INTRODUCTION

Cette recherche porte sur les représentations de la maladie mentale. Il s’agit non seulement de faire ressortir les processus de symbolisation qui sous-tendent ces représentations mais aussi de les mettre en relation les processus de symbolisation et le contexte culturel du sujet qui représente.

Mon intérêt pour cet objet de recherche est le résultat d’un ensemble d’expériences personnelles et d’une pré-enquête 1 effectuée sur le terrain. Dans un premier temps, en tant que Gabonais et ayant vécu au Gabon, jusqu’au début de mon second cycle universitaire, j’ai eu l’occasion de vivre directement et d’apprécier l’influence des représentations culturelles, tant dans la vie quotidienne qu’en milieu hospitalier.

En s’arrêtant un instant sur les croyances traditionnelles, on peut remarquer qu’elles sont présentes à plusieurs niveaux. Sur le plan clinique, dans la vie quotidienne, lorsqu’un événement malheureux (mort, maladie, échec, mésaventure) se produit, l’individu ou le groupe qui a été touché se sert des croyances (religieuses ou traditionnelles) pour expliquer le phénomène observé. Cette compréhension repose sur un ensemble de représentations dites « culturelles ».

C’est surtout à partir de mon contact avec les patients en psychiatrie que j’ai eu un penchant pour les représentations culturelles existant chez les patients. Dans ce sens, certains patients utilisent dans leur discours les croyances traditionnelles pour expliquer l’origine de leur maladie. C’est le cas par exemple des patients présentant des idées délirantes, des hallucinations. Celles-ci ont des rapports avec des croyances à la sorcellerie, aux ancêtres. Dans ce sens, on peut noter que la « maladie » révèle d’autres modes de compréhension : transgression d’une loi, l’héritage social, la souillure, la dette due aux dieux, etc. Pour A. Zemplini, (1983) 2 , ces causes renverraient à des situations conflictuelles, notamment avec les ancêtres ou les dieux, à l’origine des explications et des interprétations magico-religieux des conduites psychopathologiques. Ces interprétations posent la question de l’importance de l’utilisation des représentations dans la société.

Dans un second temps, mon intérêt pour l’utilisation répétée des croyances (religieuses, traditionnelles) dans la représentation d’un événement (heureux ou malheureux) ou d’un fait, a permis d’effectuer un travail de pré enquête sur le terrain. Les résultats ont montré qu’environ 80% des individus utilisent des croyances dans leur vie. Ces croyances comprennent les croyances religieuses et traditionnelles. D’une part, il y a les croyances en Dieu, dont la fréquentation des églises, l’organisation des prières, etc. en sont des signes. D’autre part, il y a l’utilisation des mythes, la pratique des rites, la croyance aux ancêtres, à la sorcellerie, etc. Toutes ces croyances ne se répartissent pas de la même façon dans la société. Si 80% de la population interrogée croient aux religions modernes, environ 10% seulement utilisent les croyances traditionnelles. Malgré leur moindre importance, sur le plan pratique, il y a une référence quasi-systématique manifeste aux croyances traditionnelles lors de la recherche de la guérison.

Ainsi, convient-il de noter qu’il s’agisse de l’une ou l’autre des formes de croyances, elles jouent un rôle important dans la société. C’est dans cette perspective que J. Mbiti (1972, 9) 3 a considéré l’Africain comme un « être religieux ». En effet, pour cet auteur, « la religion est l'élément le plus solide de l'arrière-plan traditionnel; c'est elle qui exerce certainement l'influence la plus profonde sur le mode de pensée et la façon de vivre des Africains ». A cet effet, l’individu parle-t-il en termes de Dieu, d’esprits, et de divinités comme faisant partie de sa façon de penser et de vivre. Etant donné que la religion influence la façon de vivre et de penser des individus, elle est présente dans tous les domaines de la vie. Ainsi, qu’il s’agisse des croyances modernes ou traditionnelles, la religiosité joue un rôle principal. Tout a alors un sens car l’objet est toujours mis en relation avec quelque chose.

En cela, les croyances, en tant que « systèmes de pensée » issus d’un imaginaire social, culturel, permettent de donner un sens aux conduites et aux comportements. Pour D. Jodelet (1989, 31) 4 ., « les représentations… nous guident dans la façon de nommer et définir ensemble les différents aspects de notre réalité de tous les jours, dans la façon de les interpréter, statuer sur eux et, le cas échéant, prendre une position à leur égard et à la défendre ». Dans ce sens, la ruée vers les nganga 5 ou vers les religieux (prêtres, pasteurs) dans le cadre des soins caractérise bien l’influence de ces systèmes de pensée.

