2.2. La prise en charge spirituelle

Des entretiens obtenus avec les pasteurs, les prêtres, il ressort que la prise en charge spirituelle repose sur une technique essentielle, à savoir la prière.

En effet, après avoir reçu le malade et sa famille, le thérapeute spirituel essaie de situer l’origine de la maladie chez le sujet, en tenant compte de son environnement social et familial. Lorsque le malade ne peut s’exprimer suite à la dégradation de son état de santé, c’est la famille qui sert de relais. Et en fonction de son état, le thérapeute va choisir la technique thérapeutique appropriée. C’est ainsi que peuvent s’organiser des « séances de délivrance » qui sont des réunions de prière spéciales. Celles-ci sont valables par exemple pour les cas de possession par les mauvais esprits qui conduisent l’individu dans les comportements de folie. Certains, à savoir les Catholiques, parlent d’exorcisme. A ce niveau, certains thérapeutes utilisent aussi l’« imposition des mains ». Dans le groupe délivrance, chaque membre a un rôle bien précis.

La prière permet au malade d’être en relation avec Dieu. C’est la raison pour laquelle il lui est recommandé de la faire. Certains conseillent l’utilisation de l’eau bénite que le malade doit asperger dans la maison ou utiliser comme boisson. Chaque thérapeute y va de sa technique, en fonction de son inspiration. C’est le cas par exemple du Père Nicolas qui utilise la « croix » dans sa pratique thérapeutique. En effet, selon la gravité du mal, la croix va dégager une chaleur sur un endroit du corps ou sur tout le corps. Cette croix constitue un instrument de diagnostic. Si elle brûle, la personne est malade avec une origine mystique. Le Père Nicolas raconte l’histoire d’un cas qui lui a été amené récemment :

« Un jour, une maman m’apporte son enfant de 10 ans en disant : « mon père, il faut que vous m’aidiez. Mon fils est fou, il faut lui imposer la croix. Il est possédé. Alors, j’explique à l’enfant : « papa, la croix brûle. Si elle te brûle, reste tranquille ». Je mets la croix sur la tête, la poitrine, aux oreilles, au dos, aux pieds, etc. rien. Je lui demande si ça ne le brûle pas, la réponse était non. La mère qui semblait de bonne foi dit : « on ne sait jamais, mon père, il faut me poser la croix ». Dès que je pose la croix sur la mère, elle crie : « mon père, ça brûle ». Alors, le petit fait une réflexion : « c’est toi qui est possédée, la croix t’a prise ». A partir de là, j’avais commencé des séances de prières avec les deux ».

Cette femme qui visiblement avait des problèmes ne s’était pas rendue compte. Elle pensait que c’était son fils qui les avait. Ainsi, la délivrance, la prière, l’utilisation de l’eau bénite en guise de protection nécessite un minimum de croyance ou de foi de la part du malade ou des thérapeutes. Car sinon comment comprendre que la simple prière ou la simple boisson d’eau bénite puisse guérir ?