Suite aux recommandations du Comité de Bâle, les banques adopteront au niveau mondial un nouveau ratio de solvabilité baptisé « ratio McDonough 224 ». Ce dernier remplacera dès 2006, l’actuel « ratio Cooke » entré en vigueur en 1988 (Bâle I), et jugé mal adapté aux évolutions récentes de l’activité bancaire.
En effet, le recours aux NTIC, l’explosion des opérations bancaires sur les marchés financiers et le développement de nouvelles opérations comme la titrisation des créances ont rendu obsolète un contrôle reposant uniquement sur des normes de fonds propres rigides. En outre, les récentes crises de certains pays émergents ont démontré la mauvaise prise en compte des risques souverains.
La nouvelle réforme dite « Bâle II » a été proposée en 1999. Elle a fait l’objet de plusieurs années de discussions et de larges consultations de la profession bancaire. Au final, le Comité de Bâle a décidé de reporter la publication du nouvel accord au début 2004, pour application par toutes les banques à vocation internationale en 2006. Plus précisément, le champ d’application du nouvel accord se caractérise par :
L’objectif final du nouveau dispositif est de renforcer la solidité et la stabilité des systèmes bancaires nationaux et de promouvoir des conditions d’égalité de concurrence entre les banques à vocation internationale. Pour ce faire, une série d’objectifs intermédiaires a été établie. Parmi ceux-ci, on peut citer :
Au niveau de l’Union européenne, les recommandations du Comité de Bâle ont été traduites par un projet de directive sur l’adéquation des fonds propres (CAD 225 III) rendu public le 15 juillet 2004. Après son adoption, la directive aura valeur contraignante. Toutes les banques et les entreprises d’investissement de l’Union européenne devraient donc appliquer le nouveau ratio de solvabilité dès 2006.
Le projet de directive européenne insiste sur trois points clé : (1) des règles identiques en matière de fonds propres pour tous les acteurs fournissant les mêmes produits et services ; (2) une harmonisation des méthodes de surveillance des risques dans les différents Etats membres de l’Union européenne ; (3) une articulation avec les réformes comptables portant sur le passage aux normes IAS (pour plus de précisions, voir le paragraphe 2.1.3 du premier chapitre).
En France, c’est le Comité de la Réglementation Bancaire et Financière (CRBF) qui transposait, jusqu’à dernièrement, les directives européennes en droit français. Toutefois, la loi n°2003-706 du 1er août 2003 de sécurité financière a modifié cette procédure. En effet, c’est désormais le Ministre de l’économie qui reprend la fonction de réglementation du CRBF 226 . La Commission Bancaire (CB) continue de surveiller l’application des directives transposées par l’ensemble des banques et entreprises d’investissement reconnu en France.
D’après la FBF, les banques françaises se sont déjà préparées au passage au nouveau ratio de solvabilité. Le coût de ce chantier est estimé à environ 1,5 milliard d’euros pour l’ensemble du secteur bancaire français. L’encadré qui suit récapitule le calendrier de mise en place du nouveau ratio McDonough.
| Juin 1999 : Premier document consultatif présenté par Bâle sur un nouveau dispositif d'adéquation des fonds propres (phase de consultation close le 31 mars 2000), Janvier 2001 : Second document consultatif (consultation close le 31 mai 2001), Octobre 2002 : étude d'impact QIS3* (envoi du questionnaire de simulation portant sur les chiffres à fin mars 2002), Novembre 2002 : consultation de la Commission européenne sur les orientations européennes et un avant projet de directive, Automne 2002 : consultation européenne sur les conséquences économiques du nouveau dispositif, 20 décembre 2002 : fin de la transmission par les banques des réponses au questionnaire QIS3, 29 avril 2003 : publication du 3ème document consultatif par le Comité de Bâle, Juin 2003 : publication du troisième document consultatif par la Commission européenne, 29 avril - 31 juillet 2003 : transmission par les banques des commentaires sur le document du Comité de Bâle, Premier semestre 2004 : publication du nouvel accord de Bâle, 2004 : proposition de directive européenne CAD III, 2005 : publication de la directive CAD III, 31 décembre 2005 : calcul en parallèle ratio Cooke et ratio McDonough, 31 décembre 2006 : application du nouvel accord de Bâle et de la Directive CAD III pour les méthodes standard et indicateur de base*, 31 décembre 2007 : application du nouvel accord de Bâle et de la Directive CAD III pour la méthode avancée**. |
Source : Fédération Bancaire Française, 2004.
* Quantitative Impact Study n°3.
** Le 11 mai 2004, le Comité de Bâle a confirmé l'application du ratio pour 2006, avec un report d'un an pour la méthode avancée.
De manière générale, le nouveau ratio « McDonough » de solvabilité repose sur une approche à la fois quantitative et qualitative, qui s’appuie sur les trois piliers suivants :
Source : D’après le Comité de Bâle, « International Convergence of Capital Measurement and Capital Standards », BRI, juin 2004 ( http://www.bis.org/publ/bcbs107.pdf ).
Cela étant, la mise en œuvre du nouveau ratio McDonough ne va pas sans poser quelques problèmes. La procyclicité de ce ratio, c’est-à-dire sa variabilité excessive aux fluctuations du cycle économique est sans doute le principal problème qu’il pose. En effet, ce ratio se caractérise par une plus grande sensibilité des exigences en fonds propres aux risques liés à l’activité bancaire. Ainsi, en période de récession ou de ralentissement économique (montée des risques et baisse des profits bancaires), les exigences en fonds propres sur-réagissent à la hausse, tandis qu’en période de croissance, elles sur-réagissent à la baisse (diminution des risques et hausse des profits bancaires).
Il faut dire que le nouveau mode de calcul des exigences en fonds propres s’effectue à travers la décomposition du portefeuille d’actifs en plusieurs catégories de risques (souverains, entreprises, particuliers, etc.). Les risques liés à ces catégories sont estimés de façon différenciée en fonction de notations internes ou externes. Or, les méthodes de notation réagissent fortement aux évolutions de la conjoncture économique. Donc, lors d’une récession, on observe une dégradation rapide des notations, ce qui débouche sur un renforcement mécanique des exigences en fonds propres. Le renchérissement du crédit qui s’ensuit peut entraîner un « credit crunch » qui va renforcer l’état initial de récession. En revanche, lors d’une reprise, une appréciation non ajustée des notations peut se traduire par une augmentation rapide et arbitraire de l’octroi de crédit, ce qui peut engendrer des déséquilibres financiers et augmenter les risques des banques et des emprunteurs.
Pour remédier à ce problème de procyclicité, trois propositions ont été avancées par les spécialistes :
Nom du président du Comité de Bâle qui a initié les travaux.
Capital Adequacy Directive.
Le ministre de l’économie doit procéder sur l’avis du Comité Consultatif de la législation et de la réglementation financière crée par cette même loi.