Si tout le monde possède une croyance –le scientifique croit en sa science ; de même que l’enfant croit en son père Noël qui lui laissera un cadeau dans la cheminée – l’intérêt pour les croyances est lié au fait que malgré l’influence de la science, de la modernité, on note de plus en plus l’influence de ces représentations dans la société. Chez certains individus, on peut observer l’existence à la fois des croyances chrétiennes et traditionnelles. Par exemple, certains sujets lorsqu’ils sont malades vont être conduits à l’église par leur famille. Si la maladie ne « guérit » pas, ils vont vite voir le nganga. Ce qui pose la question de l’importance des croyances traditionnelles dans la société.

Cependant, certaines études anthropologiques ont permis de constater que l’utilisation des croyances n’est pas le propre de la société gabonaise en particulier. Même en Occident (France, Russie, E.U., etc.), ces croyances ont existé et continuent à exister. En France, les travaux de J. Favret-Saada (1977) 6 , de A. Van Gennep (1980) 7 témoignent et rendent compte de l’existence des différentes croyances dans les sociétés« traditionnelles » françaises. D’autres travaux comme ceux de D. Camus (2001) 8 montrent l’importance des croyances dans la société française, et notamment au sein de la classe politique. Ainsi, malgré la présence de ces croyances, la différence peut se situer au niveau de la façon de les utiliser qui est très nette. En Occident, c’est par le truchement de la science et des techniques que certains problèmes auxquels les individus sont confrontés trouvent leurs solutions. Alors que ce n’est pas le cas au Gabon.

Fort de toutes ces observations, il découle un ensemble de questionnements, à savoir : quelles relations y a-t-il entre le fonctionnement psychique et la culture ? Quels sont les processus psychiques qui sous-tendent l’utilisation des représentations ? Afin de saisir ces liens, on va s’intéresser aux représentations de la maladie mentale. L’utilisation des croyances modernes, notamment chrétiennes est à l’origine d’un ensemble de représentations tournant autour de la conception du péché. Alors que les croyances traditionnelles vont faire appel aux représentations de la sorcellerie, aux ancêtres, etc. Dans cette perspective, peut-on entendre par exemple que si telle personne est malade, c’est parce qu’elle a été ensorcelée par son oncle, sa tante, etc. ou qu’il a commis un péché. Sur quoi reposent ces représentations ? Quels sont les processus qui les sous-tendent ? Dans cette perspective, quels liens existe-t-il entre ces représentations et les processus de symbolisation ?

La construction de l’objet de cette recherche est le résultat de plusieurs moments. Les recherches menées dans le cadre universitaire se sont toujours intéressées à l’influence de la culture sur le psychisme. Et pour cela, elles n’ont fait que renforcer cette volonté à mettre en relation les notions de psychisme et de culture. Un des objectifs du clinicien, praticien ou chercheur, est d’être à l’écoute du matériel clinique. Si pour le praticien, ce matériel est obtenu dans la relation clinique, dans l’ici-et-maintenant, pour le chercheur, ce matériel est en partie lié à la construction du travail en général. La construction de l’objet de cette recherche a pour objectif d’offrir un lieu de symbolisation aux sujets ; lieu leur permettant de représenter psychiquement et d’évaluer leurs efforts de symbolisation. Et c’est dans cette perspective que j’ai été amené à construire et penser cet objet de recherche.

Parler des relations entre les processus de symbolisation et les représentations de la maladie mentale renvoie à différentes acceptions. La première approche consiste à tenir compte des différentes représentations qu’un sujet a de la maladie mentale. Cette approche met l’accent sur les différentes représentations de la maladie mentale qui existent dans la société. Dans ce sens, on peut parler des représentations sociales de la maladie mentale. La deuxième acception porte sur les différentes représentations que le sujet lui-même se fait de sa maladie. Dans ce sens, il s’agit des représentations propres au sujet sur sa maladie. Dans ce deuxième point, est mise en avant l’importance de la subjectivité du sujet dans la représentation qu’il donne de sa maladie. Dans le cadre de cette recherche, je mettrai l’accent sur ce dernier point. L’objectif est d’arriver à comprendre comment le sujet élabore psychiquement, symbolise sa maladie.

