre les économistes. C’est essentiellement son impact sur l’activité réelle qui figure au centre du débat académique. A l’aune de la théorie quantitative de la monnaie (MV = PT), il est reconnu que sa surabondance ou son insuffisance comparativement à l’activité économique (PIB), exerce un effet direct sur le niveau général des prix internes 156 (au moins à moyen terme). Par ricochet, cela affecte les fondamentaux de l’économie : épargne, investissement, consommation, chômage, importations, exportations, etc.

On comprend dès lors pourquoi les BC contemporaines utilisent une politique monétaire pour agir sur l’équilibre macroéconomique. Si cette politique fait de la lutte contre l’inflation 157 (la déflation) son principal objectif 158 , elle vise aussi (indirectement) à optimiser la croissance économique, favoriser l’emploi et maintenir un taux de change acceptable. Il faut dire qu’à la suite de travaux empiriques comme ceux de Barro (1997) 159 , cette approche « monétariste » de la politique monétaire a largement été confortée 160 .

Dans ce qui suit, nous analysons un argument supplémentaire en faveur de la réglementation bancaire. Celui-ci est axé sur le rôle primordial des banques dans la mise en oeuvre de la politique monétaire (1.3.1), ainsi que dans sa transmission (1.3.2).

Notes
156.

Dans ce cadre, Selgin (1991, p.158) note : « On peut comparer le marché à une roue, la monnaie à un moyeu, les prix à des rayons, et les autres biens à la jante. Une modification des liens entre un bien et le reste des biens correspond au resserrement ou au relâchement d’un seul rayon ; elle produit beaucoup d’effet sur une petite partie de la roue, mais un effet bien moindre sur le reste de la roue. Une modification des liens entre la monnaie et les autres biens correspond au déplacement du moyeu ; elle produit un grand effet sur l’ensemble des parties de la roue, étant donnée qu’elle entraîne tous les rayons simultanément. Si vous ajuster mal un rayon ou un prix donné, vous ferrez vaciller une petite partie de la roue ; si c’est le moyeu, c’est-à-dire la monnaie que vous ajustez mal, alors toute la roue sera déformée ».  

157.

La monnaie n’est pas toujours la cause directe de l’inflation, mais elle en représente toujours la condition permissive (de Boissieu, 1998).

158.

La BCE a un seul principal objectif : la stabilité des prix. La FED, quant à elle, a trois principaux objectifs : la stabilité des prix, la promotion de l’emploi et le maintien de taux d’intérêt à LT modérés.

159.

L’auteur montre à travers une étude en données de panel, appliquée à cent pays durant la période 1965-1990, que l’inflation est négativement corrélée au taux moyen de croissance économique.

160.

Comme le signale Courbis (2002, p.154), « Il ne s’agit plus de monétarisme à la Friedman des années cinquante et soixante, mais de monétarisme post anticipations rationnelles des années soixante-dix et quatre-vingt ».