De ces deux approches, il en découle une troisième. L’objectif est de pouvoir mettre en relation les représentations issues de la subjectivité du sujet aux représentations collectives et culturelles existant dans la société. Il s’agit alors de comprendre comment le sujet s’approprie et élabore subjectivement les représentations culturelles existant dans la société. Ce qui permet de comprendre comment s’effectue le passage des représentations sociales et culturelles aux représentations psychiques.

Sur la base de ces éléments, il convient de noter l’importance du « sujet social », en tant qu’objet de recherche. Ce qui permet de parler de la clinique du « sujet social » dont la caractéristique principale est la mise en avant du « nous » à certains moments et du « je » à d’autres. Dans ce sens, en utilisant les représentations collectives, chaque individu peut parler au nom du groupe, de la société mais aussi en son propre nom(J. Barus-Michel, 1987) 9 . En ce sens, le sujet social se différencie du sujet-individu qui est sujet de son énonciation et parle à la première personne. Ainsi, convient-il de tenir compte d’une « clinique sociale », étant donné qu’elle met en avant le sujet dans sa relation. Car il ne peut y avoir de sujet exclu du champ du social ou du culturel.

Ainsi, quelles influences ces représentations sociales ont sur le fonctionnement psychique du sujet, notamment sur les processus de symbolisation ? Comment peuvent s’exprimer ces représentations culturelles chez le sujet ? Telles sont les questions auxquelles je vais tenter de répondre au cours de cette recherche.

En s’intéressant aux représentations culturelles, objet de l’anthropologie, l’objectif est de saisir l’impact qu’elles peuvent avoir sur le plan psychologique. Car la référence quasi exclusive aux croyances implique la question de leur influence sur le fonctionnement psychique des individus. Existe-t-il des processus psychiques particuliers chez ces sujets qui font référence aux croyances ?

Cette recherche s’inscrit dans le cadre des travaux menés sur le fonctionnement psychique en rapport avec les croyances. Dans ce sens, deux axes sont possibles : celui de la représentation d’un objet et celui du travail de la création, du rêve. Dans la représentation d’un objet, on va s’intéresser aux représentations de la maladie mentale (F. Laplantine, 1986, 1976 ; D. Jodelet, 1989). Cet axe repose sur des approches sociale et anthropologique.

Dans ces perspectives, par représentation, on peut entendre « une forme de connaissance socialement élaborée et partagée, ayant une visée pratique et concourant à la construction d’une réalité commune à un ensemble social » (D. Jodelet, 1989, 36,). Cette définition courante montre que la représentation est un produit, un résultat ; elle peut être aussi un début, un point de départ. Etant donné que la notion de « représentation » recouvre un ensemble de champs très larges, on s’intéressera à la représentation en terme de processus, de quelque chose qui est en train de se faire. Ce qui permet alors de mettre en évidence le second axe.

En ce qui concerne le second axe, il consistera à tenir compte de la problématique du fonctionnement dans son travail de création (D. Anzieu, 1981) 10 .. Dans ce sens, la représentation peut être considérée comme un travail de création mobilisant un ensemble de processus dits de symbolisation. L’intérêt accordé à ces processus s’inscrit cette recherche dans le champ de la psychologie clinique, à orientation psychanalytique. Cette approche accorde une place centrale aux processus de symbolisation (R. Roussillon, 1995, 2000) qui constituent l’axe principal de cette recherche et la base de mes hypothèses de travail. Dans ce sens, R. Roussillon (2000) 11 considère la symbolisation comme :

« Le processus de mise en forme, en représentation et en sens de l’expérience subjective vécue, elle est le résultat du travail de la psyché pour tenter de métaboliser ce à quoi elle se trouve, du dedans ou du dehors, à partir de la pulsion ou en provenance des objets, de fait confrontée dans le décours de la vie psychique. Ce travail est nécessaire aussi bien à l’appropriation subjective de l’expérience vécue qu’à son intégration au sein de la subjectivité, il commande celles-ci, il en représente la première condition de possibilité ».

Cette définition met en évidence l’importance de la construction du sujet, de son histoire, de sa subjectivité. Ainsi, la symbolisation se fait par appropriation de l’expérience. Cependant, la représentation d’un objet dépend aussi du contexte culturel auquel appartient le sujet. Cette appartenance montre la complexité des liens entre le sujet et sa culture, et plus précisément des liens intra et intersubjectifs du « sujet social ». La prise en compte des relations entre sujet et culture conduit à s’intéresser à l’approche « clinique culturelle » du sujet.

Dans une approche normale, la symbolisation peut être saisie par la représentation ou plus précisément la présentification d’un objet (événement, fait, etc.). En ce sens, le travail de rappel, de mémoire utilisé dans la vie quotidienne est un travail de représentation. Mais dans certaines sociétés –comme on le verra à partir du matériel clinique –la spécificité est que les représentations portent sur des contenus culturels précis qui sont des valeurs de la société. Il paraît important de saisir ces contenus, en essayant de comprendre comment ils sont symbolisés.

En revanche, d’un point de vue pathologique, à partir des représentations chez les sujets souffrants, on peut observer une difficulté à symboliser (secondairement ou primairement). En prenant le cas le plus extrême qui est celui de la psychose, sa clinique montre qu’il existerait un défaut de symbolisation, c’est-à-dire que les matériaux utilisés ne le sont plus selon leur sens logique. Il y aurait une difficulté à utiliser la métaphore par le sujet (J. Lacan, 1981) 12 .

Même si tous les cas rencontrés dans cette recherche ne sont pas des psychotiques, on peut noter des difficultés de symbolisation liée à la souffrance des sujets. En prenant l’exemple du cas de Martine 13 qui, confrontée à ses troubles psychosomatiques, va attribuer l’origine de sa souffrance à la sorcellerie de son oncle. Dans ce sens, on interrogera les représentations utilisées par les patients afin de comprendre comment elles sont symbolisées et comment elles interviennent dans l’histoire de leur subjectivité.

Ainsi, la prise en compte de deux approches : l’une psychosociale et l’autre clinique permet de parler d’une approche dite « complémentariste » à laquelle faisait allusion G. Devereux (1972) 14 . Cette approche consiste à mettre en relation le fait psychique et le fait culturel. Dans cette perspective, on constate un renversement épistémologique. Contrairement à certaines recherches qui privilégient une approche par rapport aux autres, le choix a été fait pour tenir compte de toutes les approches pouvant aider à comprendre les processus de symbolisation, objet de cette recherche. Et ne pas en tenir compte constituerait un risque dans l’avancée méthodologique et dans la compréhension de l’objet de la recherche.

Dans le cadre de cette recherche, trois objectifs seront poursuivis. Ces objectifs reposent sur trois niveaux principaux intimement liés, à savoir les niveaux théorique, méthodologique et pratique.

Au niveau théorique, cette recherche se donne comme un des objectifs de tenter de mettre en relief les différentes formes de symbolisation en relation avec une culture particulière.

Au niveau méthodologique, en s’intéressant aux représentations, cette recherche permettra d’articuler les techniques quantitative (questionnaire) et qualitative (entretien, méthodologie projective), dans une sorte de complémentarité. L’objectif de ce dispositif méthodologique est de comprendre comment les représentations culturelles recueillies à partir des questionnaires peuvent confirmer au niveau du Rorschach ou du TAT. Dans ce sens, quels relations, certaines réponses crédiques données au questionnaire peuvent-elles avoir avec les réponses comme « prières », « chauve-souris » données au Rorschach par exemple ?

Ainsi, un des objectifs de ce travail sera de lier les outils utilisés en les rendant complémentaires. Tenir compte des méthodes (parfois contradictoires en apparence) pour saisir l’objet de recherche constitue un nœud essentiel pour cette recherche. Pour cela, l’utilisation de la méthodologie projective (Rorschach et TAT) va aider à mettre en place ce dispositif pouvant saisir cette symbolisation.

Au niveau thérapeutique, même si l’approche thérapeutique paraît beaucoup plus compliquée à réaliser, l’objectif est d’arriver à prendre en compte le fait psychique dans son contexte d’apparition, en rapport avec le fait culturel. Ce qui implique une certaine collaboration entre les thérapeutes (traditionnels et modernes) dans la prise en charge des patients. Par exemple, dans le maniement de l’agressivité observé au Rorschach du cas Thomas 15 , on peut noter que la « prière  » a pu avoir un effet sur le sujet. Dans ce cas, comment concilier les prises en charge psychologiques et celles appartenant aux croyances traditionnelles ou spirituelles ?

Cette recherche comporte trois parties principales. La première porte sur les aspects théoriques et méthodologiques ; elle comprend cinq chapitres. Dans le premier chapitre, il s’agit de présenter quelques approches préliminaires sur les représentations de la maladie mentale. Dans les deuxième et troisième chapitres, seront définies la problématique de la symbolisation, avec ses différents niveaux et la question de la représentation, notamment les notions de répétition et de lien qui la sous-tendent. L’objectif est d’essayer de faire le lien entre la représentation de la maladie mentale et la symbolisation. Dans le quatrième chapitre, il sera question de formuler exactement la problématique, ainsi que les hypothèses de travail. Enfin, dans le cinquième chapitre, il s’agira de décrire et d’analyser le dispositif méthodologique utilisé pour saisir l’objet de recherche.

La deuxième partie sera à la présentation des données cliniques. Cette partie comprend trois chapitres. Le premier s’intéressera aux représentations culturelles, notamment aux différentes formes de croyances utilisées et leur répartition dans la société. Sur la base d’un exemple de représentations culturelles, à savoir les croyances à la sorcellerie, le deuxième chapitre tentera de comprendre les processus de symbolisation à l’œuvre dans les croyances. Au troisième chapitre, après avoir saisi l’approche psychopathologique des sujets, il s’agira de mettre en relation l’utilisation des représentations culturelles en rapport avec leur souffrance. Puis, à partir de la méthodologie projective (Rorschach et TAT), il s’agira de saisir les différentes symbolisations liées aux croyances des sujets et leurs significations.

La troisième partie portera sur la construction de quelques modélisations, en ce qui concerne l’approche psychodynamique des représentations en clinique interculturelle, et cela, sur la base de la confrontation entre la clinique et la théorie. Cette partie comprend quatre chapitres. Le premier chapitre s’intéressera à la méthodologie projective comme lieu d’expression et d’implication du chercheur dans la symbolisation. Il s’agira de tenir compte de l’approche du matériel projectif qui a été utilisée dans un contexte culturel, en insistant sur les modes de passation et ses effets. Dans le deuxième chapitre, il s’agira de mettre en relief les processus de répétition et de lien qui sous-tendent les représentations de la maladie mentale. Le troisième chapitre portera sur l’approche psychodynamique de représentations en clinique interculturelle. Et cela, sur la base des modèles phénoménologiques et culturels, tout en proposant des styles de symbolisation. Et le quatrième chapitre s’intéressera à une discussion générale de la clinique présentée. C’est-à-dire qu’à partir des hypothèses proposées, il convient de donner des pistes de réflexion pour la construction d’une approche clinique interculturelle du fonctionnement psychique, pour la compréhension des représentations de la maladie mentale et l’utilisation des thérapies dans la société gabonaise.

Au niveau de la conclusion, il s’agira d’évaluer les pistes proposées, d’apprécier les apports et les limites, et d’envisager les perspectives.

Notes
1.

Dans le cadre de cette recherche, une pré-enquête a été effectuée auprès de la population sur l’utilisation des croyances dans la société. Elle a porté sur 101 sujets.

2.

Andras Zemplini, Le sens de l’insensé. De l’interprétation magico-religieuse des « troubles psychiques ». Psychiatrie française, 4/1983, 29-47

3.

John Mbiti, Religions et philosophies africaines. Yaoundé, Editions CLE, 1972, 299 p.

4.

Denise Jodelet, Représentations sociales : un domaine en expansion. Les représentations sociales, Paris, PUF, 1989, 447 p.

5.

Terme utilisé dans son sens générique pour vouloir dire thérapeute traditionnel, c’est-à-dire à la fois celui qui soigne et possède l’art divinatoire.

6.

Jeanne Favret-Saada, Les mots, la mort et les sorts. Paris, Gallimard, 1977, 332 p.

7.

Arnold Van Gennep, Alain Pelizzo, Coutumes et croyances populaires en France. Paris, Editions le Chemin Vert, 1980, 322 p.

8.

Dominique Camus, La sorcellerie en France aujourd’hui. Rennes, Ouest France, 2001, 127 p.

9.

Jacqueline Barus-Michel, Le sujet social. Etude de psychologie sociale clinique. Paris, Dunod, 1987, 209 p.

10.

Didier Anzieu, Le corps de l’œuvre. Paris, Gallimard, 1981, 377 p.

11.

René Roussillon, Les enjeux de la symbolisation à l’adolescence. Adolescence, Monographie de la Société Internationale de Psychiatrie de l’Adolescent, Les Editions du GREUPP, 2000, pp. 7-23.

12.

Jacques Lacan, Les psychoses. Le Séminaire III . Paris, Edition du Seuil, 1981, 362 p.

13.

Voir Chapitre 3, dans la deuxième partie : Illustrations cliniques.

14.

Georges Devereux, Ethnopsychiatrie des Indiens Mohaves. Paris, Synthélabo, 1996, 920 p.

15.

Voir IIème partie Illustrations cliniques, chapitre 3.